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Samedi, 22 Octobre 2011
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Libye : une bataille perdue, mais pas la guerre
Claude Bourrinet
Éditorial
Libye : une bataille perdue, mais pas la guerre
Certaines morts purifient et sauvent une vie.

Celle de Mouammar Kadhafi ne fut pas exempte de coups tordus, d’opacité et de compromissions avec Israël et l’Occident américanisé. Son « règne » sur la Libye est tellement long – un peu plus de 41 ans – que son histoire se confond avec les convulsions, les retournements et les continuités d’un monde qui semblait sortir, à la fin des années soixante, du colonialisme, et qui paraît bien, en ce troisième millénaire, y être entré de nouveau.

Aussi bien le « guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » est-il plus qu’un symbole : il est un révélateur.

Le coup d'État de 1969, qui renverse le régime monarchique de la dynastie al-Sanussi soutenue par la Grande Bretagne, inaugure une série de « gestes » qui, dans le contexte arabe et musulman, dessinent une stratégie originale d’affrontement, tant contre les forces conservatrices qui minent la oumma, que contre le camp occidental qui veut, par l’intermédiaire d’un Israël dominateur, maintenir son emprise sur le Proche-Orient et le Maghreb. Son panarabisme et son panafricanisme vont plus loin. Car au-delà de la rhétorique humanitaire qui, remplaçant l’ancienne logorrhée civilisatrice, tente de donner du crédit au néocolonialisme, et même par-dessus les intérêts évidents que constituent pour les Etats occidentaux les matières premières libyennes comme le pétrole, le gaz, et surtout celle, entre toutes précieuse, l’eau - les nappes souterraines abondantes, il y a la tentative de fédérer le continent africain, de constituer une monnaie commune, et de créer une force militaire de deux millions d’hommes qui devenait insupportable pour l’oligarchie usraélienne. Car c’était non seulement un espace géopolitique considérablement riche qui risquait d’échapper à l’Amérique et à ses valets européens, territoire déjà investi économiquement par la Chine, mais une nouvelle puissance qui menaçait de devenir un modèle politique pour d’autres régions du monde, comme l’Amérique latine, l’Asie centrale turcophone, et pourquoi pas l’Europe.

Le personnage Mouammar Kadhafi est donc aussi riche que le sol de son pays. Ses « zones d’ombre », comme l’on dit, aussi. Ses combats contre Israël, la France, la Grande Bretagne, les islamistes d’Al-Qaïda, ses foucades, son soutien à des réseaux terroristes, bien qu’on ait jeté le doute sur la réalité de certaines allégations occidentales, n’ont pas effacé l’accointance douteuse avec l’ennemi sioniste, les ententes avec l’adversaire américain et européen, les tripatouillages en tous genres qui, finalement, n’ont eu qu’un seul objectif : durer.

Cependant, le sort de maintes nations, depuis une vingtaine d’années, dont le terrassement, voire l’anéantissement, étaient programmés, la destruction de la Yougoslavie, puis de la Serbie, de l’Irak, de l’Afghanistan, toutes agressions qui avaient été précédées, on s’en souvient, par celle de la Grenade, qui était une répétition avant le grand spectacle, et la ruine méthodique actuelle de la Libye, qui ramène une population bénéficiant d’un niveau de vie acceptable, d’une fierté nationale exemplaire, à la misère et à l’esclavage, tracent un dessein évident. Après, ce seront la Syrie, le Liban et l’Iran, et peut-être bien l’Algérie, sans compter la répression féroce qui s’annonce en Egypte. Et tout cela sous le signe paradoxal de l’islamisme. Ben Laden étant mis hors spectacle médiatique, les services secrets, avec la complicité sioniste, usent et abusent dorénavant des combattants intégristes pour faire voler en éclat toute velléité de forger un semblant de résistance à l’ordre mondial.

Les événements qui se sont donc déroulés devant nos yeux de téléspectateurs saturés, le « printemps arabe » accompagné d’un lyrisme de commande, dont l’on sait qu’il fut télécommandé, les « révolutions de couleur », qui se manifestent par des insurrections artificielles, survalorisées par des médias propagandistes, l’ostentation du hochet des droits de l’homme et la judiciarisation de la guerre, ont créé les conditions de la reconquête du monde musulman, essentielle pour que l’Occident, désespérément, échappe au déclin. Qui contrôle cette région contrôle la planète.

Mais ce sont surtout les esprits qui ont été colonisés. En effet, le plus surprenant n’est pas cette dangereuse dérive vers une troisième guerre mondiale annoncée, et déjà commencée. C’est plutôt l’absence quasi complète de réaction populaire à un projet clairement colonial. Contrairement à ce qui s’était passé dans les années soixante, quand le conflit vietnamien suscitait des sursauts dans la rue, et jusque dans les chancelleries – et l’on rappellera avec quelque nostalgie les positions du Général De Gaulle, autrement plus dignes que celles de cette bande de larbins qui, d’un seul bloc, ont voté l’intervention de troupes françaises sous commandement américain – les peuples paraissent complètement endormis, assommés par une propagande sans nuance, qui martèle les « vérités » otanesques à chaque heure.

Peut-être au fond pensent-ils que cela ne les concerne pas, et qu’on a d’autres chats à fouetter, avec la crise, la misère qui se répand, l’immigration qui hante la société comme un spectre. Sans compter que des remugles de la longue histoire, le mythe du choc des civilisations, la peur de l’Arabe, ont facilité l’emprise sur les consciences. Il est certain qu’un Asiatique agressé par une hyper puissance sera perçu différemment, surtout s’il est bouddhiste, ou communiste (quand le marxisme faisait partie de la bien-pensance), qu’un Musulman réputé obscurantiste et sanguinaire, selon la vulgate médiatique, le système jouant sur deux tableaux, la dépréciation du non occidentalisé, et la survalorisation du nomade, la condamnation des traditions, et la modélisation de la non tradition moderniste.

Et c’est probablement ce qui est le plus inquiétant. Car une protestation visible, bruyante, voire provocatrice contre ce crime qu’a été l’anéantissement de la nation libyenne, aurait été un signe encourageant pour l’avenir des luttes. Or, il n’en a rien été. C’est dommage, et même assez terrible. Il ne faudrait pas croire en effet que ce qui se passe au-delà de la Méditerranées, ou bien des déserts, ne concerne nullement le citoyen européen. La lucidité, au contraire, doit nous permettre d’être préparés au pire. Ce qui est arrivé là-bas risque bien de se produire ici. L’entreprise de « gouvernance mondiale », sous l’égide de cercles occultes manipulant des soi-disant exécutants, qui sont autant de marionnettes, devra passer par la destruction complète de notre indépendance, ou du moins de ce qu’il en reste. C’est pourquoi la défaite (provisoire) des Libyens est aussi, qu’on le veuille ou non, notre défaite.
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