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Jeudi, 28 Avril 2011
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Un islam occidentalo-compatible
Christian Bouchet
Éditorial
Un islam occidentalo-compatible
Al-Ahram hebdo, dans son édition du 13 avril dernier, publie un article du plus grand intérêt sur un événement qui, bien que fondamental, a totalement échappé à tous les journaleux de la presse mainstream occidentale : les Frères musulmans se sont officiellement ralliés au libéralisme !

Sous le titre « Un libéralisme ambigu », le journaliste égyptien Névine Kamel analyse le nouveau projet économique de la confrérie qu’il résume ainsi : « un marché libre et ouvert au monde », soit, en d’autres termes : libéralisme et mondialisation ! Et le rédacteur d’al-Ahram hebdo de faire ressortir que le programme rendu public par les Frères n’est guère différent de celui défendu, à partir de 2004, par les éléments les plus libéraux de l’entourage de Moubarak : démantèlement de la fonction publique et réduction du nombre des fonctionnaires, accroissement du secteur privé, exemptions douanières, etc.

Bien sur, le porte-parole de la confrérie assure que l’objectif de ce projet « est de mettre en place un système libéral juste » et affirme, par exemple, que « la privatisation est un moyen d’améliorer ou de sauver une entité publique ». En d’autres terme, le libéralisme islamiste sera un libéralisme à visage humain…

Or, jusqu’à maintenant, les Frères musulmans soutenaient la nécessité de l’intervention de l’État dans l’économie et défendaient une vision socialisante de l’économie. Ils ont donc changé leur fusil d’épaule…

On m’objectera que leur mutation est au final insignifiante, que ce n’est que de la poudre aux yeux et du marketing politique, voire une forme de taquia.

Peut-être, mais on ne peut s’empêcher de penser que, tout au contraire, cette déclaration formelle est l’aboutissement final d’une nouvelle alliance : celle de l’Occident libéral avec un islamisme qui l’est devenu et qui, maintenant qu’il est d’accord sur ces bases économiques, est l’allié rêvé de Washington et de l’OTAN au Maghreb et au Machrek.

On peut voir là un aboutissement du discours du Caire de Barack Obama de juin 2009, date où il avait appelé à un « nouveau départ fondé sur l'intérêt commun et le respect mutuel » entre les États-Unis et le monde musulman avec comme objectif de renforcer son contrôle sur celui-ci afin d’empêcher qu’il ne puisse pencher, à un moment ou à un autre, du côté de Pékin ou de Moscou. Jusqu’à aujourd’hui, la mise en place progressive de ce projet avait été principalement sensible dans la modification des rapports que Washington entretient avec Tel-Aviv.

Les événements du prétendu « printemps arabe » sont la seconde phase de ce plan : le changement de nomenklatura locales vieillies et soit peu sûres soit hostiles. L’intégration dans la sphère gouvernementale, à Tunis, au Caire ou à Benghazi - et peut être demain à Ramallah - comme participants ou comme opposition respectueuse, des islamistes locaux prouve que si l’islamisme sunnite était déjà parfaitement compatible avec la vue du monde géopolitique des stratèges du Grand Occident, il l’est aussi maintenant avec leur vue du monde économique.

Patrick Haenni sur le site Religioscope (www.religion.info) a révélé le rôle joué dans le mouvement anti-Moubarak par Amr Khaled, une sorte de Tariq Ramadan égyptien, jeune prédicateur branché devenu la conscience des classes moyennes et qui est parfaitement représentatif de ce néo-islamisme occidentalo-compatible. Son projet est défini ainsi par Patrick Haenni : « retrait de l’État sur une ligne néo-libérale: que l’État renonce à tout contrôler, que l’État se concentre sur les grands enjeux macro-économiques et géostratégiques et que pour le reste qu’il se repose sur la société. Son rêve, c’est moins l’État islamiste que l’État minimum et une société civile sans doute pieuse mais avant tout bien gérée. »

Dans Le Monde du 15 février Guillaume Perrier a expliqué comment le modèle des révolutions arabes était la Turquie qui « représente un exemple de mariage réussi entre islam et démocratie », un pays stable, capable de conjuguer les aspirations conservatrices de l’électorat avec la démocratie et l’économie de marché et dont les trois forces sont, dans l’ordre, « sa tradition musulmane », « son économie dynamique » et « son gouvernement démocratique ». Guillaume Perrier insistait même sur le fait que, pragmatique, Erdogan a dépensé plus d’énergie à libéraliser l’économie qu’à islamiser la société turque…

On comprend donc pourquoi Alain Juppé a récemment déclaré souhaiter entamer un dialogue « sans complexe » avec les mouvements islamistes dans le monde arabe dès lors qu'ils « respectent les règles du jeu démocratique » ce qui en d’autre mots signifie avant tout qu’ils acceptent le marché libre et accessoirement la parodie de la démocratie représentative…

En attendant, les islamistes libéraux qu’apprécient tant Obama et Juppé se sont livrés ces dernières semaines, comme le relate al-Ahram hebdo du 20 avril, à de nombreuses destructions de tombeaux et monuments soufis, considérés par eux comme des manifestations d’un islam hérétique, ont attaqué une manifestation féministe qui se tenait place Tahrir et ont détruit au moins une église copte. Tout cela sans que les médias occidentaux en rendent compte et sans que les défenseurs des droits de l’Homme ne s’en inquiètent.

Pensez donc, ces gens là ne peuvent pas (plus) être mauvais, ils ont vu la lumière et ils sont maintenant en faveur du « marché libre et ouvert au monde » et des privatisation… Alors qu’ils oppriment donc, s’ils le veulent, les soufis, les féministe ou les coptes, tout cela n’a aucune importance en rapport des véritables enjeux qui motivent tant Obama que Juppé…

Christian Bouchet
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