La Propagande de guerre est, comme sa maison-mère, la Guerre tout court, une maison difficile à tenir. En quelque sorte, elle ne s’use que lorsque l’on s’en sert. Au point où nous en sommes, la belle a plus l’allure d’une vieille maquerelle vieillie sur le trottoir où l’expédient, tous les matins, ses commanditaires & sponsors que d’une jouvencelle aux atours prometteurs. Avec à la clé quelques ratés qui feraient sourire si les fronts de lutte contre la terreur takfirî n’étaient pas si coûteux en vies humaines. 1ère Partie
Un des outils de l’Occident dans sa propagande, vient, semble-t-il, de perdre sa virginité, vous pouvez nous éclairer sur cette affaire un peu ténébreuse pour le profane ?
Jacques Borde. Eh oui, il semblerait la guerre des mots vient de faire une victime de plus. Comme quoi tout n’est pas fixé éternellement dans le marbre.
Et, si je puis me permettre : vous avez le nom de la victime ?
Jacques Borde. Bien sûr, le controversé (mais pourtant utilisé comme la source principale voire unique, de nos media de masse sur la Syrie) Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) du tout aussi controversé Rami Abdel Rahman, qui vient de se faire clouer au pilori par Berlin et Washington pour son mauvais commentaire (sic) d’une frappe présumée de la coalition.
Que s’est-il passé, au juste ?
Jacques Borde. En fait, l’OSDH, citant des données fournies, dit-elle, par les Services de Renseignement… allemands, a fait état d’une frappe, le 20 mars 2017, menée « par des avions de chasse qui appartiendraient à la coalition internationale » sur une école du village d’Al-Mansour, près de Raqqa, dans une zone sous le contrôle d’Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)1. À en croire l’OSDH, le bombardement aurait tué au moins 33 civils.
Fatalitas ! Asset du MI62, l’OSDH est géré depuis le Royaume-Uni par le seul Rami Abdel Rahman, qui a toujours prétendu disposer d’un réseau de sources sur le terrain. Sources alimentant des commentaires toujours à charge et contre les mêmes : Damas et ses alliés.
Pourtant, sa crédibilité a régulièrement été mise en doute. Mais, jusqu’à ce jour, par le seul camp syrien (autrement dit Damas, Moscou, etc.) qui, au fil des ans a démonté ses argumentaires qui relèvent les PsyOps du camp occidental, donc par là des SR occidentaux. L’OSDH est, notamment, régulièrement accusé de relayer des informations invérifiables, issues de sources anonymes, mais également d’entretenir un parti pris anti-Assad. Lors d’un entretien avec RT3, Rami Abdel Rahman avait lui-même reconnu que son dernier voyage en Syrie remontait à… 15 ans.
À noter que les thèses de Rami étaient, notamment, battues en brèche par nombre de sources sur le terrain. Y compris des humanitaires britanniques et français.
Et, au fond, qu’est-ce qui a changé ?
Jacques Borde. Le fait que Rami soit sorti du rôle qui était le sien : désinformer ad usum Occidentali pour relayer une information revenant à faire de la coalition l’auteur d’un Guernica4 en bonne et due forme. Accusation d’ordinaire réservée exclusivement à l’Al-Qūwāt al-Jawwīyä al-Arabiya as-Sūrī (FAAS)5 et aux Vozdushno-Kosmicheskiye S’ily (VKS)6, les méchants établis de la Guerre Vs DA’ECH selon la doxa occidentalo-centrée.
L’OSDH a donc relayé, comme elle le fait tous les jours, une info arrivée entre ses mains. Le problème c’est qu’elle n’allait pas, une fois n’est pas coutume, dans le sens médiatique souhaité…
Et, plus concrètement, qu’est-ce qui s’est passé ?
Jacques Borde. Rami et l’OSDH se sont fait clouer au pilori par ceux qui, d’ordinaire, encensaient son objectivité et son sérieux !
Ainsi, le 31 mars 2017, le porte-parole du Auswärtiges Amt (AA)7, Sebastian Fischer, a souligné que « L’Observatoire syrien des droits de l’Homme n’est pas sur le terrain mais est situé à Londres. Même s’il a effectivement un bon réseau sur le terrain, tout ce qu’il relate ne reflète pas la vérité » et « Ceux qui leur donnent des informations spécifiques ont leurs propres intérêts à ce que ces informations soient présentées au public d’une façon particulière ».
Même son de cloche pour Steffen Rüdiger Seibert, en charge lui du Presse-und Informationsamt der Bundesregierung8, qui a assuré que l’annonce faite par l’OSDH n’avait « pas de fondement » et que les autorités allemandes ne disposaient pas de « données précises sur d’éventuelles victimes spécifiques ».
De son côté, le Pentagone indiquait dans un communiqué de presse que « Nous n’avons pas d’indication qu’une frappe aérienne a touché des civils près de Raqqa, comme le prétend l’Observatoire syrien des droits de l’Homme ».
En quoi est-ce si intéressant ?
Jacques Borde. En ce sens, que les Occidentaux – et pour la seule raison qu’ils sont directement quant à leur praxis au-dessus de la Syrie (ou personne ne les a invités à part eux-mêmes) accusés de commettre les mêmes bavures reprochées à Moscou et Damas – se défaussent strictement de la même manière que l’autre camp.
Naturellement, l’observateur lambda pourra se demander si les doutes qui valent pour le Auswärtiges Amt (AA) et le US Department of Defense, n’auraient pas, in fine, le même poids lorsque le propaganda staffel occidentalo-centré dénonce à longueur de colonnes les crimes de guerre de Damas et de ses alliés.
Ce d’autant que d’autre voix s’insurgent avec autant de fermeté contre les dommages collatéraux (bavures et/ou crimes de guerre dans la vulgate occidentale) que les Coalisées accumulent, à un rythme encore plus soutenu, du côté de Mossoul…
Le rôle de la presse est central dans la propagation des nouvelles, que celles-ci soient vraies ou fausses. Mais vous me disiez avant cet entretien que le comportement de certains journalistes vous laisse tout de même pantois ?
Jacques Borde. Ça serait plus très souvent que parfois ! Mais, bon. Oui, c’est vrai je suis en fait halluciné par deux choses :
1- le comportement de certains détenteurs de cartes de presse ;
2- le comportement corporatiste – et donc par là, antidémocratique – de la plupart de nos confrères qui ne s’en offusquent guère. Sans parler, évidemment, de la commission ad hoc chargé d’accorder et, en l’espèce, de ne pas renouveler lesdites cartes.
Je vous sens sceptique. Alors un petit exemple : le 1er avril 2017, ma consœur (sic) Vanessa Burggraf, dans sa joute verbale avec Florian Philippot du FN (évoquant un Erasmus francophone ouvert aux… Africo-sahéliens notamment), va se lâcher9 d’un méprisant : « Ah, si elle [Marine Le Pen] en parlé avec Idriss Débry, je me sens rassurée… » !
Comment peut-on tolérer de tels comportements de seconds couteaux de plateau-télé, rappelant les programmes de Cognac-Jay de triste mémoire sous l’Occupation ?
Ce faisant, Burggraf, au delà, de son affligeant analphabétisme géopolitique, insulte la mémoire de tous nos frères tchadiens morts à nos côtés de la France Libre à l’Opération Barkhane. Une honte.
Mais cette livrée de ONPC était instructive à plus d’un sens…
Oui…
Jacques Borde. Apparemment, Florian Philippot était en verve. Il nous a, en effet, rappelé les liaisons dangereuses de Yann Moix, un des animateurs (sic) d’ONPC, avec l’écrivain accusé d’antisémitisme Paul-Éric Blancrue, auteur de :
– Les Malveillantes : Enquête sur le cas Jonathan Littell, Scali, Paris, 2006, 124 p. (ISBN 978-2-35012-105-5), (notice BnF no FRBNF40945570) ;
– Le Monde contre soi : Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme & le sionisme (préf. Yann Moix), Blanche, Paris, 318 p., 2007 (ISBN 978-2-7556-0156-5), (notice BnF no FRBNF41060051) ;
– Sarkozy, Israël & les juifs, Oser dire (Marco Pietteur), Embourg, 207 p., 2009 (ISBN 2-919937-12-X), (notice BnF no FRBNF42047214) ;
– Jean-Marie, Marine & les juifs, Oser dire (Marco Pietteur), Embourg, 191 p., 2014 (ISBN 2-919937-15-4).
À noter, à propos de ces liaisons dangereuses, que Yann Moix ne donne aucune indication de l’état de ses relations avec Blancrue, qu’il tente de faire passer comme allant de soi et perdus dans les limbes d’un temps difficile à définir.
Dommage de nous laisser ainsi sur notre faim pour quelqu’un d’aussi tatillon et vétilleux sur la carrière des uns et des autres. En effet, rappelons que la collaboration (sans jeu de mots) pour ainsi dire scripturaire de Moix et de Blancrue remonte à 2007. Pas si loin que ça, si on y pense ! Il serait éclairant pour l’édification des masses de savoir si, en 2009, Moix et Blancrue étaient toujours aussi proches. Pourquoi 2009 ? Parce que Blancrue, cette année-là, s’affichait comme un des soutiens les plus assurés, aux côtés, notamment, de Robert Faurisson et de Ahmed Moualek10, de la Liste antisioniste présentée par le Parti Antisioniste et Égalité & Réconciliation…
Au passage (pas malin de sa part), Moix a averti Philippot qu’il était, par avance, au courant de son intention de l’entretenir de ses liaisons dangereuses avec Blanrue, ce qui implique deux possibilités :
1- la présence d’une taupe au sein du FN à même de le rencarder, une de ces fameuses sources dont nous journalistes avons la pratique ;
2- des fuites venant de tel ou tel organe de sécurité ou officine.
Comme quoi, à faire les corbeilles médiatiques et à suivre des émissions qu’on présupposerait barbantes, on trouve toujours matière à coucher quelques lignes…
Avec vous tout le monde en prend pour son grade. Vous n’êtes guère tendre, non plus, avec le Hamas ?
Jacques Borde. Et encore, vous n’avez pas tout lu ! Je serais peut-être plus enclin à lui trouver quelque mérite :
1- s’il ne baignait pas dans une telle corruption ;
2- s’il ne mettait pas tant d’ardeur à s’en prendre à ses propres compatriotes chrétiens ;
3- s’il n’était pas représenté par des zozos comme Yunis Al-Atsal11 qui déclare la guerre à… Rome et annonce l’islamisation de l’Europe et des États-Unis !
Bon, vous me direz, à l’allure où le sieur Yunis et ses petits camarades engrangent les victoires militaires, je reste assez zen quant à l’avenir de Rome et du Vatican…
Apparemment, les choses commencent à bouger au niveau des relations internationales ?
Jacques Borde. Oui, à pas comptés, l’administration Trump, impose sa marque. C’est lent, mais les choses avancent dans le bon sens. Mais pas au même rythme que celui des affaires. Le temps médiatique, n’est pas le temps géopolitique et encore moins le temps judiciaire.
[à suivre]Notes
1 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant.
2 SR extérieur du Royaume-Uni. Équivalent du FBI et de la DGSI, son rôle est de produire des renseignements sur les sujets concernant les intérêts vitaux du Royaume-Uni en matière de sécurité, défense, politique étrangère et politique économique.
3 Ex-Russia Today, medium russe.
4 Ou Gernika-Lumo (nom officiel basque) est une commune de Biscaye. Capitale historique et spirituelle du Pays basque, elle a été littéralement rasée, le 26 avril 1937, par un raid de la Legion Condor, envoyée par Hitler afin de soutenir Franco.
5 Force aérienne arabe syrienne.
6 Ou Forces aérospatiales russes. Créées le 1er août 2015 suite à la fusion de la Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï (VVS, armée de l’Air) avec les Voïenno Kosmicheskie Sily ou (VKS, Troupes de défense aérospatiale).
7 Ministère allemand des Affaires étrangères.
8 En abrégé le Bundespresseamt (BPA, l’office de presse du gouvernement allemand).
9 37min. 27 sec. de l’émission de Laurent Ruquier, ONPC.
10 Animateur du blog La Banlieue S’exprime et inventeur du concept de juifiste (sic) pour qualifier les personnes suspectes de sympathies pro-israéliennes…
11 Député du Hamas.
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