Accueil ACTU Politique A La Rochelle, les frondeurs du PS face à une mission impossible : l’unité

A La Rochelle, les frondeurs du PS face à une mission impossible : l’unité

La direction du Parti socialiste a annulé son université de rentrée à Nantes, mais les frondeurs, eux, ont maintenu leurs « journées d’été » à La Rochelle. Samedi 10 et dimanche 11 septembre, l’aile gauche du parti se réunit donc, avec un objectif qui tient à ce jour de la mission impossible : désigner, d’ici à la primaire du PS en janvier 2017, un candidat unique. Tous les prétendants vont donc venir se montrer et se compter sur le port rochelais.

Les socialistes Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche participeront dimanche à des ateliers-débats qui vont vite prendre des airs de tribunes, quand l’écologiste Cécile Duflot et le communiste Pierre Laurent interviendront – en duplex – depuis la Fête de L’Humanité, à La Courneuve. Seuls absents de marque, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira, l’ancienne garde des sceaux ayant préféré ne pas se mêler à la foire aux prétendants.

Alors que François Hollande a clairement fait un pas supplémentaire vers une nouvelle candidature en 2017, avec son « discours de Wagram », jeudi 8 septembre, le camp de ses opposants internes reste toujours aussi divisé. La route est encore très longue avant d’aboutir à la désignation d’une seule tête pour le représenter. « On ne va pas décider à La Rochelle d’un candidat unique, mais il y a une aspiration à l’unité très forte dans notre base militante, et il faut qu’on y réponde dans les mois qui viennent », prévient l’eurodéputé socialiste Emmanuel Maurel, co-organisateur de la réunion rochelaise avec le député Christian Paul.

Rapports de force internes

Les récents sondages qui font de M. Montebourg un challenger du chef de l’Etat, mieux placé que M. Hamon, dans le cadre de la primaire socialiste, incitent de plus en plus l’ancien ministre de l’économie à concourir au scrutin interne. « C’est vrai, on a aujourd’hui une préférence pour la participation à la primaire, pour éviter une dispersion et une disqualification de l’ensemble de la gauche en avril », explique Laurent Baumel, un des soutiens de M. Montebourg. Pour le député d’Indre-et-Loire, la primaire est le meilleur cadre pour créer une dynamique large :

« Si on réussit à présenter un seul candidat pour affronter François Hollande, cela donnera un vrai enjeu à la primaire et la rendra crédible aux yeux des électeurs de gauche. Si on présente plusieurs candidats, la primaire aura moins de sens et les électeurs déçus de 2012 pourraient se reporter vers d’autres candidats de substitution, comme Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron. »

A ce stade, les rapports de force internes entre M. Hamon et M. Montebourg n’évoluent guère, et chacun des deux considère toujours qu’il est le mieux placé. « A La Rochelle, on va discuter de nos convergences, mais aussi de nos différences. On ne vient pas pour chercher un candidat à la direction d’un sous-courant du PS, mais un candidat pour incarner la vraie gauche dans huit mois à la présidentielle », précise le député de Seine-Saint-Denis Mathieu Hanotin, porte-parole de M. Hamon, qui estime que le député des Yvelines et ancien ministre de l’éducation nationale « est le plus en résonance avec le peuple de gauche ».

La bataille des ambitions ne fait donc que commencer, au risque d’aboutir à une multiplication des candidats nuisible à tous. Un danger que veut conjurer Christian Paul. « La gauche française dans son ensemble est en état de dislocation. Il devient de notre responsabilité à tous de nous unir, personne ne peut dormir tranquille dans ses certitudes et ses arrogances. A quoi cela sert-il que la gauche finisse troisième, quatrième, voire cinquième du premier tour de la présidentielle ? », s’inquiète le député de la Nièvre. M. Paul et M. Maurel ont donc prévu d’appeler depuis La Rochelle à l’organisation d’une primaire plus large que celle prévue par le PS, « une primaire ouverte à toute la gauche, socialiste, écologiste et communiste », détaillent les deux hommes.

Trop d’émetteurs

Une telle entreprise a échoué au début de l’année, et on voit mal comment, quelques mois plus tard, le miracle pourrait avoir lieu. « Nous voulons interpeller la direction du PS, mais aussi du PCF, d’Europe Ecologie – Les Verts et Jean-Luc Mélenchon. Les Français sont en train de se dire que la gauche veut zapper la présidentielle, mais le suicide collectif n’est pas à notre agenda », explique M. Paul. Vendredi, depuis la Fête de L’Huma, le secrétaire national du PCF a dit lui aussi rêver d’un « coup de tonnerre politique » si « tous les candidats déclarés se réunissent autour d’une table pour discuter et essayer de trouver un accord ». Mais pour M. Laurent, cette table ne peut être dressée dans le cadre de la primaire du PS.

Les frondeurs restent persuadés que la victoire est possible en cas d’unité, tant le président de la République est décrédibilisé à leurs yeux. La défense par François Hollande, jeudi, de la République et de l’Etat de droit, face à la menace d’une droite dure et de l’extrême droite, ne les convainc pas. « Faire le calcul “moi ou le chaos” est faux depuis le début du quinquennat. Les élections intermédiaires ont montré que la gauche ne se ressoude pas face au seul danger frontiste », estime le député de la Nièvre. « Je regrette que François Hollande n’ait pas appliqué au pouvoir les mots qu’il a prononcés dans un colloque. Parler de démocratie après avoir imposé la loi travail à coups de 49.3, ou refuser toute loi d’exception après avoir proposé la déchéance de nationalité, montre que ses actes ne sont pas en accord avec ses paroles », ajoute M. Hanotin.

Surtout, l’axe ultra-régalien dessiné par le chef de l’Etat demeure incomplet pour les frondeurs. Pour eux, la sécurité sera un enjeu en 2017, mais au même titre que les questions économiques et sociales, centrales pour reconquérir un électorat populaire parti dans l’abstention ou le vote pour le FN. « Le divorce à gauche avec François Hollande a pour racine la politique fiscale et sociale du gouvernement. Il continue de parler à ses 15 % d’électeurs fidèles, nous, nous voulons nous adresser à tous les autres », résume M. Baumel. Pour l’instant, les émetteurs sont trop nombreux pour être réellement entendus.

Le Monde

 

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