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Marseillaise et tricolore: amnésie à la gauche de la gauche
Si pour Besancenot et Laguiller « c’est le drapeau rouge et L’Internationale », la pasionaria de LO se souvient : le chant de marche de l’armée du Rhin fût bien « un chant révolutionnaire ». Mais la palme de la sensiblerie revient (on le regrette bien) à José les bacantes : « il faut réécrire la marseillaise avec des mots d’aujourd’hui, je ne me reconnais pas dans cette chanson qui appelle au meurtre (1) ». Sortie malheureuse, le camarade Bové devrait plutôt avoir à l’esprit Jean Marc Rouillan (2) qui jamais n’a mis et ne mettra jamais « sur un plan d’égalité la violence des opprimés et la violence des oppresseurs ». D’autant plus regrettable que notre José a pu profité de la sagesse du « Délégué Zéro » (3) : pour bâtir un nouveau monde il faut d’abord liquider l’ancien, dans l’armée du Rhin comme au Chiapas. Mais on ne lui en veut pas (trop) : face à la cabbale des boutiquiers, face à un Bourseiller qui l’accuse de tapiner pour la réaction à travers la défense du terroir, José le candidat n’a pu répondre que par un assaut de démagogie. C’est le prix à payer lorsqu’on emprunte son conseiller en communication (4) aux pires bannières du capitalisme franchouillard …
On n’attend pas de la gauche internationale qu’elle maîtrise l’histoire de France. C’est d’une bonne logique. Mais justement l’histoire de « La Marseillaise » et de son drapeau, c’est aussi et d’abord l’histoire de la gauche, cette gauche nationale et révolutionnaire dont Bensaïd n’a visiblement pas pipé mot à son facteur falot. Musique et couleurs qui ont longtemps accompagné l’histoire du mouvement ouvrier. Devoir de mémoire pour Olivier et ses potes, on rembobine :
En 1931, quand la seconde république espagnole chasse le roi, c’est la Marseillaise, en castillan ou en catalan, que l’on entonne…
Avant d’opter pour « L’Internationale », les bolcheviks de l’année rouge avaient fait de « La Marseillaise » leur hymne...
Pendant la Commune, quand les spadassins versaillais brandissaient le Bleu-Blanc-Rouge, les insurgés avaient effectivement préféré un drapeau tout rouge. Mais ce rouge vif n’était pas nouveau, on l’avait déjà brandi pendant la Révolution Française… Quant à « L’Internationale », elle est fille de cette Commune très parisienne, très française…
Vous me répondrez : le tricolore a été sali, on l’a planté sur les fosses communes de la colonisation. Les paras, maniaques de la gégène et autres assassins républicains, sifflaient du Rouget de Lisle (5) en torturant d’autres nationalistes : algériens ceux-là… Argument sans doute valable mais aucune souillure n’est définitive. On peut s’emparer d’un symbole… Le drapeau rouge… et bien justement le drapeau rouge annonçait la loi martiale, la terreur des soldats. Le peuple de Paris s’en est emparé, pour défier l’autorité, le roi et ses soudards…
Faut-il encore rappeler Mazzini, Garibaldi… ou Chavez ? Libération nationale et internationalisme ne doivent pas être opposé. Camille Desmoulins avait proposé le vert avant que le tricolore ne s’installe. Les résistants d’Irak et de Palestine n’affrontent pas des « McDo », mais des chars et des hélicoptères. Pas de gendarmes mobiles et de lacrymogène mais des soldats qui tirent pour tuer… Dans le Chiapas aussi certains brandissent désormais le Coran avant le Capital.
1 - Madjid Cheurfi, chanteur et soutien du candidat altermondialiste, avait repris avec son groupe Zebda le « Chant des Partisans ». Chanson magnifique et tout aussi violente que la Marseillaise. Morceaux choisis :
« Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades;
Ohé les tueurs, à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé saboteur, attention à ton fardeau : dynamite ... »
(…)
« Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes »
2 - « Dans le combat politique, des hommes meurent des deux côtés. Pour leurs proches, c’est bien évidemment un drame, j’en conviens. Mais pour ma part, je ne mettrai jamais sur un plan d’égalité la violence des opprimés et la violence des oppresseurs. Bien que cela ne s’appelle pas assassinat, des hommes meurent également dans la lutte de classes quotidienne. » L’ancien militant d’Action Directe répondait aux questions du journal « Sud Ouest », édition du mardi 20 février 2007
3 - Le sous commandant Marcos
4 - Denis Pingaud, ancien de la LCR et du PS, directeur de la stratégie chez Euro-RSCG C & O et … Cette société conseille notamment (dans le désordre) Carrefour, Danone et Canal +. Un autre monde est possible… rayon surgelés.
5 - Il est peu probable dans les faits que la mélodie soit de lui. |
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