L’ultra-libéralisme, cela se termine toujours mal
À ma grande surprise, je rencontre régulièrement des membres, et parfois non des moindres, du mouvement national qui s’extasient, les uns devant le Tea Party, les autres devant Ron Paul.
À chaque fois, je ne peux m’empêcher de me dire que le syndrome de Stockholm fait toujours des ravages parmi les nôtres et que le parti de Washington a encore, dans nos rangs, de beaux jours devant lui.
Comment, en effet, ne pas vomir de dégoût devant ces gens ? Comment ne pas comprendre qu’ils représentent l’Occident dans sa version la plus haïssable ? Comment ne pas voir qu’ils sont tout ce que nous devrions combattre ?
Ron Paul, ce droitiste libertarien aux idées étranges et contradictoires a tout particulièrement la côte chez certains de « nos amis ». Alors je ne résiste pas à leur conter une histoire vraie, celle de Kent Snyder, l’homme qui, en 2007, fut le deus ex machina derrière Ron Paul dont il partagea toutes les idées ultra-libérales… jusqu’à en mourir !
Récemment, dans une réunion du Tea Party, une question fut posée à Ron Paul : « Si un homme qui n’a pas d’assurance maladie est très gravement malade, est-ce à l’État de payer ses frais d’hospitalisation ? »
La réponse du candidat fut claire : « Non, chacun prend ses responsabilités et est libre de ses choix. C’est cela la liberté » déclara-t-il.
Et la salle d’applaudir.
« Doit-on alors le laisser mourir ? », s’inquiéta un participant.
Et la salle de s’exclamer : « Oui ! Oui ! »
Ron Paul, lui, resta silencieux. Il se peux qu’il se souvint à ce moment de Kent Snyder, qu’il laissa mourir ainsi, en 2008.
Kent Snyder, selon le Wall Street Journal est l’homme qui convainquit Ron Paul de se présenter, pour la première fois, aux élections présidentielles. C’est aussi lui qui, en 2007, rassembla 19.5 millions de dollars pour financer sa campagne électorale.
Kent Snyder était alors jeune et en bonne santé. Il méprisait les assurances maladies et de ce fait ne disposait d’aucune garantie, et il tomba gravement malade... En quelques mois, les frais hospitaliers qu’il dut payer (de l’ordre de 400.000 dollars) le ruinèrent et ruinèrent sa mère. Quand il ne put plus payer, au nom du libéralisme, du livre choix et de la liberté de chacun, ses amis politiques se gardèrent bien de l’aider, il ne fut donc plus soigné et il décéda le 26 juin 2008.
Le lendemain Ron Paul posta un message sur le site Campaign for Liberty, une organisation proto-Tea Party qui défendait alors son idéal d’un libéralisme total. Celui-ci était ainsi rédigé : « Comme nombre d’entre nous, Kent a sacrifié beaucoup pour la cause de la Liberté. Il était tout entier engagé dans la lutte pour celle-ci. Il restera à jamais présent dans mon cœur. »
Ce qu’il n’écrivit pas c’est que c’est cette lutte pour une liberté aberrante qui lui fit faire les choix qui occasionnèrent son décès faute de soin et qui ruinèrent sa famille. Est-ce bien cette même liberté que certains admirent chez Paul ? Est-ce celle-ci dont ils voudraient que nous nous inspirions ?
Marine Le Pen, à juste titre, a déclaré qu’elle se situait « à gauche d’Obama ». Il serait bien, parmi les membres du mouvement national, que tout le monde comprenne le sens profond de cette phrase et en tire les conséquences.
Photo : Kent Snyder et Ron Paul. |