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Pourquoi l’Europe choisit l’extinction
Asia Times Online
Impérialisme :: Varia
La démographie, c’est le destin. Jamais dans l’histoire connue, des nations prospères et paisibles n’ont choisi de disparaître de la face de la terre. C’est pourtant ce que les Européens ont choisi de faire. Déjà en 1348 l’Europe avait souffert de la Mort Noire, une combinaison de la peste bubonique et probablement d’une forme de la maladie de la vache folle, observe le spécialiste Ben Wattenberg, de l’American Enterprise Institute. « La peste réduisit la population européenne estimée d’environ un tiers. Dans les 50 prochaines années, la population de l’Europe va revivre – au ralenti – cette peste démographique, perdant environ un cinquième de sa population en 2050 et davantage à mesure que les décennies passent ».

Dans 200 ans, le français et l’allemand seront parlés exclusivement en enfer. Qu’est-ce qui a provoqué ce suicide collectif, qui se moque de tout ce que nous pensions savoir sur l’instinct de conservation ? Les bavards n’ont rien à dire sur ce changement tout à fait unique et significatif de notre époque. Pourtant les grands mouvements politiques et économiques des temps modernes sont d’origine démographique. Trois exemples suffisent :

1) Le grand fossé transatlantique. Les Européens sont pacifiques, pas simplement dans le Golfe Persique, mais dans leur propre pas de porte des Balkans. S’ils ne peuvent pas prendre la peine de se reproduire, pourquoi un soldat européen devrait-il se sacrifier pour des générations futures qui ne naîtront jamais ?

2) Le fossé des flux globaux de capitaux vers les Etats-Unis : les vieux prêtent de l’argent aux jeunes. Les populations vieillissantes de l’Europe et du Japon prêtent de l’argent aux gens plus jeunes des Etats-Unis.

3) Le danger de déflation. Pour l’illustrer, un économiste de ma connaissance propose une expérience mentale. Supposez que par une formule magique tous les habitants du Royaume-Uni soient instantanément âgés de 30 ans. Quel serait l’effet sur l’actuel équilibre des comptes, le taux d’intérêts, le niveau des prix et le taux d’échange ? (réponse à la fin de cet essai).

On a assez peu parlé du « comment » mais presque pas du tout du « pourquoi » du suicide démographique de l’Europe. Un comportement suicidaire est commun parmi (par exemple) les tribus de l’âge de pierre qui ont rencontré le monde moderne. On peut étendre cet exemple aux « kamikazes » tamouls ou arabes (voir Live and Let Die, Asia Times Online, 13 avril 2002). Mais les Européens sont le monde moderne. Les Européens ont-ils pris à cœur la plainte de l’existentialisme selon laquelle l’homme est seul dans un univers chaotique où la vie n’a pas de sens ultime, et que l’homme répond à l’anxiété de la mort en embrassant la mort ?

Si je peux détester toute la tribu existentialiste, il y a un grain de vérité ici, et il amène un développement parallèle, qui est la mort du christianisme européen. 53% des Américains disent que la religion est très importante dans leurs vies, contre 16%, 14% et 13% respectivement des Britanniques, des Français et des Allemands, d’après une étude de l’Université du Michigan en 1997. Ici je m’inspire du théologien juif allemand Franz Rosenzweig (1886-1929), un soi-disant existentialiste. Peu d’Orientaux (incluant les Juifs) peuvent comprendre le cœur de la doctrine chrétienne, à savoir le péché originel, transmis à tous les humains depuis Adam et Eve. Le péché originel motive le sacrifice de Dieu sur la croix pour enlever cette tache de l’humanité ; sans cela, Jésus ne serait qu’un prédicateur itinérant avec un don pour les anecdotes.

Toute religion, arguait Rosenzweig, répond à l’anxiété de l’homme face à la mort (contre laquelle la philosophie est comme un enfant enfonçant ses doigts dans ses oreilles et criant : « je ne peux pas vous entendre ! ». Les anciens païens faisaient face à la mort en sachant que leur race continuerait. Mais tribus et nations anticipent leur propre extinction tout comme les individus anticipent leur propre mort, ajoutait-il : « L’amour des nations pour leur propre nationalité est doux et imprégné du pressentiment de la mort ». Chaque nation, écrivait-il, sait qu’un jour d’autres peuples occuperont ses terres, et que sa langue et sa culture seront enterrées dans des livres poussiéreux.

L’Eglise chrétienne des débuts rencontra une grande extinction de peuples et de leurs cultures à travers la montée et la chute des empires alexandrin et romain. Qui maintenant se souvient des Lusitaniens, des Illyriens, des Sicanes, des Quades, des Sarmates, des Alains, des Gépides, des Hérules, des Pannoniens et d’un millier d’autres tribus de l’époque romaine ? Comme les nations étaient face à l’extinction, les individus dans ces nations se retrouvaient face à leur propre mort. Le christianisme offrait une réponse : l’Eglise appelait les individus à sortir des nations et leur offrait le salut sous la forme d’une vie au-delà de la tombe. Les Gentils (comme l’Eglise les appelait) embrassèrent le péché originel, qui pour eux signifiait simplement le péché d’être nés Gentils, c’est-à-dire dans une culture condamnée à l’extinction (les Juifs, qui se considéraient comme un peuple éternel, ne s’inquiétaient pas de cela).

D’une certaine manière, le christianisme fut un énorme succès. Son berceau d’origine du Proche-Orient, d’Asie Mineure et de Grèce tomba aux mains de l’islam, mais même si les Arabes chevauchaient victorieusement sur la trace missionnaire de Saint Paul, l’Eglise convertissait les barbares d’Europe. Le christianisme rendit possible l’assimilation de milliers de tribus condamnées dans ce qui devint les nations européennes. Quelque chose de similaire est en cours en Afrique, le seul endroit du monde où le christianisme jouit d’une croissance rapide. Cependant, la faiblesse du christianisme, ajoutait Rosenzweig, réside dans le pacte avec le diable qu’il fit avec l’ancien paganisme. Le salut chrétien se trouve au-delà de la tombe, dans l’éther subtil de la récompense céleste. Les humains ont besoin de quelque chose à quoi s’accrocher de ce coté-ci de la tombe. En donnant aux païens un Dieu humanisé (et une mère de Dieu humanisée et une foule de saints), le christianisme permit aux païens de continuer à adorer leur propre image. Les Allemands adorent un Jésus blond, les Espagnols adorent un Jésus aux cheveux sombres, les Mexicains adorent la Vierge noire de Guadalupe, et ainsi de suite. Le résultat, écrivait Rosenzweig, est que les chrétiens « sont pour toujours déchirés entre Jésus et [le héros païen médiéval] Siegfried ».

Au niveau politique, le christianisme chercha à supprimer Siegfried en faveur du Christ par la formule de l’empire universel, la suppression de la nationalité par l’aristocratie et l’Eglise. Le couvercle était maintenu sur la marmite. Juste au moment où les Habsbourg portaient l’empire universel à son apogée de puissance en 1519 sous Charles V, contrôlant l’Autriche, l’Espagne et les Pays-Bas, l’Allemagne se révolta sous la bannière de la Réforme. Il s’ensuivit un siècle et demi de guerres de religion, culminant avec la guerre de Trente Ans (1618-1648) qui anéantit plus de la moitié de la population de l’Europe Centrale. La France, sous le cardinal de Richelieu (voir The Sacred Heart of Darkness, Asia Times Online, 11 février 2003), donna une tournure fatale à l’idée chrétienne. Au lieu d’un empire universel, la nation française serait la porteuse modèle de la Chrétienté, de sorte que les intérêts nationaux français se trouvèrent à la place de la divine providence.

Toute l’Europe attrapa la maladie française, remplaçant le Dieu crucifié par le guerrier Siegfried. Le contenu païen du christianisme devint fou. Une seconde guerre de Trente Ans (1914-1944) donna libre cours aux impulsions païennes de l’Europe et les noya dans le sang. Le malheureux Rosenzweig, qui avait vu si clairement les défauts de la civilisation chrétienne, mourut en espérant que l’Europe accepterait sa population juive comme contrepoids à son être païen destructeur. Il ne lui vint jamais à l’esprit que l’Europe choisirait la destruction et emmènerait ses Juifs avec elle. Siegfried triompha du Christ pendant la Première Guerre Mondiale. Il ne resta aucune parcelle de crédibilité de l’idée chrétienne des âmes appelant les nations au salut au-delà de la tombe. Dans l’Europe de 1914, les soldats combattirent encore avec l’illusion qu’un Dieu favorisait leur nation. L’Allemagne fit la Seconde Guerre Mondiale sous la bannière du paganisme ranimé.

Pour les Européens d’aujourd’hui, il n’y a pas de consolation, ni la vieille continuité païenne de la culture nationale, ni la continuité chrétienne dans l’Au-delà. Les Français savent que Victor Hugo, les cigarettes Gauloises, le Château-Laffite et les impressionnistes deviendront un jour des antiquités. Les Allemands savent que personne à part des écoliers ennuyés ne lira plus Goethe dans deux siècles, comme Pindare. Ils n’ont pas d’autre ambition que de mourir tranquillement, pas de soucis sauf pour les amusements qui peuvent calmer l’ennui et l’anxiété sur la route de la tombe. Ils n’ont pas de passions à part la haine née de la jalousie. Ils haïssent l’Amérique, une nouvelle sorte d’universalité qui a réussi là où le vieil empire chrétien a échoué. Ils haïssent Israël, qui fait apparaître le peuple juif encore plus immortel en comparaison de la temporalité morbide de l’Europe. Ils sortiront de l’histoire sans être pleurés par quiconque, même pas par eux-mêmes.

[Solution de l’expérience mentale plus haut : si toute la population du RU est instantanément âgée de 30 ans, elle dépensera moins et épargnera plus pour sa retraite. C’est-à-dire que la demande se déplacera des biens présents aux biens futurs, c’est-à-dire les valeurs. Le niveau des prix des biens présents chute. Le prix des biens futurs monte, c’est-à-dire la compensation pour l’attente des déclins futurs, et le taux d’intérêt chute. La population soudain âgée troque le surplus de biens présents contre des biens futurs, c’est-à-dire exporte des biens et achète des valeurs avec les bénéfices, faisant passer l’équilibre des comptes en surplus. Le taux d’échange montera. En d’autres mots, nous avons le Japon.]

Publié le 8 avril 2003 sur atimes.com

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