Valmy, 20 septembre 1792 – 20 septembre 2006
Après la prise de Verdun le 2 septembre 1792 par la vieille infanterie prussienne du duc de Brunswick, la route de Paris semblait ouverte.
Ce même 2 septembre, Danton appelle à la levée en masse des Français et lance : « Le tocsin qui sonne n’est point un signal d’alarme, c’est la charge contre les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
Servan, le ministre de la Guerre, prescrit d’enrayer l’invasion, mais en évitant une défaite qui eût été irréparable.
C’est ainsi que les 18 000 hommes de Kellermann s’installèrent sur le tertre de Valmy et le mont Yvron pour barrer la route aux 40 000 hommes de Brunswick.
L’instant était décisif : si les Français étaient battus, Paris était occupé et les émigrés espéraient déjà le rétablissement de l’Ancien Régime.
Le 20 septembre au matin commença la mémorable canonnade qui résume cette bataille au cours de laquelle les pertes de part et d’autres furent minces, 150 morts et 260 blessés chez les Français, 300 morts chez les Prussiens (rien à voir avec Jemmapes, le 6 novembre 1792, qui fut la plus sanglante bataille de l’époque et vit périr près de 50 000 Français et 18 000 Autrichiens).
Les artilleurs français, pourvus d’un excellent matériel (système de Gribeauval), tiraient avec précision et les troupes françaises, presque toutes de métier, soutinrent l’épreuve sans fléchir au cri de « Vive la Nation ». Brunswick renonça à s’engager davantage et se retira en bon ordre. En fait, la vieille armée frédéricienne fut intimidée plus que vaincue.
Valmy fut le signe tangible de l’adhésion de l’Armée à la République et la première victoire de la France révolutionnaire. Le cri de « Vive la Nation » symbolisa à la fois le triomphe de l’idée de Nation, la déchéance du roi et la victoire de la République.
Le grand écrivain allemand Goethe, qui était à Valmy aux côtés du duc de Brunswick, ne s’y est pas trompé qui écrira alors sa célèbre phrase : « De ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle de l’histoire du monde et vous pourrez dire : j’y étais. » Ce faisant, il voulait signifier avant tout que la souveraineté du peuple allait être pour longtemps la justification essentielle du patriotisme moderne.
C’est au lendemain de Valmy, le 21 septembre, que la Convention décrète : « La royauté est abolie en France », et le 22 qu’est proclamé l’an I de la République.