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Aviation, géographie et race
Charles Lindbergh |
Histoire :: Autres
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L’aviation a ébranlé un monde en équilibre fragile, un monde où la stabilité cédait déjà à la pression de nouvelles forces dynamiques, un monde dominé par une civilisation européenne et occidentale, mécanique, matérialiste. L’aviation est un produit de cette civilisation, portée au sommet de son expression. Typique aussi de sa force et de sa faiblesse, de sa vanité et de son autodestruction – des hommes se lançant vers le visage de Dieu, nouveaux Icares dominant le ciel, et en même temps dominés par lui ; car finalement les lois de la nature déterminent le succès de l’effort humain et mesurent la valeur des inventions humaines dans ce développement de la vie, divinement compliqué, mathématiquement imprévisible, auquel la Science a donné le nom d’Evolution.
L’aviation semble presque être un don du ciel pour ces nations occidentales qui étaient déjà en tête de leur époque, renforçant leur leadership, leur confiance, leur domination sur les autres peuples. C’est un instrument spécialement adapté aux mains occidentales, un art scientifique que les autres copient seulement d’une manière médiocre, une autre barrière entre les masses grouillantes de l’Asie et l’héritage grec de l’Europe – l’un de ces biens sans prix qui permettent à la race blanche de survivre face à la marée montante des Jaunes, des Noirs et des Bruns. Mais l’aviation, utilisée aussi bien comme symbole que pour son utilité propre, apporte deux grands dangers, l’un particulier à notre civilisation moderne, l’autre plus vieux que l’Histoire. Puisque l’aviation est dépendante de l’organisation complexe de la vie et de l’industrie, elle porte avec elle le danger environnemental d’un peuple bien trop séparé du sol et de la mer – le danger de ce déclin physique qui va si souvent avec un haut développement intellectuel, de ce déclin spirituel qui semble invariablement accompagner une vie industrielle, de ce déclin racial qui suit la médiocrité physique et spirituelle.
Une grande nation industrielle peut conquérir le monde dans la durée d’une seule vie, mais son talon d’Achille est le temps. Ses enfants, que deviendront-ils ? Les deuxième et troisième générations, quels seront leur nombre et leur étoffe ? Combien de temps les hommes peuvent-ils vivre entre des murs de brique, marchant sur des trottoirs d’asphalte, respirant les fumées de charbon et de pétrole, grandissant, travaillant, mourant, avec à peine une pensée pour le vent, le ciel, et les champs de céréales, ne voyant que de la beauté artificielle, de la qualité de vie minérale. C’est notre danger moderne – l’une des ailes de cire du vol. Cela peut causer la chute de notre civilisation si nous n’agissons pas rapidement pour la neutraliser, si nous ne comprenons pas que le caractère humain est plus important que l’efficacité, que l’éducation est plus que la simple accumulation de connaissance.
Mais l’autre grand danger est plus facilement reconnaissable, parce qu’il s’est constamment manifesté à travers l’Histoire. C’est la braise de la guerre, attisée par chaque nouvelle arme, flambant aujourd’hui comme elle n’a jamais flambé auparavant. C’est la vieille lutte interne pour le pouvoir, au sein d’un peuple dominant ; aveugle, insatiable, suicidaire. Les nations occidentales sont à nouveau en guerre, une guerre qui a des chances d’être plus désastreuse que toute autre dans le passé, une guerre dans laquelle la race blanche est sûre de perdre, et les autres sûres de gagner, une guerre qui peut facilement conduire notre civilisation à un autre Age Sombre si jamais elle survit. Dans cette guerre, l’aviation est aussi importante comme facteur qu’elle l’a été comme cause – une cause due à son effet sur l’équilibre des forces entre nations, un facteur à cause de la destruction et de la mort qu’elle lance sur terre et sur mer. La puissance aérienne est une chose nouvelle pour tous nos pays. Elle apporte des avantages à certains et en affaiblit d’autres ; elle oblige partout à une réadaptation.
S’il existait vraiment une manière de mesurer le caractère changeant des hommes, un critère pour répartir l’influence entre les nations, un moyen de montrer pendant la paix la force des armes de la guerre. Mais avec toutes ses dimensions, ses compteurs, et ses poids, et ses chiffres, la science échoue lorsque nous demandons une mesure pour les droits des hommes. Ils ne peuvent pas être jugés par des nombres, par la distance, le poids ou le temps ; ni en comptant les têtes sans s’occuper de ce qu’elles peuvent contenir. Ces intangibles qualités de caractère, telles que le courage, la foi et l’habileté échappent à tous les systèmes, se glissent entre les barreaux de toutes les cages. Elles peuvent être reconnues, mais pas mesurées. Elles se trouvent davantage dans un regard échangé entre deux hommes que dans une formule mathématique. Elles forment la force invisible d’une armée, le génie d’un peuple.
De même, pour juger l’aviation dans ses effets sur les nations modernes, il n’existe aucun instrument de mesure satisfaisant. Elle est liée si étroitement à la géographie, à l’environnement et au caractère racial qu’une tentative de jugement par les nombres serait comme compter les Grecs à Marathon. Quels avantages gagneront-ils ? Quelle nouvelle influence peuvent-ils exercer ? Pour juger cela, on ne doit pas regarder seulement leur aviation mais eux-mêmes, la géographie de leur pays, leurs problèmes d’existence, et leurs habitudes de vie.
Les montagnes, les littoraux, les grandes distances, les fortifications, tous ces moyens de défense des civilisations passées perdent leur ancienne signification à mesure que l’homme se donne des ailes. Le Channel anglais, les Alpes enneigées, les immensités de la Russie apparaissent maintenant sous un angle différent. Les forces d’Hannibal, de Drake et de Napoléon se déplaçaient au mieux au galop des chevaux ou à la vitesse du vent dans les voiles. Maintenant, l’aviation apporte un nouveau concept de temps et de distance dans les affaires des hommes. Elle oblige à s’adapter au changement, elle donne une prime à la rapidité de pensée et à la vitesse dans l’action.
La force militaire est devenue plus dynamique et moins tangible. Un nouvel ordre de puissance s’est établi, et il n’y a pas d’instrument adéquat en temps de paix pour mesurer ses effets sur l’influence des nations. Il ne semble pas qu’il existe un moyen de s’accorder sur les droits qu’elle apporte à certains et retire à d’autres. Les droits des hommes à l’intérieur d’une nation sont réajustés à chaque génération par les lois de l’héritage – la terre change de mains avec le passage des décennies, les fortunes diminuent d’une génération à l’autre ; les biens ne sont pas plus permanents que la vie. Mais entre les nations il n’existe aucune règle similaire pour récompenser la virilité et pénaliser la décadence, aucun moyen de répartir la richesse du monde en fonction de l’élévation et de la baisse du caractère humain – sauf la force des armées. En dernière analyse, la force militaire est mesurable seulement par son propre coût, par l’élimination d’un concurrent alors que l’autre peut encore tituber sur le pré – et tout autour les loups de plus petite taille attendent le moment de se jeter sur les deux guerriers.
Nous, les héritiers de la culture européenne, sommes au bord d’une guerre désastreuse, une guerre à l’intérieur de notre propre famille de nations, une guerre qui réduira la force et détruira les trésors de la race blanche, une guerre qui peut même conduire à la fin de notre civilisation. Et pendant que nous nous apprêtons à la bataille, les canons de l’Orient se tournent vers l’ouest, l’Asie fait pression sur nous à la frontière russe, toutes les races étrangères s’agitent impatiemment. Il est temps de cesser nos querelles et de reconstruire les remparts de notre monde blanc. Cette alliance avec des races étrangères ne signifie rien d’autre que la mort pour nous. C’est le moment de préserver notre héritage contre les Mongols et les Perses et les Maures, avant que nous ne soyons submergés par une immense marée étrangère. Notre civilisation dépend d’une force unie parmi nous ; d’une force trop grande pour être défiée par des armées étrangères ; d’un Mur Occidental de la race et des armes qui puisse repousser un Gengis Khan ou l’infiltration de sang inférieur ; d’une flotte anglaise, d’une aviation allemande, d’une armée française, d’une nation américaine, se tenant ensemble comme les gardiennes de notre héritage commun, partageant la force, répartissant l’influence.
Notre civilisation dépend de la paix entre les nations occidentales, et donc de la force unie, car la Paix est une vierge qui n’ose pas montrer son visage sans la Force, sa protectrice. Nous pouvons avoir la paix et la sécurité seulement tant que nous nous regroupons pour préserver ce bien inestimable, notre héritage de sang européen, seulement tant que nous nous préservons de l’attaque par des armées étrangères et de la dilution par des races étrangères.
Nous avons besoin de la paix pour que nos meilleurs hommes puissent vivre pour résoudre ces problèmes plus subtils mais également dangereux, apportés par ce nouvel environnement dans lequel nous habitons, pour nous donner le temps d’inverser cette tendance matérialiste, de cesser de nous prosterner devant cette idole moderne de l’efficacité mécanique, de trouver des moyens de combiner la liberté, l’esprit et la beauté avec la vie industrielle – une paix qui redonnera le caractère, la force et la sécurité aux peuples occidentaux.
Avec les multitudes qui se tiennent à nos frontières, ne commettons pas un suicide racial par un conflit interne. Nous devons nous souvenir d’Athènes et de Sparte, avant que toute la Grèce ne soit perdue.
Charles Lindbergh, Readers Digest Magazine, novembre 1939.
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