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Mercredi, 11 Octobre 2006
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Ephémérides d’octobre
Robert Steuckers
Histoire :: Autres
Ephémérides d’octobre
1 octobre 1881 : Camille Lemonnier publie chez l’éditeur Kistemaeckers son fameux roman « Un mâle », où la thématique centrale est la vigueur sexuelle du héros, braconnier et homme des bois, amant d’une jeune fille rangée, promise à un beau mariage et un bel avenir. Camille Lemonnier, dans un style naturaliste proche de Zola, annonce une veine littéraire vitaliste, qui culminera chez l’écrivain anglais David Herbert Lawrence (« L’amant de Lady Chatterley », personnage féminin qu’incarnera la sulfureuse actrice néerlandaise Sylvia Christel sur les écrans dans les années 80). Dans « Un mâle », Lemonnier introduit également le thème, cher à Ernst Jünger, du « recours aux forêts ». On avait oublié, avant le grand retour de la littérature belge dans notre enseignement, notamment grâce aux efforts du Prof. Paul Aron de l’ULB, que Camille Lemonnier voulait, avant Céline, une littérature de l’instinct, « germanique » parce que vitaliste comme le voulait le jargon de l’époque qui posait l’équation entre vitalité et germanisme, et volontairement éloignée des canons parisiens, jugés étriqués et dévitalisés. Paradoxe : Bruxelles, à qui il voulait donner une littérature moderne, sans œillères, puisant dans la glèbe locale, boudera son succès, tandis que Paris, visé par son vitalisme et sa « flamandophilie », l’applaudira ! Par ailleurs, la critique allemande, à son tour, chantera bien vite ses louanges. Son vitalisme a été délaissé après 1918, parce que jugé « allemand », puis abandonné définitivement après 1945, à cause de quelques connotations « antisémites ». Paul Aron a eu le courage de vaincre ces obstacles pesamment installés par le « politiquement correct » depuis de longues décennies de débâcles et de déliquescence. Il faut relire Camille Lemonnier aujourd’hui, dans une perspective identitaire, dans un esprit de lutte contre le style « rond-de-cuir », avec une volonté de faire triompher l’instinct et la vie contre les pesanteurs administratives de notre civilisation dévoyée et contre le néo-bigotisme laïcard et islamo-fondamentaliste. Il faut le relire aussi pour que soit enseignée notre littérature et non pas les poncifs parisiens véhiculés par la littérature française actuelle, qui ne compte malheureusement pas que des Céline, des Vincenot ou des Ragon. Lemonnier était rabelaisien. Il faut le redevenir, avec toute la truculence voulue, avec une verve iconoclaste à la Muray, contre l’idéologie parisienne des Bernard Henry Lévy, des Guy Haarscher et de la clique malsaine du « Soir ».

3 octobre 1990 : Réunification allemande de jure, après la chute de facto du Mur, un an auparavant. Les deux Allemagnes ne forment plus qu’un seul pays. Jusqu’au bout, Mitterrand avait tenté de s’y opposer. Cette réunification met un terme aux divisions artificielles qui avaient paralysé le continent européen depuis 1945. Mais au lieu de profiter de cette aubaine, de tisser des liens entre eux contre un double environnement hostile, anglo-saxon et musulman, de réintégrer la Russie dans le concert européen et de forger une alliance avec l’Inde, le Japon et la Chine, les Européens ont continué à se vautrer dans la politicaillerie infructueuse et se retrouvent, en dépit de leur unité retrouvée, dans un état de faiblesse rédhibitoire.

4 octobre 1946 : Les Etats-Unis, par la voix de leur président Harry Truman, font pression sur la Grande-Bretagne travailliste, dirigée par Clement Attlee, pour que celui-ci autorise à nouveau l’immigration juive en Palestine. Les Britanniques, détenteurs du mandat sur cette région auparavant ottomane, cherchaient à se ménager leurs alliés traditionnels de la région, les Hachémites, hissés après l’aventure de Lawrence d’Arabie, sur le trône de la Transjordanie. Le risque était gros pour les Américains, qui venaient de forger l’accord qui les liaient à l’Arabie Saoudite d’Ibn Séoud. Ce dernier protestera vivement dès le 17 octobre 1946, accusant Washington de ne tenir aucune de ses promesses aux peuples arabes. Mais Ibn Séoud ne franchira pas le pas : il ne rompra pas avec les Américains. La situation restera floue : les Britanniques continueront à soutenir les Hachémites de « Transjordanie », dont l’armée bédouine, bien entraînée, sera commandée par le Général britannique Glubb, dit « Glubb Pacha », un excellent officier, qui résistera aux soldats sionistes en 1948, et conquerra la Cisjordanie, ne lâchant ailleurs que très peu de terrain. Les Hachémites étant toutefois les ennemis héréditaires des wahhabites du Nejd arabique, le monarque saoudien Ibn Séoud ne prendra pas leur défense ni ne soutiendra leurs intérêts en Palestine. Mais l’aigreur demeurera en Arabie Saoudite : elle est à la lointaine origine de la déchirure actuelle, où une partie de l’élite saoudienne a fini par abandonner le principe de l’alliance inconditionnelle avec les Etats-Unis et l’Occident. Une partie de cette élite déçue a généré le fameux mouvement Al-Qaeda, qui, au départ, était une base de recrutement de mercenaires fondamentalistes désireux de lutter contre les Soviétiques « athées » en Afghanistan, et donc, de ce fait, alliés des Américains. Les Etats-Unis, en recrutant ces mercenaires, et en faisant payer leurs soldes par les Saoudiens, pratiquaient, à la suite des Britanniques, une « stratégie lawrencienne », soit une stratégie tribalo-religieuse anti-moderniste et anti-marxiste, pour contenir les Soviétiques au nord de la ligne Herat/Kaboul, exactement comme les Britanniques avaient contenu les armées tsaristes au nord de la même ligne, selon les préceptes énoncés par le géopolitologue Homer Lea. La mouvance Al-Qaeda, ou djihadiste, est désormais partagée : certains de ses éléments, fort probablement majoritaires, continuent à servir les Etats-Unis contre leurs ennemis, notamment dans les régimes arabes qui tendent au modernisme ou contre les Russes en Tchétchénie ; les autres basculent dans le camp des adversaires de Washington. Mais le flou persiste : certains attentats anti-américains peuvent servir les Etats-Unis et leur fournir prétextes à intervention.

5 octobre 816 : Le pape Etienne IV couronne Empereur Louis le Pieux, dernier fils survivant de Charlemagne. Le pontife romain profite de l’extrême bigoterie de ce Louis pour renforcer le pouvoir spirituel (papal) et minimiser le pouvoir impérial, dit « temporel », avec une nuance de mépris totalement injustifié. Rome tente ainsi d’ôter tout caractère religieux et sacré à la figure de l’Empereur. C’est une première étape de la lutte qui opposera, tout au long du moyen âge, les Papes aux Empereurs, et qui culminera dans la querelle des investitures (11ième siècle) et dans l’hostilité radicale et viscérale de la Rome papale aux Hohenstaufen. Cette querelle affaiblira considérablement l’Europe, qui malgré l’énergie et le génie de ses peuples, ne pourra dès lors pas se débarrasser vite et de manière définitive, des dangers arabe et turc. Sans le schisme de 1054 entre Rome et Byzance, sans la querelle des investitures de 1075, sans les heurts entre Frédéric II de Hohenstaufen et ses descendants, d’une part, et la papauté, d’autre part, l’Europe aurait conserver ses conquêtes des croisades, aurait bouté les Maures hors d’Espagne dès la fin du 11ième siècle et aurait eu toutes les chances d’unir, au départ d’un centre germanique tel Aix-la-Chapelle, les deux rives de la Méditerranée. Malgré cette servilité à l’endroit de l’Eglise, Louis le Pieux introduit néanmoins les règles de l’ « Ordinatio Imperii », qui tente d’éviter des partages de l’Empire à la mort du souverain. L’objectif est de maintenir l’unité, mais Louis le Pieux sera le premier à ne pas la respecter en réservant un morceau de son empire à son fils Charles le Chauve (Rhétie, Souabe et Alsace), après le couronnement de son aîné Lothaire.

6 octobre 1902 : Les généraux de l’armée des Boers, Dewet, Botha et Delarey, sont reçus en triomphe à Bruxelles, après une tournée tout aussi triomphale en Hollande. Après Bruxelles, le comité pro-boer, amènera les trois héros du peuple boer, victime de la cupidité britannique, à Gand et à Liège. L’enthousiasme du peuple était réel et puissant, pour soutenir les petites républiques paysannes d’Afrique australe à l’époque. Les mêmes sentiments se retrouvaient partout en Europe. Plus tard, la propagande britannique, en mettant en exergue un « racisme » afrikaander imaginaire, n’aura de cesse de retourner les opinions publiques d’Europe, qui sont évidemment tombées dans le panneau, ce qui génèrera à terme l’épouvantable et hypocrite propagande anti-sud-africaine, que nous avons connue jusqu’à l’écoeurement. Les cénacles de guerre culturelle bien rodés de Londres ont réussi à transformer en « monstres » les communautés populaires victimes de la brutalité de l’armée britannique et surtout victimes de la politique qui consistait à faire mourir des civils en camps de concentration.

6 octobre 1931 : Joris van Severen, natif de la région de Bruges, ancien combattant et ancien député du mouvement « frontiste » (rassemblant les anciens combattants flamands de l’Yser refusant toute nouvelle alliance avec l’ennemi héréditaire français) fonde son propre mouvement, le VERDINASO (« Verbond der Dietsche NationaalSolidaristen » ou « Alliance des Nationaux Solidaristes Thiois »). Dans le contexte de 1931, avec toutes les polémiques soulevées par la flamandisation de l’Université de Gand, la nouvelle formation s’inscrit d’abord, après sa rupture avec les frontistes, dans le cadre du mouvement flamand proprement dit, avec des revendications culturelles et linguistiques. Le mouvement évoluera assez rapidement vers une autre approche, considérant que l’Etat belge est tout à la fois une « relique » de l’ancien « Cercle de Bourgogne » du Saint Empire et un tremplin pour reconstituer celui-ci. Van Severen rêve de reforger cette unité perdue au départ d’un « Ordre » militant, sorte de chevalerie politisée. L’Etat idéal dans nos régions, selon les visions de van Severen, regrouperait les Pays-Bas, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg et récupèrerait les régions méridionales de la Flandre et du Hainaut, ainsi que l’Artois, afin de recréer les fameuses « XVII Provinces » du seizième siècle. Cette vision s’inscrit non seulement dans le contexte du mouvement flamand, dont il est issu, mais exprime aussi une autre orientation générale de la politique belge d’alors, celle de se rapprocher des Pays-Bas, orientation concrétisée dans les « Accords d’Oslo » de 1931. La vision de van Severen doit être également analysée dans le cadre du renouveau bourguignon, qui animait la Belgique à l’époque, et dont le seul témoignage tangible reste la décoration du Sénat fédéral, avec ses magnifiques portraits en pied des Ducs de Bourgogne. Albert I, à la fin de son règne, souhaitait se détacher de l’emprise étouffante de la France républicaine, ce qui conduira, après sa mort suspecte en février 1934, à la nouvelle politique de neutralité de Léopold III, proclamée officiellement en octobre 1936. Van Severen sera assassiné par des soldats français ivres, à Abbeville, en mai 1940, en même temps que d’autres prisonniers innocents. C’est un lieutenant Caron qui était responsable des soudards. Il sera fusillé par les Allemands après un procès correct. La ville d’Abbeville a toutefois l’outrecuidance de lui consacrer une rue. Un scandale qui devrait cesser, mais la diplomatie belge, vendue, gangrenée par un esprit favorable au jacobinisme, n’ose pas faire pression pour que cesse cette ignominie.

7 octobre 1349 : Institution de la « procession de Mons » qui deviendra le célèbre et formidable « Doudou ». Ce rituel, très païen dans son organisation et ses symboles, était censé mettre fin à la peste noire qui ravageait l’Europe en ce milieu du 14ième siècle. Ce retour à des rituels, très peu chrétiens, avaient été pourtant préconisés par les religieux de Sainte Waudru de Mons et de Saint Vincent de Soignies. Selon la légende, Waudru (équivalent wallon du prénom allemand « Waltrude ») et Vincent étaient époux et protecteurs des moines et de l’Eglise. La musique du « Doudou » détient une véritable puissance chamanique, enivrante, violente et envoûtante. Elle incite à l’ardeur au combat, de Saint Georges, figure odinique, et de ses aides, contre le Dragon, symbole du mal. La musique du « Doudou » a été jouée lors de la fameuse bataille de Kollin, pendant la guerre de Sept Ans (18ième siècle), lorsque les jeunes recrues montoises et hennuyères du Comte impérial de Baillet-Latour, ont chargé et défait les Prussiens qui avaient envahi l’Autriche. L’Impératrice Marie-Thérèse avait battu le rappel de tous ses sujets, depuis les coins les plus reculés de l’Empire, pour sauver son trône contesté et conserver la Silésie et la Bohème. Les Hongrois avaient répondu avec un enthousiasme délirant, de même que les Croates. Les Hennuyers avaient montré exactement la même fougue que leurs frères d’armes des confins orientaux de l’Empire. Tous les dragons wallons avaient répondu à l’appel et avaient aussi entraîné dans leur sillage les jeunes recrues imberbes, sous la conduite du vieux Comte de Thiennes, mourant, qui ne chevaucha pas plus loin que Bruxelles, où il harangua, quelques jours avant de mourir, ses « beaux p’tits fieux » qui partaient au combat contre les cuirassiers de Seydlitz. Arrivés sur place, les cadets de quatorze et quinze ans formaient la seule réserve autrichienne encore disponible. Le Comte de Baillet-Latour, successeur du Comte de Thiennes à la tête de la troupe, demande la permission de charger. Le commandant en chef des armées impériales autrichiennes, le Maréchal Daun, d’origine irlandaise, lui répond avec morgue : « Que voulez-vous que fassent vos « blancs-becs » » ? Les « Blancs-Becs » ont chargé au son de la musique du « Doudou » et, galvanisés, ont gagné la bataille. Les Allemands de tradition impériale sont si fiers de ces soldats qu’aujourd’hui encore, on fabrique, en jouet, des « Dragons de Latour » de la guerre de Sept Ans (marque : Revell ; disponible dans tous les bons magasins de modélisme).

8 octobre 876 : Victoire de Louis le Jeune sur les Franciens occidentaux à Andernach sur les rives du Rhin. Charles le Chauve, roi de Francie occidentale depuis le partage de Verdun en 843, avait été couronné Empereur par un Pape pro-occidental et anti-germanique, Jean VIII. Ce couronnement s’est fait au détriment de Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique, frère de Charles le Chauve. Louis le Germanique avait reçu le bassin germanique du Danube et les bassins des grands fleuves du Nord de l’Allemagne actuelle, du Rhin à l’Oder et à la Vistule. En 876, Charles le Chauve, précurseur de toutes les invasions françaises qui ont ravagé nos régions, envahit la Rhénanie avec des forces nettement supérieures en nombre. Louis le Jeune, qu’il prend pour un jeune homme inexpérimenté, dispose de troupes réduites, mais, plus rusé et moins présomptueux que son oncle, bat cruellement les Franciens occidentaux à Andernach sur le Rhin, le 8 octobre 876, ruinant tous les espoirs de Charles le Chauve de reconstituer l’Empire de Charlemagne au départ de ses franges occidentales. Après lui, Philippe Auguste, Philippe le Bel, Louis XI, Louis XII, François I, Henri II, Louis XIV, Louis XV, Napoléon, les idéologues de la IIIième République, les maurrassiens, les maçons autour de Poincaré et Clemenceau, etc. tenteront, en vain, de réaliser ce rêve. Seules nos régions ont résisté. Elles sont le dernier lambeau de l’Empire de Lothaire et souffrent sous un personnel politique incapable de percevoir ce noyau identitaire profond, sans lequel nos régions n’ont aucune personnalité propre.

9 octobre 1934 : Assassinat à Marseille du roi yougoslave Alexandre I et du ministre français Louis Barthou. Insurgés croates et macédoniens sont à l’origine du complot qui a conduit à ce double assassinat. L’objectif des activistes est atteint : la politique calamiteuse de la France en Europe centrale et orientale est compromise ; elle visait à parachever le scandale des Traités de Versailles et de la banlieue parisienne, à pérenniser les créations étatiques artificielles nées de ces « diktats ». Ces traités, on le sait, visaient à rendre ingouvernable l’Europe centrale et orientale, à y entretenir des Etats artificiels et un chaos permanent et structurel, condamnant toutes ces régions à la stagnation et à la dépendance. Louis Barthou était l’un de ces esprits criminels, jacobins et laïcards (les trois adjectifs accusant un fort degré de synonymité) qui s’ingéniait à répandre ainsi la misère et le dissensus constant dans les régions les plus européennes d’Europe, parce que non soumises à des influences extérieures, « cosmopolisantes », non vernaculaires. Les coups de feu justiciers d’un militant oustachiste croate ont mis fin à ces abominables machinations, auxquelles s’opposaient l’Italie, l’Allemagne et la Hongrie, victimes principales des aberrations imposées à Versailles, Sèvres et Saint-Germain. Quant au monarque Alexandre, ses machinations personnelles, dans l’espace dit « yougoslave », avaient conduit à l’assassinat d’un leader populiste et paysan croate modéré, un artisan de paix et de concorde, Stepan Radic en 1928. A la suite de cet assassinat abominable, Alexandre avait proclamé, en 1929, une dictature royale, assortie de l’importation du centralisme jacobin français en Yougoslavie. On l’imagine aisément : ce centralisme n’avait pas fait l’unanimité et les peuples de Yougoslavie, plus virils et moins lâches que leurs homologues de l’Hexagone, ont immédiatement riposté par l’organisation de sociétés et d’armées secrètes sur le modèle de l’IRA irlandaise. Alexandre avait lâché du lest, réintroduit une démocratie limitée en 1931, qui avait ramené des leaders croates modérés au pouvoir, ou un grand leader serbe tel Stoyadinovitch, conscient des complots français auxquels il était profondément hostile. C’est en 1934, -après le rapprochement polono-allemand, où les Polonais, lassés des intrigues parisiennes, lassés de payer un budget militaire exorbitant (jusqu’à 37% du PIB !), avaient renoncé aux alliances de revers que Paris voulait pérenniser,- que l’ignoble Barthou avait tenté de raviver les régimes francophiles, économiquement exsangues (comme l’avait constaté Stoyadinovitch à Belgrade en changeant de politique), portés par des politicards véreux (comme ceux qui, en Roumanie, feront assassiner le leader charismatique Codreanu). Les coups de feu de Marseille mettent donc un terme non pas aux intrigues et machinations françaises en Europe centrale et orientale, mais à l’extrême virulence qu’elles avaient manifestée après 1919, ayant créé ainsi l’impasse en Europe et semé les germes de la seconde guerre mondiale. L’un après l’autre, les pays de cette région d’Europe rentreront à nouveau dans l’orbite centre-européenne, c’est-à-dire austro-allemande, en corrigeant toutefois la trop prépondérante influence germanique par des liens avec l’Italie ou par des alliances régionales et neutres telles l’Entente Balkanique de 1934 (Grèce, Roumanie, Yougoslavie, Turquie). Quant à la Yougoslavie, après la mort du monarque dictatorial, elle retrouvera la voie du fédéralisme et de la démocratie.

11 octobre 1914 : Albert I décide que la Belgique demeurera neutre dans le conflit qui vient de se déclencher en Europe, tout en étant belligérante, par la force des choses, tant que le territoire national est occupé. L’armée belge ne quittera pas le front de l’Yser et ne se repliera pas sur la France, et, a fortiori, ne se battra pas pour défendre le territoire français. Ce 11 octobre 1914, il le fait clairement savoir aux Alliés occidentaux. On oublie généralement ce paradoxe : la Belgique est restée un Etat neutre quoique belligérant pendant toute la guerre de 1914-1918, du moins jusqu’en septembre 1918, où le Roi accepte finalement, devant l’imminence de la défaite allemande, de se placer sous le commandement unique des Alliés sur le front occidental. L’objectif d’Albert I était de maintenir les troupes belges sur le sol national, sans avoir à les distraire sur des fronts lointains et à en faire des troupes supplétives, de la chair à canon, pour les intérêts français ou britanniques (la seule exception étant la constitution d’un bataillon belge d’automitrailleuses au service du Tsar Nicolas II). Ensuite, la politique des Poincaré et Clemenceau le révulsait, la vulgarité des deux larrons jacobins et laïcards lui était insupportable. Ces « Carnets de guerre », réédités naguère par l’historienne Marie-Rose Thielemans, sont très éloquents à ce propos : ses lignes peuvent bien figurer dans un bréviaire pour inciter à une juste et saine haine du républicanisme à la française.

13 octobre 1864 : Les 600 premiers soldats belges du « Régiment de l’Impératrice Charlotte » s’embarquent à Saint-Nazaire pour le Mexique. Au total 2111 hommes issus de nos régions combattront au sein de cette unité. L’objectif géopolitique de l’Autriche-Hongrie, de la France et de la Belgique était, à l’époque, d’assurer une relève européenne dans le Nouveau Monde, après l’éviction de l’Espagne lors des deux premières décennies du 19ième siècle, éviction qui s’était évidemment déroulée sous l’impulsion des Etats-Unis. La Doctrine de Monroe, proclamée en 1823, visait effectivement à chasser toutes les puissances européennes de l’hémisphère occidental. Proclamer un empire du Mexique, avec un Habsbourg pour souverain, était une façon d’installer un système politique, sur le flanc sud des Etats-Unis, qui reposait sur des principes radicalement différents de ceux imposés par le mixte de puritanisme, de déisme et de calvinisme qui sous-tend l’idéologie américaine. Un Mexique fort, appuyé par les grandes puissances européennes, aurait largement permis de contenir la puissance yankee, victorieuse des Confédérés. Avec la chute de Maximilien, battu, condamné et exécuté en 1867 –une exécution qui devra être un jour vengée avec la plus extrême des sévérités- les puissances européennes seront évincées du Nouveau Monde, à commencer par la Russie, encore présente en Alaska. L’Espagne, affaiblie, sera houspillée définitivement en 1898, après un prétexte de casus belli cousu de fil blanc (l’explosion du navire « Maine »), année où elle perdra sa province de Cuba. Ouvrons ici une parenthèse : Cuba est une terre espagnole. Cuba doit être défendue, quel qu’en soit le régime politique, contre toute prétention de Washington. L’anti-castrisme de la fausse droite américanolâtre est un crime contre l’Europe. Les mouvements catholiques qui militent pour un maintien de Castro au pouvoir (comme hier de Sandino) se situent bel et bien dans la ligne traditionnelle de la diplomatie européenne, en dépit des colorations de gauche qu’ils peuvent parfois prendre. En 1917, les Danois sont contraints d’abandonner les Iles Vierges. Seules la France conserve quelques confetti d’empire dans les Caraïbes et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais ces confettis n’ont guère de valeur stratégique, à rebours de la Guyane.

14 octobre 1936 : Léopold III, lors du « Premier Conseil de la Couronne », se prononce pour la neutralité de la Belgique. Celle-ci se détache dès lors des réseaux d’alliances bellogènes concoctées par la France républicaine et la Grande-Bretagne, qui poursuit sa vieille politique de semer la zizanie sur le continent, afin qu’il ne devienne pas un bloc solide et homogène. Léopold III, dans son discours du 14 octobre, cite l’exemple des neutralités néerlandaise et helvétique, modèles pour la Belgique. Ce discours provoquera, dès le lendemain, un déchaînement de haine délirante dans la presse parisienne. Ces délires s’inscriront profondément dans la cervelle du ministre Paul Reynaud, une baderne falote de la III° République, qui les ressortira en mai 1940 pour fustiger le Roi avec une verbosité hystérique et une inélégance de sans-culotte, quand l’armée belge sera contrainte de capituler, suite aux débâcles anglaise (Louvain) et française (Gembloux). Notons que le 13 octobre 1937, l’Allemagne avait déclaré se poser comme garante de la neutralité belge, garantie réitérée par Hitler lui-même le 6 octobre 1938. C’est aussi dans cette hostilité viscérale des agents du Quai d’Orsay à l’œuvre dans la presse qu’il faut retrouver les sources de la question royale, qui a tué toute notion d’autorité structurante en Belgique entre 1945 et 1950, pendant l’exil suisse du Roi et au moment de son abdication. Depuis lors, ce pays n’a plus ni épine dorsale ni politique originale et se trouve livré aux concussions et à la gabegie des partis politiques et des figures histrioniques qui les animent. Un histrionisme qui va crescendo : de Paul-Henri Spaak à Elio di Rupo et aux femmes politiciennes de la trempe d’une Onkelinx ou d’une Arena, on mesure pleinement la décadence, la chute de notre pays dans l’abjection.

15 octobre 1912 : Un an, jour pour jour, après que le Parlement de Crète ait voté le rattachement (l’Enosis) de l’île à la mère patrie grecque, les soixante-deux députés crétois entrent triomphalement à la Diète d’Athènes. L’empire ottoman perd ainsi un porte-avions avant la lettre supplémentaire en Méditerranée orientale, après la cession de Chypre à la Grande-Bretagne en 1878, contre le soutien de Londres dans le conflit qui opposait la Sublime Porte à la Russie et à ses alliés bulgares et roumains que les Turcs avaient si cruellement oppressés pendant des siècles. Londres avait délibérément parié contre l’Europe dans cette guerre qui aurait permis de bouter définitivement le Turc hors d’Europe et de ramener Constantinople dans le giron de notre civilisation. Les Italiens qui ont soutenu les petites puissances balkaniques et viennent de libérer la Libye n’obtiennent pas encore Rhodes, qu’ils recevront après la première guerre mondiale. Les Italiens ont menacé de concentrer leur nouvelle flotte en Egée, bien aguerrie et inaugurant des tactiques audacieuses, de faire le blocus des côtes turques et de menacer les détroits, dès qu’une velléité turque de revenir en Europe, ne fût-ce que sur une centaine de mètres, aurait surgi.

16 octobre 1927 : Naissance à Danzig de l’écrivain allemand Günther Grass. Il devra sa célébrité à un roman, qui inspirera un film, à connotations anti-nazies, le « Crabe tambour ». Grass deviendra une sorte de conscience morale (autoproclamée) dans l’Allemagne d’après 1945. L’écrivain sera sans cesse sur la brèche pour dénoncer des résurgences réelles ou imaginaires du mouvement bien défunt d’Adolphe Hitler. Il s’est taillé ainsi une réputation solide de moraliste insoupçonnable. Coup de théâtre à la fin de l’été 2006 : ce moraliste, si prompt à dénoncer la moindre parcelle ou particule de proto- ou de paléo-nazisme en puissance ou en acte, a été engagé dans une unité de Waffen SS, dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Le scandale, soixante ans après les faits, a été planétaire. L’historien Joachim Fest, qui avait servi de conseiller scientifique pour le film « La Chute », racontant les derniers jours du nazisme dans le bunker de Berlin en avril 1945, avait clairement manifesté son agacement face à cette nouvelle fabrication « ritournellique » de scandales à la sauce nazie. Notamment dans un article du Spiegel, quelques jours avant de décéder, Fest avait expliqué que les jeunes s’engageaient dans les rangs de la Waffen SS, sans réfléchir outre mesure, et que cet engagement, autre ritournelle de l’époque, n’impliquait nullement une adhésion idéologique au nazisme. A notre sens sa réponse était moins satisfaisante que celle que fit naguère, il y a une dizaine d’années, l’écrivain et germaniste Dieter Wellershoff en rédigeant et publiant ses mémoires. Celui-ci explique le dilemme qui se posait aux jeunes de plus de 17 ans qui terminaient leurs études secondaires dans les « Gymnasia » allemands. Ou bien ils rejoignaient les rangs de la Wehrmacht, démonétisée depuis le putsch de juillet 1944, et subissaient seulement deux mois d’entraînement avant d’être envoyés au front. Ou bien ils rejoignaient les rangs de la Waffen SS, survalorisée après le putsch des officiers traditionalistes et aristocrates, et subissaient six mois d’entraînement, véritable assurance-vie à la fin du conflit. Dans le cas du jeune Wellershoff, dont la famille, comme celle de Fest, était conservatrice et anti-nazie, le subterfuge à la Waffen SS a été de servir dans la division « Hermann Goering » de la Luftwaffe, qui garantissait également six mois d’instruction et un service en Hollande, protégée par les canaux et les fleuves après le désastre allié d’Arnhem en automne 1944. L’objectif de Himmler et de Goering, qui ne croyaient plus à la victoire finale du Reich, était de sauver un maximum de jeunes vies pour reconstruire l’Allemagne après le conflit. Servir dans la Waffen SS, après juillet 1944, n’était donc nullement la preuve d’un engagement fanatique au service du régime national socialiste, mais une manière d’échapper à l’ordalie du peuple allemand.

17 octobre 1973 : Début de la crise pétrolière consécutive à la guerre du Yom Kippour, où Egyptiens et Syriens avaient tenté de chasser Israël des territoires occupés depuis juin 1967. L’OPEP, ce jour-là, décide d’exiger l’évacuation par Israël des territoires nouvellement occupés et décrète un embargo sur les livraisons de pétrole aux Etats-Unis. Ce qui est moins connu, c’est que la Shah d’Iran, considéré comme un allié loyal des Etats-Unis, appuie les décisions de l’OPEP, notamment celle d’augmenter les prix du pétrole. Le Shah, en suivant les pays pétroliers, pour la plupart arabes, entend se doter de fonds nécessaires à la « révolution blanche », reposant essentiellement sur un système scolaire moderne, et à la constitution d’une armée perse capable de faire la décision dans la région du Golfe et ailleurs dans la périphérie. Le Shah envisage déjà le lancement d’une politique énergétique nucléaire civile. Le Shah modernise ensuite l’aviation et surtout la marine iranienne, qui se montre réellement présente dans le Golfe.

18 octobre 1955 : Mort du grand philosophe espagnol José Ortega y Gasset, qui était né à Madrid le 9 mai 1883. Issu d’une famille de journalistes de grand talent, comme il en existait encore à son époque, José Ortega y Gasset, armé d’une solide formation classique reçue dans une école de Jésuites, est fasciné, dès son plus jeune âge, par les forces vivantes qui agissent dans le monde et génèrent l’histoire. Il étudie ensuite en Allemagne, où il apprend la dialectique hégélienne, où il se frotte au vitalisme de Dilthey et de Nietzsche. De cette formation germanique, José Ortega y Gasset retient, dans le contexte espagnol, l’idée de rénover le pays spirituellement et intellectuellement. Cette option l’éloigne d’un certain catholicisme institutionnel ibérique et le classe dans la catégorie des auteurs et penseurs libéraux, républicains et démocratiques. Mais, à la différence des professionnels de ces obédiences, Ortega, horrifié par la montée au pouvoir du bolchevisme en Russie, demeure, comme Mosca et Pareto en Italie, un « élitiste » au bon sens du terme. La guerre civile qui éclate en 1936 le contraint à l’exil en France, en Argentine, au Portugal et en Allemagne. Il revient à Madrid en 1945 et récupère sa chaire universitaire en 1949. Il fonde avec son disciple Julio Marias un « Instituto de Humanides », dont l’objectif est de préparer un après-franquisme reposant sur une monarchie constitutionnelle. L’ouvrage le plus connu d’Ortega est « La révolte des masses », où il pose l’opposition fondamentale, dans la sphère politique, non pas entre possédants et démunis, à la mode marxiste, mais entre « masse » et « élite », où la masse, à laquelle peuvent appartenir un banquier inculte, un industriel ignare, un prolétaire abruti ou un ivrogne du « Lumpenproletariat », est dévoreuse d’énergies mais n’en produit aucune qui soit créative. L’élite ne se mesure pas au compte en banque mais au degré élevé des aspirations culturelles et à la volonté de marquer l’histoire. Un ouvrier cultivé fait partie de l’élite. Un banquier ignare fait partie de la masse. La masse est hédoniste, hisse l’hédonisme au rang d’objectif suprême, et fait appel à la machine administrative de l’Etat pour balayer tous les désagréments de la vie. Il s’ensuit, comme en Belgique actuellement, une hypertrophie de la machine bureaucratique. Toute opposition, tout appel à la raison et au bon sens émanant de personnalités élitaires, sont dès lors considérés comme « inacceptables », comme la manifestation d’intentions méchantes et perverses de briser la course au bonheur final et total (les « derniers hommes » de Nietzsche, « qui clignent de l’œil »). Pour s’opposer à la raison vitale des êtres d’élite, la masse recourt à la terreur, aux procès d’intention, aux condamnations scélérates, à la violence politique. Au bout du compte, nous assistons, comme aujourd’hui en Belgique sous les Verhofstadt, Di Rupo, Onkelinx et autres sinistres personnages, à la mort, à l’assassinat prémédité de la culture populaire et élitaire, et de ses formes structurantes, comme les nommait Ortega. En perdant Ortega, en cette fin octobre 1955, l’Espagne, et avec elle, l’Allemagne (qui était sa patrie spirituelle) et l’Europe, ont perdu sans nul doute l’un des plus grands esprits du siècle ; de surcroît, un esprit capable de s’exprimer, et d’exprimer les plus hautes idées philosophiques, avec un langage clair, abordable, limpide.

19 octobre 1784 : Naissance de l’écrivain anglais Leigh Hunt, qui introduisit la veine néo-païenne dans la littérature anglaise qui culminera dans l’œuvre de David Herbert Lawrence, et plus particulièrement dans son traité intitulé « Apocalypse », où il réclame le retour des grandes liturgies telluriques, seules à même de stabiliser l’âme humaine et de la lier aux forces cosmiques. Leigh Hunt, dans une lettre de 1818 à Thomas Jefferson Hogg, rêvait de la restauration de la « religio loci », de la religion des lieux, du culte du sapin aux branches immortelles et du « Grand Dieu Pan ». Hunt, comme plus tard Lawrence et toute la vague néo-païenne anglo-saxonne et irlandaise, entendent se débarrasser des religions abstraites parce que sans lieu ni terre, qui conduisent l’homme à la folie, à l’agressivité ou à l’apathie.

20 octobre 1919 : Le Sénat des Etats-Unis fait voter la loi sur la prohibition, proscrivant la vente et la consommation de « boissons enivrantes » sur tout le territoire de l’Union. Cette mesure, dictée par un puritanisme indécrottable, par une volonté maladive d’améliorer l’humanité pour en faire un troupeau atone et docile, engendrera paradoxalement l’essor de la lèpre mafieuse, au départ de la diaspora sicilienne des Etats-Unis, chassée d’Italie par le renouveau apporté par le fascisme de Mussolini. La loi sur la prohibition montre que le puritanisme protestant, en voulant faire l’ange, fait en réalité la bête ; cet esprit borné, qui jette un injuste soupçon sur toutes les propensions de l’homme à s’amuser et se détendre après le travail, est simultanément la source d’une calamité qui, des années 20 à nos jours, n’a fait que s’amplifier, en passant du trafic des boissons alcoolisées, et peu dangereuses, au trafic de drogues plus dures et réellement mortelles pour l’homme, trafics multiples à l’origine de fortunes colossales, de fonds et de dépôts blanchis, etc. Aujourd’hui, la mafia fait partie des pouvoirs occultes et achète le personnel politique véreux, toujours en quête de fonds. Armin Mohler, le théoricien germano-suisse de la véritable nouvelle droite, avait prédit, dès 1981, que l’avenir serait soit à l’enseigne du goulag (mais le communisme et le « goulagisme » dénoncé par Soljenitsyne n’existent plus) soit à celle de « l’agonalité » (en utilisant ce néologisme, Mohler entendait un retour à l’hellénisme d’un Thucydide ou d’un Eschyle) soit à celle de la mafia, état sur lequel nous avons effectivement débouché, les diasporas multiples de l’ère multiculturelle accentuant le tableau jusqu’au paroxysme, jusqu’à la nausée. Au puritanisme protestant américain s’ajoute désormais le puritanisme wahhabite saoudien, véhiculé dans nos quartiers, dits « défavorisés », par les fameux « imams de garage », couverture « sublime » et religieuse des activités douteuses des mafias diasporiques musulmanes.

21 octobre 1147 : Lisbonne, future capitale du royaume du Portugal, est libérée de l’occupation mauresque. Des croisés, issus des peuples de la Mer du Nord germanique, Anglais, Allemands, Frisons et Flamands, en route pour la Terre Sainte, avaient répondu à l’appel de princes résistants locaux, de la Galice et du Nord de l’actuel Portugal, pour commencer leur travail de reconquête dans la péninsule ibérique. L’assaut, mâle et vigoureux, emporta rapidement la citadelle à l’embouchure du Tage et les Maures, effrayés par la pugnacité de ces soldats venus des brumes et des frimas, s’enfuirent en désordre, pour ne plus jamais revenir en ces lieux paradisiaques. Le Portugal moderne venait de naître. Les liens entre ce pays du Midi atlantique et la Mer du Nord vont perdurer tout au long du moyen âge : Anglais et Flamands devinrent de gros consommateurs de porto, pilier de l’économie portugaise ; un Ferrand de Portugal deviendra Comte de Flandre et périra par la méchanceté du Roi de France dans un sordide cachot parisien ; Isabelle, la mère de « Nostre Seigneur le Duc Karle le Hardi », était une princesse portugaise.

23 octobre 2002 : Une cinquantaine de terroristes tchétchènes, ne reculant devant aucune violence sadique, s’emparent d’un théâtre à Moscou et gardent pendant trois jours 800 personnes en otage. Poutine ordonne l’assaut. Les troupes spéciales utilisent un gaz paralysant, qui tue malheureusement 160 otages. Si cet assaut n’avait pas été donné, les terroristes auraient certainement tué les 800 personnes détenues en leur pouvoir. La question tchétchène doit être réglée en Europe de manière rapide et expéditive, afin que des crimes gratuits de ce genre ne puissent plus se perpétrer. Les principes de la civilisation ne peuvent tolérer de tels actes de barbarie, qui sont évidemment commis sous la double injonction de Washington et de Riad, capitale de l’Arabie Saoudite wahhabitique. Un an plus tard, ce sont plus de 300 enfants d’une école primaire d’Ossétie qui seront massacrés par les Tchétchènes. Le lobby tchétchène bénéficie chez nous de l’appui du quotidien « Le Soir », qui tente toujours de minimiser et de banaliser ces crimes odieux. Des éléments incontrôlables de cette diaspora tchétchène commettent des crimes abominables partout où ils résident, jetant le discrédit sur leur peuple tout entier : à Arlon, un jeune homme a été lâchement assassiné par une bande tchétchène, provoquant l’indignation des Arlonais qui ont manifesté en masse contre la lâcheté de leur politicard de bourgmestre. A Ostende, sans l’intervention rapide des escouades spéciales de la police fédérale, une bande tchétchène aurait certainement tué de jeunes Flamands, dans une discothèque qu’elle a mise méthodiquement à sac. Récemment, en Carélie, près de la frontière finlandaise, deux braves commerçants russes ont été sauvagement tués par des bandes tchétchènes. Ces dérapages doivent cesser et les journalistes qui couvrent ces crimes de belles paroles eudémonistes doivent être condamnés pour complicité, de même que tous les fonctionnaires qui ont accordé des visas d’entrée aux membres de ces bandes.

24 octobre 1046 : Notre Empereur Henri III, lors du synode de Pavie, fait interdire la pratique de la simonie, c’est-à-dire celle qui consiste à acheter et vendre des charges ecclésiastiques. Cette pratique, très peu spirituelle, était monnaie courante. Elle porte un coup au prestige de l’Eglise et du Pape Grégoire VI, soupçonné d’avoir effectivement acheté sa charge. La papauté se vengera en réclamant le droit exclusif de nommer les évêques, sans intervention de l’Empereur. Le fils de Henri III, Henri IV, devra subir l’humiliation de Canossa, qui ruina le crédit de l’institution impériale, la seule qui aurait été capable de donner une véritable colonne vertébrale à l’Europe. Tout le déclin de l’Occident, si souvent évoqué et déploré, réside dans cette volonté mesquine de se venger, parce qu’on ne pouvait plus se livrer à des pratiques douteuses, pré-mafieuses.

25 octobre 1920 : Lord Terence Mac Swiney, le maire nationaliste irlandais de la ville de Cork, dans le sud de la Verte Eirinn, meurt dans une prison anglaise, après 73 jours de grève de la faim. Il était un militant du Sinn Fein et avait refusé d’abandonner ses convictions pour conserver ses honneurs et ses positions. Lord Mac Swiney demeure, dans la mémoire vive des Irlandais, une des victimes les plus sublimes de la barbarie britannique. Une chanson poignante, souvent chantée en Irlande, rappelle sa mémoire et incite le peuple à la vengeance. La mort de cet aristocrate ami du peuple, qui confine à la sainteté, radicalisera le mouvement irlandais. Sous l’énergique direction de Michael Collins, l’Irish Republican Army passera à l’offensive, repèrera les agents britanniques en poste à Dublin et les abattra sans pitié dans les rues de la capitale irlandaise, dès le 20 novembre 1920, où quatorze d’entre eux paieront de la mort leurs crimes abjects contre la nation irlandaise. Le 21 novembre 1921, les Britanniques se vengent et massacrent au hasard 72 personnes dans les rues de Dublin : c’est le fameux « Bloody Sunday ». La spirale de la violence est enclenchée, mais elle conduira à la victoire des nationalistes irlandais et à l’indépendance du pays. Le 21 octobre 1921, un an après la mort de Mac Swiney, les Britanniques sont contraints de négocier avec les indépendantistes républicains irlandais. Le film naguère consacré à Michael Collins restitue de manière véritablement sublime la lutte qui s’est jouée à l’époque.

26 octobre 1959 : De violents combats éclatent entre troupes chinoises et indiennes sur les hauteurs himalayennes du Ladakh. Les deux puissances tentent de dominer le toit du monde, surtout après la conquête chinoise du Tibet. L’enjeu géopolitique de cette guerre, tout comme celle qui oppose l’Inde et le Pakistan au Cachemire, est de s’assurer un espace stratégique surplombant sur les plaines et vallées environnantes. L’Inde cherche également à avoir un corridor territorial la liant à l’URSS, à l’allié russe traditionnel des nationalistes hindous. Le Pakistan existe pour éviter cette liaison territoriale, politique qui lui est dictée par Londres et Washington. La Chine, en s’insérant dans l’espace hautement stratégique du Ladakh, cherchait un lien avec le Pakistan, et par là même, une fenêtre sur la partie occidentale de l’Océan Indien, qualifié par la géopolitique anglo-saxonne, dérivée de Halford John Mackinder, d’ « Océan du Milieu ». Dans cette volonté chinoise de faire cause commune avec le Pakistan, et de couper par la même occasion l’Inde de l’URSS, il faut voir les prémisses du rapprochement sino-américain sous la Présidence de Nixon et sous la houlette du Realpolitiker Kissinger. En 1972, la Chine, qui a soutenu et soutiendra le Pakistan, allié de Washington, dans toutes ses guerres contre l’Inde, participe, elle aussi désormais, à l’endiguement (« containment ») de l’URSS, qui n’a plus, comme allié de revers, qu’un Vietnam exsangue, épuisé par une longue guerre inégale ; un Vietnam de surcroît menacé au sud et à l’ouest par un Cambodge pro-chinois et donc pro-américain.

28 octobre 1970 : Nikolaï Podgorny, président du Soviet Suprême de l’URSS, inaugure, avec le shah d’Iran, Mohammed Reza Pahlavi, le plus long gazoduc du monde. Cet événement montre que la question énergétique est la clef pour comprendre l’histoire contemporaine depuis le rapprochement entre le shah et les Soviétiques, jusqu’à sa chute sous les coups de la révolution des mollahs et jusqu’aux événements actuels, où les Etats-Unis affrontent l’Iran d’Ahmadinedjad. Le shah d’Iran voulait jouer une carte autonome, ne craignait plus les Soviétiques comme au début de son règne, quand les troupes soviétiques venaient de quitter le territoire iranien, après une occupation de quatre ans (1941-45) et que Moscou soutenait des indépendantistes azéris dans le nord-ouest de l’ancienne Perse. Le soutien inconditionnel apporté par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël aux mollahs aux débuts de la révolution khomeyniste avait pour but de déstabiliser, et jeter bas, un régime personnel qui avait appuyer l’OPEP, entendait mener une politique indépendante face au bloc soviétique, affirmer ses droits historiques dans le Golfe Persique, tendre une main à l’Inde, dégager l’Océan Indien des tutelles étrangères à son espace. Il ne fallait surtout pas que ce régime ait une autonomie énergétique (ni par le pétrole ni par le nucléaire) ; l’hostilité au shah, qui avait acquis les premiers rudiments d’une énergie nucléaire, est paradoxalement la même que celle qui oppose Ahmadinedjad à Washington, en dépit de la différence idéologique entre l’autocratie éclairée du souverain Pahlavi et le fondamentalisme chiite professé par l’entourage de l’actuel président iranien. L’intention américaine, en appuyant la révolution des mollahs, était de bloquer la grande œuvre de modernisation du shah et de replonger l’Iran dans un régime fait d’archaïsmes que l’on voulait incapacitants et cela, jusqu’à la consommation des siècles. Ahmadinedjad veut sortir de ces archaïsmes, relancer le programme nucléaire abandonné depuis le shah : raison de l’hostilité des Etats-Unis à son égard.

31 octobre 1917 : Le célèbre roman de Knut Hamsun « Bénédiction de la glèbe » paraît en Norvège. Ce roman, poignant, est ruraliste et vitaliste : il décrit l’âpreté de la vie dans le Nord de la Norvège, pays au sol terriblement ingrat, qui contraint des centaines de milliers de Norvégiens à émigrer vers les Etats-Unis, où ils peupleront notamment le Montana et les états qui lui sont limitrophes. En Norvège même, les immigrants, venus du Sud plus chaud, s’accrochent à la terre septentrionale, avec une volonté inouïe, et finissent par la rendre fertile. Hamsun dépasse le simple roman paysan ou ruraliste en donnant à son œuvre une dimension bien plus profonde que la description des faits et gestes quotidiens des fermiers norvégiens. Il pose l’homme, son « Dasein » (pour parler comme Heidegger), au beau milieu d’un environnement hostile, qu’il surmonte par la volonté et par l’ascétisme en communion avec les forces cosmiques. Hamsun dénonce aussi l’artificialité et la vanité de la vie urbaine, produisant des types humains dégénérés et superficiels.
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Naissance d’un nouveau cycle géopolitique. La planète se libère de l’Oncle Sam
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