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Samedi, 28 Janvier 2012
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Syrie ou le déshonneur des journalistes
Claude Bourrinet
Éditorial
Syrie ou le déshonneur des journalistes
Sous le titre « Poutine inflexible sur la Syrie » (tant mieux), la Voix du Nord publie, ce 28 janvier 2012, une brève sur la situation de ce pays. Le papier ne vaut que par la filouterie intellectuelle qui s’y manifeste. On peut le considérer comme emblématique d’un « style », celui de la presse aux ordres, de la tartufferie et de la désinformation, du mensonge et de la manipulation criminelle.

La source à laquelle se réfère l’auteur de l’article, anonyme, se veut sure, au-delà de tout soupçon, puisqu’il s’agit du très ronflant, déclamatoire et autoproclamé « l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) ». Le sigle est probablement là pour octroyer au dit observatoire une onction de notoriété. On sait que ce nid de racoleurs stipendiés par les services secrets occidentaux est domicilié à Londres, résidence qui n’engage pourtant en rien en matière d’honnêteté et de garantie de sérieux quant à la fiabilité de l’information. C’est apparemment la principale, souvent la seule origine des racontars véhiculés par les ondes et le papier. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’on prenne quelque distance par rapport à une officine qui rappelle plus la propagande que le journalisme objectif. Qui informe ces vaillants défenseurs des droits de l’homme ? Qui contrôle les sources ? Qui recoupe les renseignements ? … On attendrait autant de méfiance qu’il est habituel d’en manifester quand il s’agit de communiqués officiels du gouvernement syrien, ou quand sont diffusées les reportages sur les immenses manifestations de soutien au régime.

On notera que le lexique utilisé par l’ensemble des plumitifs otanisés est toujours codé. Outre les modalisateurs affectifs comme « macabre », destinés à dramatiser la situation, à en exacerber le caractère insoutenable (il faudrait rassembler toutes les hyperboles sinistres que l’on trouve de façon obligatoire dans tous les comptes-rendus sur la Syrie, comme on les constate pour l’Iran, série d’outrances langagières qui, à la longue, s’avèrent d’un burlesque irrésistible), le vocabulaire est calibré pour imposer une interprétation implicite, et d’autant plus sournoise. Par exemple, un opposant tué est toujours un civil. Qu’il ait été occis les armes à la main, ou dans une activité meurtrière, un attentat qu’il commettait, il n’est toujours qu’une pauvre victime. Or, il est de notoriété publique que les soi-disant rebelles du CNS sont armés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, et entraînés par les services secrets occidentaux à la frontière turque, qu’ils ne sont nullement « pacifiques », qu’ils appartiennent à des mouvement islamistes radicaux, et qu’ils tuent autant de « civils » que l’armée syrienne, notamment dans les quartiers qui soutiennent Bachar El-Assad. Un religieux chrétien, Bassilius Nassar, a été tué, par exemple, par un «groupe terroriste armé ». Personne, parmi la presse occidentale, ne soulignerait au passage le danger que constituerait, pour la pérennité de la paix, même très « encadrée », la victoire des Frères musulmans, l’éclatement confessionnel inévitable du pays, le massacre des Chrétiens arabes, un chaos identique à celui qui s’instaure maintenant en Libye. A moins que ce soit justement cette anarchie qui soit recherchée.

Le point fort du délire journalistique advient lorsque, de façon très humoristique, on s’attache à décrire les émouvants combattants de la « liberté ». Cela nous rappelle les discours dégoulinant de pathos qui accompagnaient l’image de « rebelles » libyens, souvent hystériques, les mêmes qui torturent à mort effrontément en ce moment leurs opposants, et qui, paraît-il, étaient quasi désarmés. En effet, on se rappelle que la France leur avait fourni des armés sophistiquées, qu’ils étaient encadrés par des « experts militaires » occidentaux, appuyés par des troupes qataris, et par une aviation de l’Otan responsable de la mort de dizaines de milliers de civils et de la destruction de Syrtes, entre autres. Des victimes, vous dis-je !

Il faudrait quand même que nos journalistes se réveillent. Non ceux, évidemment, qui savent très bien ce qu’ils font. Mais on s’étonnera un jour que des professionnels de l’information, des responsables moraux de la conscience nationale, des garants de l’esprit critique, donc de la liberté, du moins d’une objectivité, d’une honnêteté sans lesquelles il ne peut exister de démocratie, aient pu accepter autant de mensonges aussi grossiers. Il est probable que, la presse étant entre quelques mains, entre des sociétés industrielles ou financières d’obédience atlantiste, il soit périlleux de montrer trop d’autonomie, de caractère, voire d’intelligence. Mais un autre paramètre paraît plus dangereux qu’une simple prudence teintée de lâcheté : on peut en effet se demander si les employés des médias sont capables de penser. Il est de notoriété publique que, dans les écoles de journalistes, on ne lit pas. Ou du moins parcourt-on les bestsellers politiciens du moment, autant dire les friselis de l’actualité. Notre génération a vu la destruction de l’école, de la rigueur, de l’approfondissement indispensable à toute recherche, l’anéantissement de la culture générale, et surtout l’éradication de toute possibilité d’appréhender la complexité du politique, l’altérité et l’existence du conflit, inhérent à la vie. La vision laborieuse de l’homme moyen, imbibé, comme une éponge, par le novlangue et le prêt-à-penser médiatique et orthodoxe, ainsi que par une moraline omniprésente, ne peut aller au-delà d’un certain confort conceptuel, sous peine d’une déstabilisation intellectuelle et mentale qui équivaut quasiment, pour lui, à l’enfer. Il ne peut pousser la douloureuse mise à la question, cet arrachement nécessaire à l’exercice de l’intelligence, au-delà du balancement hypnotique entre le Bien et le Mal, entre le Bon et du Méchant, ce dernier n’étant souvent que le produit automatique et inversé du premier : « Si tu n’es pas pour moi, alors tu es contre moi, donc tu es le diable ».

Il n’est donc pas étonnant que l’axe du mal soit aisément discernable (tous ceux qui sont contre Israël et l’Amérique), et qu’à ce titre, l’ensemble des discours le visant s’apparentent à un récit édifiant pour bonnes femmes crédules.
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