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Dimanche, 21 Novembre 2004
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Le massacre des "nazis de gauche" au Chili
Rene Balart Contreras
Histoire :: Amérique latine
Le 5 avril 1932, sept personnes fondèrent au Chili le Mouvement National Socialiste (MNS). Alors que divers historiens affirment que « sur la mentalité de ce groupe pesait puissamment l’action développée par Hitler » ; (Ricardo Donoso, Alessandri, agitador y demoledor, tome II, Fondo de Culturu Economica, Mexique, 1954), ceux qui furent ses dirigeants (parmi lesquels Gustavo Vargas Molinare, Oscar Jiménez Pinochet, Carlos Keller et Enrique Zorrilla) le présentent comme une organisation qui aspirait à implanter la justice sociale et un Etat ouvert, sans aucune relation avec les nationalismes racistes d’Europe.

Le général Tobías Barros Ortiz, qui les connut pendant la campagne présidentielle de 1938 et qui fut ambassadeur à Berlin, dit : « Nos nazis avaient un nazisme très particulier. J’ai ensuite connu l’authentique. Le nazisme créole [= sud-américain] avait de l’autre les apparences extérieures, avait copié l’uniforme, le salut, mais en réalité n’avait pas la base idéologique totalitaire de l’autre nazisme, par exemple l’idée raciste et les idées totalitaires ».

Le MNS, dirigé par l’avocat Jorge González von Marées, se développa rapidement. Quatre mois après sa fondation, Carlos Dávila Espinoza demanda à faire partie de sa direction, ce qui fut refusé. Bientôt commencèrent les bagarres de rues avec les communistes et spécialement avec les socialistes, qu’ils concurrençaient dans la vente de leurs journaux : l’hebdomadaire Consigna, des socialistes, et le quotidien Trabajo, des nazistas [1]. Mais il y avait une chose sur laquelle ils étaient d’accord : sur l’opposition au gouvernement Arturo Alessandri Palma (1932-38), qu’ils accusaient d’avoir trahi le peuple.

Au début de 1938, l’opposition se présenta divisée. Radicaux, communistes, socialistes et démocrates constituèrent le Front Populaire, qui proclama la candidature de l’avocat et professeur radical Pedro Aguirre Cerda. D’autres petits partis (Parti Socialiste Radical, Organisation Ibañiste [partisans du général Ibañez], Union Socialiste de Ricardo Latcham, etc.) formèrent l’Alliance Populaire Libératrice qui, avec le MNS (qui avait déjà trois députés), proclamèrent Carlos Ibáñez del Campo. Les partis de droite (Libéral, Conservateur, et une fraction des Démocrates) soutenaient le chef d’entreprise Gustavo Ross Sante María. Des trois groupes, il était sûr que le dernier gagnerait, car il avait la faveur du gouvernement et du pouvoir financier de la droite.

Ceux qui pensaient que l’union des forces de Gauche était indispensable ne manquaient pas, parmi lesquels Jorge González von Marées. Au cas où cela ne se produirait pas, seul un coup d’Etat qui assurerait la tenue d’élections libres et propres garantirait la défaite de Ross et de l’oligarchie. Il commença, dans ce but, à former dans le plus grand secret un groupe de jeunes nazistas, rigoureusement choisis, et à tenter de prendre contact avec des chefs militaires, presque tous ibañistes, par l’intermédiaire de Caupolicán Clavel Dinator, colonel en retraite qui servirait de liaison.

Le dimanche 4 septembre 1938, sous un brillant soleil, s’effectua à Santiago la Marche de la Victoire en appui au général Ibáñez, avec la participation de plus de cent mille personnes, parmi lesquelles trente mille nazistas. Les principaux chefs ibañistes (Tobías Barros, Humberto Martones, Virgilio Morales, Juan B. Rossetti et d’autres) allèrent dans un centre local célébrer d’avance leur triomphe. González von Marées n’y assista pas. Il n’était pas convaincu de triompher et, au contraire, avait ordonné de hâter le coup d’Etat, en fixant le jour suivant pour la révolte. Selon le plan il fallait s’emparer de deux bâtiments centraux, prendre une station de radiodiffusion et laisser Santiago sans électricité. Caupolicán Clavel donnerait le mot de passe aux chefs militaires compromis, qui prendraient le contrôle de la situation.

Le midi du lundi 5 septembre le plan commença à se dérouler en accord avec ce qui était programmé. Un groupe de 32 jeunes dirigé par Gerardo Gallmeyer Klotze entra dans le bâtiment de la Caisse de l’Assurance Ouvrière (aujourd’hui occupée par le Ministère de la Justice, NDR), et se répandirent dans les escaliers et les couloirs. A 12h.10 quelques nazistas commencèrent à fermer les portes du bâtiment mais le majordome tenta de les en empêcher. La propriétaire d’une boutique de journaux informa le brigadier des carabiniers José Luis Salazar Aedo qui sortait de l’Intendance. Croyant qu’ils étaient des voleurs, il s’approcha revolver en main et prêt à tirer. Mais un nazista le devança, le blessant mortellement. Les insurgés occupèrent les étages supérieurs, construisirent des barricades dans les escaliers du septième étage et se saisirent d’une demi centaine de fonctionnaires.

Un autre groupe de 32 jeunes, dirigé par Francisco Maldonado Chávez, était entré dans le bâtiment central de l’Université du Chili par la porte où se trouve aujourd’hui la Librairie Universitaire, l’occupant sans résistance. Les universitaires et les fonctionnaires furent autorisés à se retirer, sauf le recteur Juvenal Hernández Jaque qui resta comme otage.

Dans la maison de Enrique Zorrilla Concha, où s’était installé le quartier général de l’opération, González von Marées, Oscar Jiménez et d’autres maintenaient le contact radio avec les insurgés de l’Assurance Ouvrière, qui avaient installé un appareil radio dont l’opérateur était Julio César Villasiz Zura, qui informa Oscar Jiménez que l’Assurance et l’Université étaient prises.

Les autres groupes n’eurent pas le même succès. Les frères Jorge et Alberto Jiménez s’emparèrent de la radio Hucke, après 12h.30, mais l’opérateur réussit à couper la communication. Orlando Latorre González et un petit groupe parvinrent seulement à déconnecter l’une des tours à haute tension choisies, ce qui produisit une interruption momentanée de l’énergie électrique à Santiago.

A 12h.25, le président Alessandri se dirigea de la Moneda [palais présidentiel] à l’Intendance, où il réprimanda l’intendant Julio Bustamante Lopehandía pour avoir cru qu’il s’agissait d’une attaque de gangsters, retournant ensuite à son bureau de la Moneda d’où il convoqua les autorités chargées de l’ordre public. Entre-temps, des carabiniers avaient entouré l’Assurance Ouvrière, pris position sur les toits et les terrasses du voisinage et placé des mitrailleuses.

Les insurgés, qui avaient ordre de résister sans tirer, attendaient l’apparition des troupes de l’armée qui les aideraient. Ils ignoraient que la « liaison » Caupolicán Clavel avait « disparu » la nuit précédente et que personne n’avait communiqué avec les chefs militaires de Santiago, et c’est pourquoi aucun régiment ne les aiderait.

Quelques minutes avant 13 heures, on ouvrit le feu contre le sixième étage de l’Assurance Ouvrière depuis le bâtiment de La Nación. Le président Alessandri, accompagné de son fils Fernando, dirigeait personnellement les opérations.

Quinze carabiniers réussirent à briser la chaîne de la porte du bâtiment, et sur l’ordre du commandant Ricardo González Cifuentes ils parvinrent jusqu’au troisième étage. A 13h.30 ou peu avant, arrivèrent des effectifs du régiment Tacna face à l’Université et, à la surprise des nazistas, ils tirèrent deux coups de canon avec une pièce d’artillerie, démolissant la porte. Six morts furent le résultat de cette action, au cours de laquelle il n’y eut pas, en accord avec les instructions, de plus grande résistance.

A 13h.30, le directeur général des Carabiniers Humberto Arriagada Valdivieso, celui qui quatre ans auparavant avait dirigé le massacre de Ranquil et qui « sortait d’une cuite, parce qu’il avait été dans une bringue le jour d’avant » (Tito Mundt, Las banderas olvidadas, Ed. Orbe, Santiago, 1964) reçut l’ordre final d’en finir avec les insurgés avant quatre heures de l’après-midi.

Arriagada, depuis la porte du 80 rue Morandé, recevait les ordres d’Alessandri et les transmettait au colonel Juan B. Pezoa Arredondo, qui avait le commandement de l’action. Arriagada observa un câble qui allait vers la terrasse de l’Assurance et ordonna au sergent Lavanderos, champion de tir au canon et à la carabine, de le couper. Ainsi, d’un tir précis, Lavanderos interrompit les communications radio des rebelles.

Quant aux prisonniers de l’université, on les fit passer, les bras levés, par la rue Morandé en direction du Centre d’Investigations. En chemin les carabiniers arrêtèrent le mécanicien José Miguel Cabrera Barros, pour s’être approché des insurgés. En passant par la Moneda, Arriagada s’exclama : « Ces salopards, il faut les tuer tous ! ». Après avoir croisé Agustinas, sur l’ordre d’Alessandri on les fit repartir et entrer dans le bâtiment de l’Assurance. A peu près à 14h.40 on les fit monter jusqu’au sixième étage, les laissant dans une salle sous la responsabilité du lieutenant Ricardo Angellini Morales.

Plus ou moins à cette même heure le général Ibáñez, conseillé par ses amis, se rendit au seul centre que commandait un chef qui ne lui était pas attaché : l’Ecole d’Application d’Artillerie de San Bernardo sous le commandement du colonel Guillermo Barrios Tirado, d’où il fut conduit à la Préfecture d’Investigations.

Vers les 15h, Gerardo Gallmeyer reçut une balle dans la tête (il fut le seul mort en action dans l’Assurance), s’étant montré à une fenêtre. Ricardo White Alvarez prit le commandement à sa place. Dans la rue Teatinos apparurent les régiments Tacna et Buin. En les voyant, les nazistas crièrent avec agitation. Mais en voyant que les soldats ouvraient le feu contre l’Assurance, White s’écria : « Nous avons été trahis ! Nous sommes perdus... Chiliens en avant ! Nous mourrons pour notre cause ! Vive le Chili ! ».

Le commandant González Cifuentes, dix ou quinze minutes après l’arrivée des prisonniers de l’université au sixième étage de l’Assurance, envoya l’un d’eux, Humberto Yuric, demander la reddition de ses compagnons. Ne réussissant pas à convaincre White, il [Yuric] choisit de rester avec ses camarades. On envoya alors un nouvel émissaire, Guillermo Cuello González, pour les avertir que s’ils ne rendaient pas, les prisonniers de l’université seraient fusillés. White se résigna. Dix minutes après, Cuello descendit et rendit compte de sa mission, après quoi on lui donna la mort de deux balles dans la tête.

Quelques minutes avant 16h, et une fois que les rebelles de l’Assurance se furent séparés de leurs armes (quelques vieux pistolets et révolvers), et eurent dégagé l’escalier, ils les firent descendre au cinquième étage, avec les fonctionnaires de l’Assurance. Le majordome identifia ces derniers, qui furent livrés à Angellini. Les nazistas, entre-temps, avec les mains levées furent placés tournés vers le mur dans l’escalier. Les fonctionnaires Pezoa et González envoyèrent alors le lieutenant Angellini demander ce qu’il fallait faire.

Le général Arriagada, par l’intermédiaire du lieutenant-colonel Reynaldo Espinosa Castro, répondit textuellement : « Ils ne comprennent pas ce qu’on leur dit ? Qu’ils les montent tous en haut et qu’ils n’en laissent pas un seul ! ». Pezoa, après quelques minutes, demanda un ordre écrit, qui lui fut envoyé (« Par ordre de mon général et du gouvernement, il faut les liquider tous »). Un ordre manuscrit du chef préfet, le colonel Jorge Díaz Valderrama, ratifia le précédent. Pezoa ordonna alors l’exécution à González, qui refusa en alléguant que l’ordre était contraire aux principes de l’institution. Il se rendit à l’Intendance, intercéda devant ses supérieurs pour ne pas accomplir l’ordre, recevant pour réponse : « C’est un ordre du gouvernement ! ». Finalement, il implora la clémence du général Arriagada, qui répondit : « Comment peut-on demander le pardon pour ceux qui ont causé la mort de carabiniers ? ». Mais devant les arguments, il s’engagea à parler avec le président. La démarche du directeur général ne réussit pas.

A 17h.30, le carabinier qui était placé sur le palier de l’escalier, en accord avec les ordres reçus, mit un genou à terre et appuya sur la détente de son fusil-mitrailleur. Pendant les cinq minutes suivantes toutes les armes de la police tirèrent sur les prisonniers. Ce fut un assassinat massif, cruel et lâche.

Avec des cris de terreur, les uns et les autres, en criant des slogans de leur parti (est restée la phrase que Pedro Molleda Ortega adressa à ses compagnons : « Peu importe, camarades, parce que notre sang sauvera le Chili ! »), tous moururent, étant ensuite achevés par des balles et/ou des coups de sabre et de yatagán. Vinrent ensuite le dépouillement, le butin, la récompense de l’infamie.

Le lieutenant Antonio Llorens Barrera refusa finalement d’obéir à l’ordre, ce pourquoi il fut arrêté et transféré au Centre d’Investigations.

Maintenant allait venir le tour des prisonniers l’université, qui se trouvaient au cinquième étage. On les amena à leur place, les faisant passer par-dessus les cadavres de leurs camarades. José Cabello, haut fonctionnaire de l’Assurance s’identifia comme tel, mais le colonel Eduardo Gordon Benavides, lui donnant un coup sur la tête, lui cria : « Tu es avec eux, va t’en si tu le peux ! ». Quand il commença à le faire, un civil qui accompagnait la troupe, Francisco Droguett Raud, le tua d’une balle. Carlos Ossa Monckeberg, un autre employé, fut exécuté malgré ses requêtes répétées. Ensuite un capitaine cria aux carabiniers : « Maintenant les enfants, faites votre devoir ! », et le massacre se poursuivit.

Mais il manquait un autre chapitre : l’impunité. Cela commença cette même nuit, en traînant les corps vers les escaliers pour faire comme s’ils étaient morts au combat.

A 21h, le député Raúl Marin Balmaceda, le docteur Ricardo Donoso Castro, le journaliste Darío Zañartu Cabero, le chapelain Gilberto Lizana y Alberto Canales, demandèrent au maire Luis Portales Mourgues l’autorisation d’entrer. Il finit par accepter, sous sa responsabilité, malgré l’ordre supérieur d’interdire l’entrée aux civils. En parcourant le bâtiment, ils trouvèrent parmi les cadavres trois nazistas vivants (Carlos Pizarro Contreras, Facundo Vargas Lisboa et Daniel Hernández Acosta). Le député Marin se dirigea vers la Moneda, tandis que Zañartu et le docteur Donoso restaient avec les survivants.

Marin revint en disant qu’Alessandri ordonnait que les trois soient protégées. Les fonctionnaires le crurent. Mais la vérité est qu’il n’avait pas parlé au président. Une heure après un autre survivant fut découvert, Alberto Montes Montes, l’un des prisonniers de l’université.

Le jour suivant, Jorge González von Marées et Oscar Jiménez se livrèrent aux autorités.

Le gouvernement mit en marche ce que l’historien Ricardo Donoso a appelé « l’escamotage de la vérité ». Il demanda au Congrès des pouvoirs extraordinaires et ferma les journaux d’opposition La Opinión, du journaliste Juan Luis Mery Frias et du député Juan Bautista Rossetti, et Trabajo, des nazistas, et les revues Hoy, d’Ismael Edwards Matte, et Topaze, de Jorge Délano (Coke). Restèrent en circulation les journaux de droite et le journal radical La Hora, dirigé par Aníbal Jara, qui commença une campagne destinée à divulguer ce qui était arrivé en publiant des photos, des commentaires et des révélations qui bouleversèrent le public.

La Chambre des Députés nomma une commission d’enquête, devant laquelle comparurent les acteurs et les témoins du massacre, ébranlant à nouveau l’opinion publique avec les déclarations et les révélations que firent les lieutenants Angellini et Draves. Le colonel Aníbal Alvear n’hésita pas à en indiquer les véritables auteurs. Questionné sur qui avait donné l’ordre de tuer, il répondit : « L’affaire est bien simple, qui donne un ordre de massacre, quand le gouvernement, un général présent et le président de la République étaient à quelques mètres de distance du lieu du massacre ? ». La conscience publique fut ébranlée encore plus lorsqu’on appris que le personnel qui avait pris part au massacre, en plus de promotions, avait été récompensé.

La Cour Suprême désigna un ministre en visite, Arcadio Erbetta, de la Cour d’Appel de Santiago. Soumis à de fortes pressions, il interdit, quelques jours après, la publication des informations journalistiques sur l’affaire. Le 23 octobre – deux jours avant l’élection présidentielle –, il prononça le jugement. Il considérait comme prouvés les délits de rébellion et de conspiration contre le gouvernement et le meurtre du carabinier Salazar. Il condamnait Jorge González von Marées à vingt ans de réclusion majeure, Oscar Jiménez à quinze ans et d’autres accusés à des peines mineures. Il acquittait Carlos Ibáñez.

La tragédie du 5 septembre décida du résultat de la journée électorale en faveur du candidat du Front Populaire. Ibáñez retira sa candidature et le journal La Opinión demanda l’appui ibañiste en faveur de Pedro Aguirre Cerda. Depuis sa prison, Jorge González donna la même consigne.

Grâce à cet appui, le candidat de la Gauche triompha par 4.111 votes. Les tentatives pour inverser le résultat échouèrent. Le 25 à minuit, la radio El Mercurio reconnut le triomphe de l’opposition et quelques minutes plus tard Aguirre Cerda prononça un discours en tant que candidat victorieux. Le 11 novembre, le directeur général des Carabiniers, Arriagada, et le commandant en chef de l’armée, le général Oscar Novoa Fuentes, reconnurent le triomphe du candidat radical.

Le 25 décembre Pedro Aguirre Cerda prit les commandes et gracia González von Marées et les autres condamnés. Le général Arriagada fut mis à la retraite. La coalition triomphante présenta le 17 mars 1939 une accusation constitutionnelle contre Arturo Alessandri. Entre-temps, la commission d’enquête de la Chambre de Députés conclut qu’il avait existé un ordre supérieur, qui avait été donné par Arriagada ou par le président de la République. La majorité de droite de la Chambre rejeta le rapport.

Dans les premiers jours d’avril, le trésorier militaire Ernesto Banderas Cañas commença un résumé contre Arriagada et d’autres inculpés, envoyant son rapport à la fin de juin, dans lequel il demandait la peine de mort pour le civil Francisco Droguett, les travaux forcés à perpétuité pour Arriagada et quinze ans pour les autres fonctionnaires impliqués. Le 28 septembre 1939, la Cour d’Appel acquitta définitivement Carlos Ibáñez et les accusés nazistas et laissa sans effet la sentence du ministre Erbetta. La cour militaire, par le jugement du 29 avril 1940, acquitta quelques fonctionnaires, condamna Arriagada, González Cifuentes et Pezoa à 20 ans de travaux forcés majeurs, et Droguett aux travaux forcés à perpétuité.

« La droite oligarchique et les éléments modérés du nouveau gouvernement tentèrent de laisser dans l’oubli le massacre tragique. Diverses pressions et divers compromis politiques firent que le 10 juillet 1940, le Ministère de la Justice édicta un décret de grâce pour les condamnés, laissant ainsi dans l’impunité un des crimes les plus traîtres de notre histoire politique, dépassé seulement par les nombreux assassinats massifs et individuels commis sous le gouvernement militaire du général Augusto Pinochet. » (Alberto Galleguillos Jaque, Memorias de un profesor exonerado, Centro Gráfico Ltda., Santiago, 1989).

On n’avait pas fait toute la vérité, parce que restaient dans la nébuleuse divers faits qui affectaient la responsabilité du président Alessandri ; on n’avait pas non plus fait justice, en consacrant, pratiquement, l’impunité. On n’accomplit pas non plus le désir fervent que jamais plus ne se répètent des délits aussi atroces.

L’auteur est professeur d’histoire et dirigeant du Collège des Professeurs du Chili, à Santiago.

(Publié dans Punto Final, édition Nº 554 du 10 octobre 2003)

[1] Nazistas, ou nacistas. C’est le nom qui était donné aux membres du MNS, nom qui équivaut à peu près au français « naziste » (au lieu de « nazi »).
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