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Vendredi, 12 Novembre 2004
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«…Se réveiller et se battre ensemble pour les libertés politiques qu’on a perdues»
Édouard Limonov
Histoire :: Europe de l'Est
Ce texte a étéc écrit par Edouard Limonov lors de son récent emprisonnement. Il donne l'opinion du leader du PNB sur l'actuelle situation en Russie.

Encore en 1994, j’ai formulé le résultat des batailles politiques intérieures des années 1986-1993 : « Dans la lutte des démocrates avec les communistes, se sont les fonctionnaires qui ont gagné. »

Extérieurement, la disposition des forces n’apparaît pas avoir changé. Anpilov et ses professeurs de l’Haute École Politique masqués sous les masses populaires continuaient à dénoncer les démocrates. Les vieilles femmes démocrates s’indignaient contre les « rouges-bruns » aux congrès du Choix Démocratique de la Russie. Pourtant, autour du trône de Eltsine ont commencé à apparaître de serviables et impassibles professionnels du pouvoir – les fonctionnaires.

Invité par l’animateur Afanasiev à l’émission « Je suis chef » (je crois que c’était en 1996) – afin d’opposer le père Glèbe Yakounine, j’ai découvert qu’on avait pas mal de choses en commun. Yakounine avait une attitude méprisante envers le patriarche Alexei, moi je disais que l’Église devait être avec les pauvres, descendre dans les catacombes et ne pas se presser à la botte du pouvoir. Yakounine accepta ma thèse, qu’on n’a pas laissé se réaliser leur révolution démocratique, qu’ils l’ont arrêtée par la force. Le fait que nous n’étions pas des ennemis – voilà ce qui a été découvert lors de cette émission. J’ai seulement conseillé à Yakounine d’abandonner le libéralisme et alors on le prendrait dans le parti National-Bolchevique. C’est sur cette note badine, mais non méchante que l’émission s’est terminée. Il serait superflu de dire que l’émission n’est jamais sortie en ondes. En fait, « Je suis chef » a été enlevée des ondes et jamais reprise. Je ne prétend pas que c’est à cause de Limonov et Yakounine, mais elle a été enlevée, c’est un fait.

Maintenant, en me retournant en arrière, je vois que du tout début, les démocrates et les communistes se sont tous deux trompés d’ennemi. Plus précisément, les démocrates auraient dû changer d’ennemi après août 1991, lorsque les communistes ont été vaincu par Eltsine. Mais alors ils auraient dû avouer que leur ennemi était Eltsine. Mais ils ne pouvaient pas le faire, puisque Eltsine n’était pas seulement leur allié, mais aussi un viking, appelé à être leur chef de la démocratie!

Les communistes réalisaient que leur ennemi était Eltsine, mais pendant beaucoup de temps ils ne différenciaient pas Eltsine et les démocrates, en fait, même maintenant ils ne différencient pas toujours les démocrates et le pouvoir. Et quant aux millions de citoyens qui se considéraient comme des patriotes et nationalistes, en s’unissant aux communistes ils ont dirigé toute leur haine contre les démocrates, en entendant, tout d’abord Egor Gaydar et sa bande de thérapeutes de choc. À leur tour, les masses démocratiques payaient de la même monnaie, haïssaient à mort les communistes, « les gueules rouges-brunes », les « communistes-patriotes et fascistes ». Tant que ces forces principales de la société se mettaient réciproquement en hystérie les uns à propos des autres, la bureaucratie apolitique s’approchait silencieusement, sans bruit, du pouvoir. C’est Boris Nikolaevitch Eltsine qui les faisait revenir et les encourageait. L’erreur fatale des démocrates consistait dans le fait que le mouvement démocratique s’est adopté comme chef non pas un démocrate, mais le gros apparatchik soviétique Eltsine. Elle s’est immédiatement reflétée sur la Russie et continue de se refléter quotidiennement. Ce que l’on a au pouvoir maintenant – une clique de fonctionnaires et de services spéciaux est précisément le résultat de l’invitation de Eltsine par le mouvement démocratique en tant que chef. (En fait chez nous on aime inviter régner les vikings. Ainsi en février 92, les patriotes ont invité le vice-président Routskoy à leur congrès avec l’objectif à long terme d’en faire leur futur chef. En septembre 93, les concurrents de Eltsine au Conseil Suprême ont invité Routskoy à être président). En réalité, les démocrates n’avaient alors aucune nécessité de mettre en avant le tank Eltsine et se cacher derrière lui, ils étaient très forts et seulement sous-estimaient lâchement leurs forces. Les démocrates ont souffert une grosse perte en décembre 89 – la mort de Sakharov, pourtant, ils auraient du sans se gêner prendre n’importe qui de leurs rangs, le faire chef et commencer à le développer. Finalement Eltsine modèle 1989 n’avait pas encore cette gloire et cet aura qu’il a acquis plus tard.
Le résultat du choix lâche des démocrates devint apparent très vite. En automne 1991, après les évènements d’août, des démonstrations de masse des travailleurs ont commencé – une révolution démocratique s’apprêtait. La foule a renversé la statue de Dzerjinski, la statue de Sverdlov, a essayé de s’introduire dans les bâtiments sur la Vielle Place, mais le premier Président de Russie élu populairement a donné l’ordre d’arrêter le peuple dans son expérience-révolution radicale. Leur chef démocratique à eux ne devait pas le faire, un Yakounine, Ponomarev, Kovalev ou Orlov ou la veuve de Sakharov auraient nécessairement du laisser le peuple saccager les bâtiments sur la Vielle Place et la Loubyanka, afin de sacraliser la révolution démocratique. Ce qui s’est ensuite passé dans le pays des démocrates, pourquoi ils ont laissé arrêter leurs masses, leur révolution, sans broncher, les démocrates eux-mêmes le savent mieux que moi. Gaydar, Sobtchak, Popov, Chokhin ont reçu de hautes fonctions au pouvoir. Les démocrates radicaux tels que Yakounine ou Ponomarev n’ont reçu absolument rien. La veuve de Sakharov a fini par partir de la Russie, qui commençait à lui plaire de moins en moins.

Si il est encore possible d’appeler les années 1991-93 des années de la prédominance de personnes orientés démocratiquement au trône de Eltsine, à partir de 94, ils commencent à sortir du jeu. Les grosses figures – les officiers, les cavaliers, les tours des démocrates – Gaydar, en 95, Sobtchak, sont forcés de quitter le terrain de jeu, les quarrés du pouvoir. Eltsine les dissout par d’autres figures. Apparaît l’obéissant militaire Tchernomirdin, Gratchev qui est entré en complot avec Eltsine en 91 étant commandant de troupes de l’armée de l’air est mis sur la table. Pourtant, parfois le caprice ou la déception dans tel ou autre fonctionnaire oblige Eltsine à appeler un quelconque jeune Nemtsov ou le secours final – le kinder-suprise – Kirienko, pourtant cela ne change pas le tableau général : il y a de plus en plus de fonctionnaires sur les carrés du pouvoir et il reste un tout petit peu de démocrates. Il n’y a pas de nécessité de démontrer que le caractère du régime a changé en fonction de la composition de personnes appelés au trône, il suffit de se souvenir de ce qui se passait de 1994 à 1999. Finalement, naturellement c’est l’officier V. V. Poutine, jamais remarqué en politique auparavant qui s’est mis à nous gouverner.

V. V. Poutine est en même temps un lieutenant-colonel du KGB, un patriote et un démocrate de la suite de Sobtchak. Son régime ressemble à sa biographie. Les slogans patriotiques, la guerre sanglante en Tchétchénie qui n’est plus menée pour le territoire, mais pour le prestige national et l’amitié avec l’oligarque Deripaska. Mais le plus désagréable dans le régime de Poutine se ne sont même pas les oligarques et l’influence décourageante de la procuratie et du FSB sur la politique de la Russie et la vie des Russes. Le plus décourageant c’est que V. V. Poutine gouverne et a l’intention de gouverner sans la participation des partis politiques et sans la société civile. Il a hérité du souverain autoritaire Eltsine et crée un état paternaliste. Dans cet État, nous tous, les patriotes, les démocrates, les libéraux et les nationalistes sommes de trop. Quelqu’un a persuadé le lieutenant-colonel Poutine que dans les pays développés, il y seulement deux, trois, quatre partis, et non pas 350 (c’est ainsi que le Président s’est exprimé à la presse-conférence du 18 juin), et pour cette raison il organise la dévastation et le découpage de la politique russe sous la forme de la « Loi sur les partis politiques ». Le président élu par les citoyens s’est avéré être un naïf, honnête et ouvert ennemi des libertés politiques. « À quoi bon tout ça, les mecs, je les enlève, les partis. C’est trop, en occident aussi il n’y en a pas beaucoup », nous dit le président qui a déjà décidé pour nous combien de partis il y aura en Russie. Dans les pays développés, il y a de partis autant qu’on en voudra et ils ne donnent pas de rapports au gouvernement sur leur activités. C’est une autre chose que beaucoup de partis sont faibles financièrement et organisationnement et pour cette raison ne peuvent entrer au Parlement. Ils ont mal informé Poutine, ou lui-même est mêlé avec les partis dans les pays développés. Mais cette erreur est symptomatique, chez Poutine comme chez Eltsine on voit le mépris soviétique pour les partis politiques.

Avec de telles perspectives et attitudes comme celles de notre Président, si elles se développent, nous tous, les démocrates comme les communistes et les rouges-bruns et les radicaux du tricolore sommes condamnés tout à fait réellement à marcher en rangs. (Je marche déjà dans les couloirs du Lefortovo avec les mains en arrière). Pour ceux qui ne veulent pas marcher en rangs dans la taïga de Sibérie ou encore pire dans la toundra, il est temps de comprendre : le temps est venu d’arrêter les guerres intestinales entre les forces politiques et d’unir les efforts pour le bannissement de la force non politique – le régime paternaliste autocrate qui a pris le pouvoir. Le régime des fonctionnaires.

Il est en plein le temps de se réveiller et de se battre ensemble pour les libertés politiques élémentaires que nous venons juste de perdre. On devra recommencer tout du début, retourner en 1991. Combattre pour l’abolissement de la honteuse registration des partis politiques au Ministère de Justice. Pour l’accès aux élections dans la Douma de l’État des représentants des partis politiques sans limitations, c’est aux électeurs de les limiter. Pour l’abolissement de la barrière répressive de 5% pour les partis politiques aux élections. Pour les libertés politiques, en un mot, perdus en résultat des compromis, concessions ou simplement insolemment arrachés de la société par l’État.

Tous doivent être admis à la lutte pour une société politiquement libre. L’union des Forces de Droite à coté de la Russie Ouvrière, Yavlinski à côté de Limonov, les membres du Yabloko et le Parti Communiste Ouvrier Russe, les communistes de Prigarin et ce qui est resté du Choix de la Russie, le Parti Communiste de la Fédération Russe et ce qui est resté de l’Unité populaire de la Russie. Parce que nous avons tous également besoin de liberté. Sauf le parti au pouvoir, sauf les fonctionnaires. Ceux-là ont leur liberté illimitée, leur liberté consiste des libertés qu’ils nous ont enlevées.

Le paysage politique artificiel de la Russie crée par l’État paternaliste – c’est le paysage artificiel du spectacle, ou les acteurs-fonctionnaires jouent les rôles des activistes de partis politiques. Crée grâce aux moyens financiers illimités du budget du gouvernement, l’artel « Unité » tout compris ne passera pas même un examen scolaire sur son idéologie. Son idéologie a été préparée par un professionnel des relations publiques, la copiant sur un modèle quelconque.

À l’ « Unité » ils ont inscrit pêle-mêle les fonctionnaires gouvernementaux dans la capitale et les régions. Le même principe a été mis à la base de la création de l’artel « La Patrie-Toute la Russie », non pas le principe de rassemblement de gens qui partagent certaines opinions politiques, une certaine idéologie. Mais le principe, lorsque des fonctionnaires réunis sous le toit d’une même organisation s’appellent un parti. Pas un pays du camp ex-soviétique ne connaît une telle profanation, une telle humiliation de la politique, de la société. C’est une duperie méchante unique, caractéristique seulement de notre Patrie.

La création d’une fausse politique qui a insolemment remplacé et avant cela tué la vraie politique, les vrais partis politiques, vous et moi (la vie politique de la Russie qui vient juste de naître!) a été possible seulement grâce à l’animosité monstrueuse des partis politiques l’un à l’autre. Jusqu’à maintenant, on ne comprend pas qu’il n’y a qu’une seule liberté politique pour tous, ou il n’y en a pas du tout. Il n’y a pas de liberté à part, seulement pour les rouge-bruns or seulement pour les démocrates. Nous nous sommes tous trompés d’ennemi, messieurs-camardes. C’est pourquoi les fonctionnaires nous ont vaincus. Nous ne sommes pas des ennemis les uns aux autres, nous sommes des concurrents dans la recherche de la sympathie populaire. Seulement que des concurrents.

Il faut créer de nouvelles colonnes attaquantes. Là ou les secteurs du front de la guerre contre l’État paternaliste des fonctionnaires seront occupés par des brigades de membres du komsomol à côté des membres du Yabloko, de nazbols à côté du UPR et du PCFR, la Russie Ouvrière à côté du UFD. C’est fou? Mais seulement une armée aussi grande peut reconquérir les libertés perdues.
Si non, on sera condamné à porter l’uniforme rayé. Tout le monde.

Édouard Limonov, prison Lefortovo, cellule 32
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Humour allemand 10/03/12
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