J’avais développé il y a quelques mois pas mal d’arguments en défaveur de Poutine présumé héros antisystème. Poutine est une hypostase extrêmement travaillée qui sert le système, comme aujourd’hui Trump. Il n’est toléré que pour ça. Un qui vient à point nommé confirmer mes analyses est Israël Shamir, analyste russophone parfois ennuyeux, qui rappelle les faits suivants. Je le cite (le texte vient de nos amis du sakerfrancophone.fr) :
Sur le lâchage de l’Ukraine par la Russie en 2014 :
« Ce fatal mois de février il y a trois ans, la seule chose qui intéressait les Russes, c’était Sotchi, où se tenaient les Jeux Olympiques. Kiev était en flammes, mais ils discutaient du biathlon. Le biathlon, voyons ! Les gouverneurs des provinces ukrainiennes avaient voulu demander à Moscou si les Russes viendraient pour tirer d’affaire le gouvernement légitime, mais personne n’avait décroché le téléphone.
Le 22 février 2014, lorsque le président Ianoukovitch s’était enfui de Kiev et s’était rendu à Kharkov pour rencontrer les dirigeants de l’Ukraine orientale, les Russes auraient pu établir le gouvernement légitime à Kharkov et pour le moins partager l’Ukraine en deux moitiés, sans difficulté. Mais ils ne s’étaient pas montrés, et n’avaient pas dit qu’ils soutiendraient un tel gouvernement, et le peuple ukrainien s’est résigné au putsch de Kiev. »
On continue dans le lamentable avec la Crimée :
« Mais Poutine n’est pas ce Vlady le Terrible de vos bandes dessinées. Il adore remettre les choses au lendemain, c’est un homme qui ne bougera pas, tant qu’il a le choix. Il n’entre en action que s’il n’y a pas moyen de retarder l’échéance. Il avait pris la Crimée, ou plutôt accepté la demande des habitants qui voulaient s’unir à la Russie, parce qu’il pensait (à juste titre) que son peuple ne lui pardonnerait pas s’il livrait la presqu’île avec la base principale de la flotte à l’OTAN et s’il mettait la population russe à la merci des gangs de l’Ukraine occidentale férocement antirusses.
Mon vieil ami israélien et observateur de la Russie, Yakov Kedmi, jadis chef d’un service secret israélien, avait prédit en avril 2014 que l’armée russe s’emparerait de l’Est et du Sud de l’Ukraine avant les élections présidentielles en Ukraine. Je l’avais détrompé, le traitant de rêveur chimérique. Poutine n’en fera rien s’il a la moindre possibilité de se tenir coi, lui disais-je. Et j’avais raison. »
D’un point de vue nationaliste russe, voilà son œuvre diplomatique. Préparez-vous à cauchemarder :
« La dernière chose qu’il souhaitait était de se quereller avec les US. Il avait approuvé l’invasion US de l’Afghanistan et ouvert son territoire pour le transit des troupes et des armes US. Il avait approuvé les résolutions sur l’Irak avant l’invasion US ; il n’a pris position contre l’invasion qu’assuré du soutien de la France et de l’Allemagne. Il avait été d’accord (plus exactement, il s’était abstenu) pour la résolution voulue par les Occidentaux sur la Libye, qui a débouché sur l’assassinat du colonel Kadhafi. Il avait bradé les bases russes au Viêt Nam et à Cuba. Il a retiré ses troupes de Tartous, sa seule base navale en Syrie, et n’est revenu sur le terrain syrien que face à une attaque américaine imminente sur cet État souverain, à la demande de son dirigeant légitime. »
Après, la position métapolitique relève de 1984, Oceana et Eurasia ne différant en rien :
« Idéologiquement, la Russie de Poutine n’est pas si différente de l’Occident. Le 8 mars, la Journée des femmes, est officiellement férié en Russie, et les femmes russes ont tous les droits de leurs sœurs occidentales, ou ceux dont celles-ci rêvent. Les millionnaires russes sont libres d’armer les plus grands yachts au monde. Ils paient aussi peu d’impôt que d’autres, juste un impôt sur le revenu de 13%. »
Presque tous ces milliardaires sont israélites et l’on sait que Poutine applaudit personnellement à chaque massacre de palestiniens (ce qu’il fait en Syrie, et assez mal d’ailleurs, relève d’une manie géopolitique). Justement puisque l’on parle des juifs :
« Moscou a 92 synagogues pour moins d’un millier de juifs pratiquants, cornaqués par des rabbins Loubavitch américains d’importation. Les meilleures portions de terrain municipal et les plus convoitées sont données aux synagogues et aux centres culturels juifs gratuitement. »
Pour les nationalistes, le Poutine a par contre la main dure :
« Les nationalistes blancs, une petite bande, sont envoyés en taule au moindre soupçon de blague antisémite. Un militant d’extrême-droite comme Jeremy Bedford Turner (relaxé aux US) aurait été enfermé depuis longtemps, en Russie.
Comme Obama, il adore les immigrants :
« La Russie a des millions d’immigrants ; c’est de fait le troisième pays pour le nombre d’immigrants agréés. La majorité est musulmane. Moscou a l’une des plus grandes mosquées au monde. Et la Russie a des accords de dispense de visa avec de nombreux pays musulmans ».
Et Douguine alors ? Pauvre Douguine !
« Les liens de la Russie avec l’extrême-droite relèvent de l’imagination. Elle a son correspondant russe, en la personne d’Alexandre Douguine, philosophe et disciple de Heidegger bien connu, et de ses amis. Ils sont bien pires que l’extrême droite occidentale. Douguine est souvent présenté comme le « conseiller de Poutine » mais il n’est jamais parvenu à rencontrer Poutine en tête à tête. Douguine soutient Poutine, mais Poutine ne soutient pas Douguine. Le philosophe a été chassé de l’Université d’État de Moscou, il atterri dans une chaîne de télévision sur internet, et selon certaines rumeurs, il en aurait été chassé. Ses points de vue sont moins acceptables en Russie que ceux de Steve Bannon aux US. »
A quoi sert Poutine alors ? A surarmer l’occident, à rigidifier l’Europe, à fabriquer du chaos.
Addendum : dans A la poursuite d’octobre rouge, rappelons que le commissaire politique assassiné par Connery s’appelle Poutine. L’Etat profond US en a rêvé, et l’a créé.
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