Le président russe, Vladimir Poutine, a demandé hier à ses services secrets de « liquider » les terroristes qui ont tué les 4 otages russes en Irak, exprimant le sentiment profond de ses compatriotes, mais son ordre risque d’être difficile à exécuter dans un pays contrôlé par les forces américaines. « Le président a ordonné aux services spéciaux de prendre toutes les mesures pour rechercher et liquider les criminels qui ont perpétré l’assassinat des diplomates russes en Irak », a indiqué à l’AFP un porte-parole du Kremlin. Il s’agit d’une déclaration sans précédent dans l’histoire récente de la Russie. « Mais c’est la première fois qu’on coupe les têtes des Russes à l’étranger », a-t-on indiqué au service de presse du Kremlin. Le FSB (ex-KGB) a confirmé l’ordre de M. Poutine et déclaré qu’il agissait déjà pour l’exécuter. Son propos est nouveau dans la mesure où il s’agit d’une opération à l’étranger. Mais le président russe – un ancien du KGB – avait déjà adopté un tel ton au début du 2e conflit tchétchène, lorsqu’il avait demandé « de buter les terroristes jusque dans les chiottes ». En fait, un précédent existe, celui de la liquidation en février 2004 d’un haut responsable indépendantiste tchétchène émigré au Qatar, Zelimkhan Iandarbiev. Mais la Russie n’a jamais reconnu officiellement que ses 2 agents arrêtés et condamnés pour ce meurtre – puis discrètement renvoyés à Moscou – étaient coupables.

Parallèlement, la Douma, Chambre basse du Parlement russe, a accusé hier Washington d’être « responsable » de l’insécurité en Irak, estimant que les forces d’occupation pouvaient « empêcher » ce crime (l’exécution des otages), mais ne l’ont pas fait. « La tragédie qui a eu lieu récemment en Irak a été rendue possible avant tout à cause de la crise croissante dans ce pays, au fur et à mesure que les puissances occupantes perdent de plus en plus le contrôle de la situation », selon une déclaration de la Douma votée à l’unanimité. « Toute la responsabilité pour la situation en Irak, y compris la sécurité de ses citoyens et des spécialistes étrangers, repose sur les puissances occupantes. Nous sommes convaincus qu’elles auraient pu empêcher la tragédie », soulignent les députés russes. « Les actions des forces occupantes n’assurent pas un rétablissement de l’ordre, mais au contraire contribuent à une escalade de la violence », affirment-ils encore. La Douma appelle par ailleurs les autorités irakiennes et les puissances occupantes à lancer « une enquête minutieuse » sur le meurtre des diplomates russes et à « prendre toutes les mesures possibles pour capturer et punir les criminels ».