Sers-nous à boire !
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05/09/04 |
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15.19 t.u. |
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François Ryssen |
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Il y a manifestement en France des choses qui nous échappent. Des fois, même, quand on regarde par la fenêtre, on a l’impression que le monde est en train d’évoluer sans nous et que nous restons comme des abrutis enfermés à la maison tandis qu’il fait beau dehors. C’est ça la France d’aujourd’hui : une prison idéologique, une cage pour expérimentations multiculturelles sur animal vivant, où une petite clique de scientifiques en blouses blanches semble avoir décidé de nous faire crever par métissage et matraquage démocratique. Enfin… passons gaillardement sur les réjouissances de la commémoration de 1944 qui n’intéressent que les vieux croutons qui font là leur dernier tour de piste.
Les Jeux olympiques d’Athènes se sont parfaitement déroulés sans eux, et il semblerait bien que plus ça va aller, et plus le monde entier va se passer de leurs leçons de morale. Tant mieux nom de Dieu ; tant mieux !
Tandis que la France est fossilisée sur les souvenirs de 1944, la jeunesse russe semble s’inquiéter davantage des réalités contemporaines, à en juger par le succès phénoménal d’un film dont on a pas parlé en France. Comme nous venons seulement de le découvrir, nous nous proposons de vous en causer un peu, parce que c’est une bouffée d’air frais dans ce paysage médiatique malodorant. Ce film, c’est Brat 2 ; et d’après ce que l’on a pu comprendre, c’est un des plus gros succès du cinéma russe et un film culte pour toute la jeunesse.
Brat, ou « Brother » dans sa traduction anglo-saxonne, cela signifie « Frère » en français. Et on ne tarde pas à comprendre ce qu’est un « frère » pour un russe. Rien à voir avec le bel idéal de fraternité universelle « à la française ».
Ce film-là, tous les patriotes européens devraient l’avoir vu, tant il est vivifiant dans son contenu et dans sa réalisation. Incontestablement, il est à mettre dans notre panthéon cinématographique aux côtés de Braveheart, Regain, Le Seigneur des Anneaux, Cyrano de Bergerac, Troie et Fight Club, pour n’en citer que quelques-uns.
Dans le film, pour résumer, un riche et peu scrupuleux homme d’affaires américain, bailleur de fond de l’équipe de Hockey sur glace de Chicago, n’a pas respecté un contrat et a escroqué un joueur russe, qui est aussi une star nationale. Le joueur a été floué d’un bon paquet d’oseille, et qui plus est, son frère se fait butter peu après à St Petersbourg par la mafia russe. Ça commence à faire beaucoup. C’est notre héros, le jeune Danila qui découvre le cadavre en pénétrant dans l’appartement de son pote (d’après ce que nous avons compris d’un film russe sous-titré en anglais, avec une bouteille de vodka à moitié vide sur la table, ndla).
A partir de là, tout va très vite, et les règlements de compte se succèdent. D’abord avec la mafia russe, qui se fait copieusement arroser avec du matos de la Seconde Guerre mondiale que l’on a réussi à se procurer chez un hurluberlu qui se fait appeler « fascist », et qui arpente sa cave bourrée de souvenirs en uniforme d’officier allemand !
Ensuite, il faut bien que l’affaire se déroule sur le territoire américain, car notre si Danila a vraiment l’air tout gentil, il n’en est pas moins un redoutable tueur quand il s’agit de venger son camarade et l’honneur de la Russie. Il part donc avec son frangin à Chicago pour régler ses comptes ; et là, c’est vraiment OK Corall, comme on dit, avec l’humour en plus, une bonne charge contre la société multiraciale, et la poésie du patriotisme russe pour couronner le tout. Au passage, la mafia ukrainienne de Chicago, étalée de tout son long sur le carrelage des chiottes, se prend deux bastos dans le coffret : « pour Sébastopol » !! Visiblement, il y a un contentieux !
En débarquant à New York, aux « Stéhitz », Danila se rend tout naturellement dans le quartier russe. C’est sous une bretelle d’autoroute qu’il va acheter une caisse avec le peu d’argent qu’il a. Au bout de quelques heures, la bagnole tombe en panne, et il reste en rade sur le bord de la route à faire du stop. On imagine à ce moment-là qu’il pense très fort à la crapule qui lui a vendu ce tas de ferraille. C’était un Russe, pourtant ; un petit Russe brun très typé, dont le papa avait dû porter le chapeau de poils à queue de Renard du côté de Kichinev ! In-cu-rables !
Un brave routier va le prendre en stop dans son bahut : direction Chicago, pour rejoindre le frangin qui l’a précédé. En arrivant à la périphérie de la ville, un bref dialogue avec une prostituée va lui laisser le cœur serré : elle est dans la misère, elle est belle… mais surtout, elle est russe, et son souteneur… est un Nnnnnoir !!! Alors quand en plus celui-ci la frappe pour récupérer le bifton qu’il vient tout juste de lui donner avant de remonter dans le camion, le sang de Danila ne fait qu’un tour !! De la fenêtre du camion qui s’éloigne, c’est une image insupportable qui ne va pas s’effacer de sa mémoire. Il va y gagner un tabassage en règle, mais c’était là faire fi de sa détermination à rétablir la justice, et vous devinez peut-être un peu la suite et le délectable épilogue de cette histoire.
Bref, notre Danila se retrouve à devoir régler deux affaires en même temps, et deux affaires d’honneur, qui vont l’amener à avoir quelques explications avec certaines catégories d’américains – un massacre, pour tout vous dire – tandis que le frangin fait la fiesta dans les troquets, totalement oublieux de son devoir. Ce dernier paiera plus tard : rien ne se perd.
On aura noté aussi le passage où un porc, dans l’arrière salle d’une boîte de nuit, visionne un film porno qui n’est rien d’autre qu’un viol réel, filmé par des saguoins. Les Russes savent bien, eux, que les filles kidnappées qui alimentent cet horrible business sont souvent des Russes et des Ukrainiennes que l’on retrouve souvent ensuite en Israël. L’homme aura ce qu’il mérite, comme les autres.
Ingénieux, patient, déterminé, courageux ; il est comme ça, Danila. Et puis, il a tout compris : les Etats-Unis sont véritablement un pays de merde où les frères russes n’ont rien à faire. Restez en Russie, frères ! Ne suivez pas les mirages du cloaque américain ! la mère patrie a trop besoin de vous en ce moment !
Au moment de s’embarquer précipitamment dans l’avion avec la jolie Russe qu’il est parvenu à délivrer des sauvages, un guichetier fait remarquer à celle-ci que son passeport sera bientôt périmé, et que – catastrophe ! – elle ne pourra plus revenir sur le territoire américain. C’est en continuant à courir qu’elle lui apprend tout ce qu’elle en pense : de la main gauche, le poing tendu, le majeur redressé !
Ouf ! Il l’ont eu !! C’était moins une ! C’est enfin le retour assuré vers la mère patrie ! L’amour d’une femme et la patrie, que demandez de plus ? Un peu de vodka, peut-être ? Quoi !? Pas pendant le décollage ? Allons-donc ! Sers-nous à boire !
François Ryssen
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