Dans un article intitulé « FN : vous avez dit « purges » ?» et publié le 1 juin sur le blog qu’il anime, le journaliste du Monde Abel Mestre, trace un parallèle entre le passage, le 16 juin prochain, d’Yvan Benedetti devant le conseil de discipline du Front national et ma démission du très modeste poste que j’occupais au sein de la fédération de Loire-Atlantique de ce parti. Abel Mestre analysant, à tort, celle-ci comme une mise à l’écart due aux positions politiquement non-correctes dont je me ferais l’écho dans les éditoriaux de ce site.
On est là, clairement, face à ce que les spécialistes nomment « une symétrie des fausses fenêtres », c’est-à-dire face à un effet d’écriture qui consiste à mettre en avant deux faits totalement dissemblables et à les comparer avant d’en tirer des conclusions biaisées.
Je ne connais pas personnellement Yvan Benedetti avec qui je ne me suis entretenu qu’une seule et unique fois. Cependant, j’ai eu l’occasion de lire tant des textes de sa plume, que les journaux qu’il a animé et que les compte-rendus de ses prises de parole et activités militantes. Suffisamment pour me faire une idée précise du combat qu’il mène et de ses motivations et mon sentiment à son égard peut se résumer en quelques mots : parodie, nostalgie, passéisme… voire même pire : imbéciles provocations.
Bien en peine de montrer en quoi je pourrais être similaire à Yvan Benedetti, Abel Mestre avance l’idée que je serais, comme lui, infréquentable car « pro-iranien et antisioniste ».
Bigre ! Ne pas dire amen à la propaganda staffel du Grand Occident ferait donc de vous un paria politique. C’est dire à quel point de soumission à l’Empire certains en sont rendus et à quel point les Quisling fourmillent autour de nous.
Soyons sérieux un instant et, au lieu de l’accabler, remercions Abel Mestre puisqu’il me permet de préciser ma pensée sur deux points.
Stricto sensu, je ne suis pas pro-Iranien, je défends plus simplement le droit inaliénable de tous les peuples, quels qu’ils soient, a choisir eux mêmes leur mode de gouvernement et à refuser de se faire imposer leurs dirigeants par l’Empire américain. J’ajouterai que je suis, de plus, favorable à un monde multipolaire et donc hostile au Nouvel ordre mondial des États-Unis et de l’OTAN. C’est ce qu’on nomme habituellement être anti-impérialiste…
En ce qui concerne plus spécifiquement le sionisme, je défends depuis longtemps, dans mes écrits, l’idée que la seule solution non-raciste, démocratique et laïque, est une « solution Sud-Africaine » passant par la constitution d’un seul État réunissant la Palestine et Israël.
Cela fait effectivement de moi un antisioniste, mais un antisioniste qui partage les vues de nombre d’israéliens d’hier et d’aujourd’hui classés « à gauche » tels Martin Buber, Judah Magnes ou Meron Benvenist ou très « à droite » comme Tzipi Hotolevy, et de nombreux Palestiniens tels Naim Khader ou Edward Saïd, qui eux aussi prônaient ou prônent encore ce qu’un journaliste du quotidien La Croix a décrit comme la seule « alternative face à une réalité du terrain qui rend irréalisable un État palestinien viable. La problématique de création d’un “seul État laïque” avec l’exigence de l’égalité des droits civiques et politiques pour tous reste l’issue inéluctable qui réglera définitivement ce conflit. »
A me relire, avant de conclure, je me dis que, étant en faveur de la liberté des peuples et d’une solution viable aux problèmes du Proche-Orient, je suis vraiment un salaud infréquentable, cela au point que j’en ai honte et que je me demande si je ne vais pas m’acheter une conduite… Qui sait ? Si j’apportais, à partir de demain, mon soutien à tous les mauvais coups de l’Oncle Sam, si je prônais soudain l’islamophobie et si je défendais la thèse du choc des civilisations, si je légitimais dans mes articles le néo-colonialisme sous toutes ses formes, il se pourrait bien que je devienne, bien que faisant la promotion d’idées impérialistes, racistes, anti-démocratiques et bellicistes, un chroniqueur dont les propos ne feraient plus scandale, tout simplement car ils seraient mainstreams.