Quand, il y a exactement une semaine, j’ai rédigé ma chronique hebdomadaire, je ne pensais nullement devoir revenir sur le sujet. Je m’imaginais que les émeutes du week end ne seraient qu’une manifestation de plus du « malaise » des banlieues. Malaise qui se manifeste de manière récurrente, depuis trente ans maintenant, par d’étranges potlach où une population, pourtant déjà bien mal lotie, assiste, avec un mélange de complicité et de résignation, à la mise à sac de son quartier par ses propres enfants…
Or, sans doute grâce à la couverture gratifiante des médias, les émeutes n’ont pas cessé et elles se sont même étendues à la province.
Il serait facile de gloser sur la responsabilité de la drauche et de la goite. L’une a laissé rentrer le flot de l’immigration – et l’a même favorisé par le regroupement familial – pour répondre à la demande du grand patronat, l’autre a instrumentalisé les immigrés en en faisant des victimes ou des bourreaux selon ses besoins du moment.
Il serait facile, de même, de dénoncer le rôle des ligues de vertu et des journaleux. C’est à eux tous que nous devons la situation actuelle et c’est par leur faute que nous sommes dans une telle impasse.
Mais au delà de ces causes profondes, il faut se poser une question plus circonstancielle : pourquoi ce Mai en novembre ?
Mai 68, ne l’oublions pas, avait été largement conçu et manipulé par les services secrets d’un peuple « sûr de lui et dominateur » pour plomber la politique étrangère du général de Gaulle, qui lui était fortement défavorable.
Actuellement, alors que certains évoquent, derrière les émeutiers, l’ombre des salafistes voire d’al-Qaïda, d’autre analystes avancent l’idée de provocations qui seraient toutes aussi étrangères, mais cette fois "occidentales".
Je vous invite à lire avec attention cet extrait signfiant de la tribune libre que mon excellent ami Yves Bataille fait actuellement circuler :
"La “guerre civile ethnique” s’en viendrait-elle? Les ambassades étrangères appellent leurs ressortissants à éviter la France. Un car de Russes et un car de Serbes ont brûlé. C’est un piège pour la France et ses velléités embryonnaires de “politique indépendante”, situation qui rappelle les premiers pas de l’explosion yougoslave, avec le dilemme suivant: soit défaire les émeutiers avec des moyens militaires. C’est possible, mais alors, comme les “médias” ont réduit les fauteurs de troubles à “des Arabes et à des Musulmans”, le gouvernement en place risque de se fâcher avec les Etats arabes, de se mettre à dos le monde musulman et d’embraser la rue arabe: regards tournés vers la France - comme hier la Yougoslavie - et moins l’Irak ou la Palestine…Les grands médias anglo-saxons savent répandre les images. On pourrait rapidement voir s’en mêler les ONG et autres charitables trusts humanitaires ayant opéré dans les Balkans."
Et Yves Bataille d'ajouter :
"On a sans doute allumé la mèche en connaissance de cause (et là certains disent qu’il faut chercher du côté des Etats-Unis, d’Israël et de la Grande Bretagne sans oublier la très américanophile Algérie de Bouteflika “en lutte contre Al Qaeda”…). (...) Si le gouvernement en place n’éteint pas rapidement l’incendie, au propre comme au figuré, on peut dire que, comme les Serbes hier dans l’espace yougoslave, les autorités françaises auront été piégées. A quand l’intervention armée de l’OTAN pour empêcher un “désastre humanitaire” ? A quand Chirak, l’ami de l’Irak et de Villepin, le Vénézuélien, devant le Tribunal de La Haye pour “nettoyage ethnique”, “crimes de guerre” et “crimes contre l’humanité” ? A quand la mise sous tutelle de la France par les aréopages internationaux ? (...) La presse new-yorkaise se réjouit du chaos et écrit que Chirak-”l’ami de Saddam Hussein” est foutu."
Bien sûr, cette analyse est un peu outrée, mais elle vise juste.
Réfléchissons bien à une chose : la “politique arabe de la France”, la position de Paris dans l’affaire irakienne et le conflit palestinien, ne plaisent pas à tout le monde, loin de là. Fomenter des troubles dans la banlieue parisienne en faisant l’amalgame avec ce qui se passe dans les points chauds du monde arabo-islamique, c’est tenter de placer la France au même niveau que les Etats-Unis et Israël. C’est tenter de monter l’opinion publique contre “les Arabes” ou les “musulmans”. Et réciproquement. C’est donc influer de fait sur notre politique étrangère.
Ceux qui se prêtent à ce jeu, consciemment ou inconsciemment, ceux qui le relaient dans les médias, sont, soit des irresponsables manipulés par des professionnels, soit des agents de l’étranger.
Quoiqu’il en soit, que cela soit fortuit ou voulu, notre pays ressortira affaibli, sur la scène internationale, de ce mai automnal, raison de plus pour souhaiter que l’ordre républicain soit rétabli dans les plus brefs délais.