Ecris avec ton sang, et tu sauras que le sang est esprit
Au milieu des années 1960, c’est un Belge, Roger Coudroy, qui fut le premier Européen à tomber, les armes à la main, lors d’une opération militaire en Palestine occupée.
Au milieu des années 2000, curieusement, c’est cette fois une Belge, Muriel Degauque, qui est le premier Européen à perdre la vie, en Irak, dans une action contre les troupes d’occupation yankees.
A première vue, seule leur nationalité les rapproche et tout le reste semble les opposer.
Il est un fait que Roger Coudroy était des " nôtres ", et que ce membre de Jeune Europe luttait pour une révolution socialiste, nationaliste et laïque.
Il est vrai que Muriel Degauque n'était ni de notre bord ni de notre " famille " et que tant son engagement que sa vue du monde étaient structurés par une croyance religieuse et un universalisme dans lequel nous ne nous reconnaissons pas.
Mais comment ne pas penser à Aragon, à " celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas "… Comment ne pas se dire que dans la situation géopolitique actuelle c’est la désignation de l’ennemi qui nous permet de définir quels sont nos amis et quels sont nos alliés.
Alors, comment ne pas conclure que Muriel Degauque était bien de notre camp, du camp de tous ceux qui s’opposent, chacun à leur manière, en Irak, comme au Venezuela, en France, en Iran, en Palestine, en Russie ou ailleurs, à l’Empire du mal et à ses laquais.
Muriel Degauque était de cette périphérie qu’unit le combat contre le centre.
Pour conclure, je ne peux m’empêcher de livrer aux lecteurs de cette chronique deux citations dont les auteurs sont eux aussi bien dissemblables. L’une est de Régis Debray : " La mort d’un militant honore toute sa communauté d’espérance et, réinsufflant vie aux principes qu’elle arbore sur ses drapeaux redonne de l’élan aux vivants ", l’autre de Gabriele d’Annunzio : " Je ne veux pas la paix. Je veux mourir dans la passion et le combat. Je veux que ma mort soit ma plus belle victoire. "
Tant pour Roger Coudroy que pour Muriel Degauque, leur mort fut une " belle victoire " et ils reposent sans doute dans le même paradis : celui des guerriers.