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Lundi, 7 Mars 2011
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La Libye sera-t-elle notre Somalie ?
Christian Bouchet
Éditorial
La Libye sera-t-elle notre Somalie ?
Pour comprendre ce qui se passe actuellement en Libye, sans doute convient-il de relire Intrigo Internazionale du juge Rosario Priore (voir Flash n° 43). Dans cet ouvrage, celui qui a eu en charge à la fois l’instruction de l’assassinat d’Aldo Moro et celle de la tentative d’attentat commise, en 1981, contre Jean Paul II, dévoile la réalité d’un conflit occulté entre les puissances occidentales autour de la Méditerranée et du Proche-Orient.

«Nous avons été en guerre sans que les simples citoyens le sachent», affirme le magistrat, en soulignant que « l’hégémonie sur la Méditerranée et le contrôle des sources énergétiques ont placé l’Italie en collision avec l’axe américano-britannique qui n’a pas supporté son rapport privilégié avec la Libye ». Et de raconter comment les Italiens ont soutenu, en 1969, le coup d’État du colonel Kadhafi à Tripoli avec comme résultat que « les Libyens fermèrent immédiatement les bases britanniques et américaines et expulsèrent les militaires de ces deux pays. (…) L’Italie devint tout de suite le principal partenaire économique de Kadhafi tandis que les Britanniques, en perdant la Libye, se retrouvèrent de facto boutés hors de la Méditerranée. Ils cherchèrent sans tarder à reprendre ce qu’ils avaient perdu. Sans succès, car l’Italie protégeait le régime de Kadhafi ». Ainsi, en 1971, ce sont les services secrets italiens qui firent échouer une tentative de coup d’État anti-Kadhafi suscitée par le MI5.

Les impérialistes ayant la mémoire longue, et la vengeance étant un plat qui se mange froid, le « printemps arabe » qui agite actuellement le Maghreb et le Machrek, est l’occasion pour les puissances anglo-saxonnes de tenter de reprendre la totalité du pouvoir qu’elles avaient perdu à Tripoli à l’avantage de l’Italie et de faire ainsi coup double après avoir quasiment mis un terme, via la révolution de Jasmin, à l’influence française en Tunisie.

À l’aune de cette analyse, il convient donc de relativiser tout ce que nous pouvons voir, lire ou entendre…

Ainsi en est-il des crimes de Kadhafi qui justifieraient une enquête de la Cour pénale internationale. La répression exercée, de manière « virile » convenons-en, des manifestations de l’opposition a fait, selon diverses sources, avant que la situation n’évolue vers une semi-guerre civile, de 300 à 1.000 morts. « Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire. Il doit être tenu comme responsable », s’est empressé de déclarer Barack Obama qui a oublié que le pays qu’il préside a été la cause directe de 650.000 à 1.000.000 de décès en Irak…

Irak, où, comme en Afghanistan, les troupes de l’Oncle Sam bénéficient de l’aide d’un grand nombre de « chiens de guerre » pudiquement présentés comme des contractors. Or, ces contractors deviennent soudain des « mercenaires » quand ils servent comme auxiliaires dans l’armée régulière libyenne. Pire, les médias ne se gênent pas pour insister sur l’appartenance de ces malheureux à la race noire, comme s’il s’agissait, soudain, d’un échelon particulier et pire que tous les autres dans l’abjection du mercenariat où il y aurait les bons (les contractors « caucasiens » ou asiatiques de l’US Army) et les salauds (les mercenaires Noirs ou Serbes de la Jamahiriya).

Quand à la situation à Tripoli on nous l’a décrite comme un véritable enfer sur terre où une population toute entière acquise aux opposants se terrerait chez elle pour échapper aux meurtrières milices kadhafistes. Mais quand un journaliste français – Bernard Bisson du Journal du Dimanche – a pu se rendre sur place il a témoigné : « Tripoli ne donne pas l'impression d'une ville en guerre, comme j'ai pu en voir de nombreuses dans ma carrière. Avant de rencontrer Kadhafi, nous avons couvert une manifestation de ses partisans. Il JDD 6 mars 2011).

On pourrait encore citer l’analyse par les médias de la personnalité de Mouammar Kadhafi. Celui-ci est présenté urbi et orbi comme un malade mental et nombre de ses travers – allant de ses gardes du corps féminines à sa manière de se vêtir – sont mis en avant pour le tourner en dérision. S’il est un fait que le Libyen est sans doute pour le moins mégalomane, il est permis de se poser une question simple : ne souffrirait-il pas d’une pathologie courante chez les puissants, car, au fond, par exemple (et il ne s’agit que de deux exemple parmi un grand nombre d’autres), est-il réellement plus caricatural que Silvio Berlusconi, et ses lubies sont-elles vraiment plus étranges que celles de cheikhs faisant construire des stations de ski dans les dunes du désert sous le soleil de l’Arabie ?

En 2004, Mouammar Kadhafi, dont le régime avait jusqu’alors financé et armé tout ce que la planète pouvait compter de groupuscule subversifs et hostiles au Nouvel ordre mondial, se livra à un spectaculaire changement de politique et d'orientation. Il offrit au « Grand Satan » américain, comme le relate Éric Roulleau dans Le Figaro du 1 mars dernier, de renoncer au terrorisme et à la fabrication d'armes nucléaires, en échange de quoi il sollicitait la neutralité bienveillante de Washington à son égard. Elle lui fut accordée. Depuis ce compromis, le commerce americano-libyen avait plus que décuplé. Mais l’Italie était restée le véritable allié, Silvio Berlusconi ne cachait pas sa relation amicale, qu’il qualifiait « d’intimes », avec le colonel et la péninsule dépendait de la Libye pour la quasi-totalité de son approvisionnement en pétrole. De plus la Jamahiriya était devenue la frontière avancée de l’Europe contre le péril migratoire et jouait ce rôle à la perfection.

D’où la surprise, sans doute aussi réelle que jouée, du colonel devant le retournement de la situation et l’ingratitude européenne. D’où aussi ses menaces précises : s’il tombe ce sera le chaos, une immigration comme le vieux continent n’en a encore jamais connue, de graves difficultés pour l’approvisionnement en pétrole et une instabilité politico-militaire telle que nous aurons l’équivalent de la Somalie sur le flanc sud de notre continent.

La situation est considérée comme si sérieuse par certains que Grigori Melamedov, analyste de l’agence RIA Novotsi, s’interrogeant sur les éventuels scénarios à venir évoquait, le 1 mars dernier, aussi bien une évolution « à la Yougoslave » avec une intervention militaire, d’une manière ou d’une autre, de l’OTAN, que « l’ouverture de négociations secrètes avec Kadhafi l’aidant à rester au pouvoir en échange de quelques concessions de sa part en faveur de l’opposition. » Le journaliste russe ajoutant avec cynisme : « Le reste est une affaire de technique. Les médias pourront exagérer l’importance des concessions obtenues en déclarant que sous la pression de la communauté mondiale le chef de l’Etat libyen a écouté son peuple. Ce n’est pas à nous d’apprendre aux leaders politiques mondiaux comment accomplir ce genre de démarches. »

On le voit l’avenir est ouvert dans le golfe des Syrtes et il n’y a nul doute que nous aurons de multiples occasion d’y revenir.
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