presentation proposer convergences abonnmentsite abonnmentresistance soutien
 
actualite
blank
blank
Éditorial
Politique
Étranger
Tribune libre
theoriciens
Yockey
Thiriart
Douguine
Evola
Autres
histoire
France
Italie
Espagne
Amérique latine
Allemagne
Pays anglo-saxons
Europe de l'Est
Autres
imperialisme
Entretiens
Antiaméricanisme
Antisionisme
Varia
spiritualites
Alternatives religieuses
Tradition
Varia
liste
liste
detail
sites nc
snc
accueil
recherche
recherchez
avancee
Lundi, 25 Juin 2007
imprimer
mail
Lettre ouverte au Conseil de l’Europe
Jacques-François Bonaldi
Étranger
Lettre ouverte au Conseil de l’Europe
La Havane, le 24 juin 2007

Mesdames et messieurs les Ministres,

« Nous ne demandons rien à personne, nous ne mendions pas de prêts ni ne supplions à genoux qu'on nous achète notre sucre : nous offrons tout simplement ce que nous avons, nous respectons les peuples voisins et tous les peuples du monde, et nous proclamons notre droit imprescriptible à être considéré un pays pareil à n'importe quel autre de la terre dans le concert des nations libres. Quiconque nous accepte ainsi sera notre ami, peu importe l'idéologie interne qui l'anime, peu importe son système social ou économique. Quiconque ne nous respecte pas comme nation ne peut aspirer à notre amitié, quels que soient les liens qui nous aient unis auparavant et quelle que soit la force qu'il puisse utiliser pour offenser notre patrie. »

Non, non, ne cherchez pas, ce n'est pas un paragraphe oublié ou égaré de la Déclaration par laquelle le ministère cubain des Relations extérieures a, le 22 juin 2007, répondu à vos « Conclusions sur Cuba » du 18 juin !

Ces idées, si simples à comprendre quand on a un peu de dignité nationale, ont été avancées voilà maintenant quarante-sept ans, quatre mois et onze jours (par rapport à la date de vos « conclusions »), exactement le 7 février 1960, par quelqu'un dont vous n'avez sûrement le poster punaisé aux murs de vos bureaux lambrissées : Ernesto Che Guevara, devant des travailleurs de l'industrie textile cubaine.

Ce ne sont pas là des « conclusions », donc, mais bel et bien des prémisses inébranlables sur lesquelles la Révolution cubaine a fondé sa politique extérieure et dont elle ne s'est jamais départie. S'il y avait un tant soit peu de continuité dans la vôtre, autrement dit si les gouvernements ne se relayaient pas là-bas, toutes orientations confondues, pour qu'en fin de compte rien ne change jamais - ce qui a toutefois l'avantage, j'en conviens, de donner l'impression que les peuples du vieux continent ont droit à des choix démocratiques et maîtrisent leurs destinées - il serait plus facile à la diplomatie de l'Union européenne de ne pas commettre impair sur impair vis-à-vis de Cuba. Demandez donc à Washington où là, oui, la continuité poussée jusqu'à l'obsession et quasiment maladive a été la règle, ce qu'il a obtenu après presque cinquante ans, non de simples pétitions et pressions diplomatiques, mais bel et bien de guerre économique et financière, assortie d'actions terroristes, d'une invasion militaire, de tentatives d'assassinat de dirigeants révolutionnaires - même le beau Bob Kennedy du si vertueux clan dont on vient d'apprendre qu'il avait trempé directement dans un plan contre Fidel Castro (comme quoi les General Attorneys de l'Empire se ressemblent, puisque le dernier en date, celui de Bush, valide l'usage de la torture comme moyen légal d'obtenir des renseignements) ? Pourquoi n'en prenez-vous pas de la graine, au bon sens du terme, et ne changez-vous pas votre fusil d'épaule ? Compulsez un peu mieux vos dossiers, épluchez l'histoire, renseignez-vous mieux. Si le poids lourd de l'autre côté du détroit de la Floride n'est jamais arrivé à envoyer la Révolution cubaine au tapis en recourant à ce genre de tactiques, pourquoi supposez-vous que vous, qui n'êtes qu'un poids mouche, ferez mieux ?

Tant que vous ne vous débarrasserez pas de vos oillères coloniales, vous continuerez d'aller à l'aveuglette, de faire fausse route. Ce n'est pas en adoptant ce ton (celui de vos « conclusions »), en le prenant de si haut et de si fat avec la Révolution cubaine que vous aboutirez à quelque chose, pour la simple et bonne raison que votre prémisse fondamentale à vous (bandeau de vieille baderne oblige) et qui vous semble irréfutable est absolument et foncièrement erronée : « Cuba doit changer ! »

Diable, au nom de quoi Cuba devrait-elle « changer » ? Et pourquoi devrait-elle « changer » ? Ne savez-vous donc pas (à croire que l'on ne vous apprend pas grand-chose dans vos écoles d'administration nationale respectives) que Cuba a bel et bien « changé » voilà maintenant presque cinquante ans ? Qu'elle est sortie, au terme d'une révolution populaire (un concept qui veut bien dire ce qu'il veut dire), de l'univers économique et politique dans lequel vous la sommez de se réintégrer toutes affaires cessantes en lui demandant de « changer » ?

Vous me rétorquerez : mais nos « conclusions » ne parlent pas de « changement ». Ne prenez donc pas la diplomatie cubaine pour une nigaude ! Le mot apparaît noir sur blanc dans celles de 2006 : « l'UE continuera d'offrir à toutes les composantes de la société un soutien concret au changement pacifique à Cuba. » A partir, donc, de cette prémisse erronée : le « devoir » impératif de Cuba de changer, et d'une autre tout aussi défectueuse dans son arrogance : le « droit » sacro-saint de l'Union européenne de l'obliger à le faire, votre proposition de « dialogue » ne peut que capoter avant même de s'engager. Tout simplement, comme le ministère cubain des Relations extérieures vous le signale pour la énième fois, parce qu'elle est hypocrite. Et qu'il ne peut y avoir dialogue qu'entre égaux et sans conditions (dixit Che Guevara supra).

En fait, votre mentalité coloniale vous empêche de comprendre, tout comme vos collègues du Potomac et de Philadelphie Avenue, que certains gouvernements du tiers-monde, parce qu'ils ont le peuple derrière eux et devant eux et autour d'eux, ont de la dignité - et certains, comme celui de Cuba, parce que garant et moteur d'une vraie révolution, en ont même à revendre - et que jouer les gros bras devant eux est la meilleure manière de se faire refermer la porte au nez.

Vous avez, certes, mis de l'eau dans le vin de vos « conclusions » antérieures, mais, dissimulées sous votre nouvelle peau de mouton, on voit pointer les oreilles ! Entre autres, ce « droit de regard » que vous vous arrogez du haut de votre (petite) vertu politique. Quelques échantillons : « Le Conseil invite instamment le gouvernement cubain à entreprendre les réformes politiques et économiques nécessaires pour améliorer la vie quotidienne du peuple cubain. L'UE s'intéresse de très près à l'évolution de la situation politique à Cuba, notamment celle des droits de l'homme. » Dites-moi, honorables fonctionnaires, le gouvernement cubain a-t-il jamais adressé aux vôtres des injonctions de ce genre ! Je voudrais bien voir votre tête si La Havane vous « invitait instamment à entreprendre les réformes politiques et économiques nécessaires pour améliorer la vie quotidienne » des millions d'Européens, en particulier des membres des races interlopes et à faciès douteux, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, les statistiques officielles faisant foi. Ou si elle décidait de « s'intéresser de très près à l'évolution de la situation politique » en Europe, « notamment celle des droits de l'homme » ? Je ne sache pas que vous si soyez si immaculés, messieurs les gouvernements européens, dans ce dernier domaine.

Alors, pourquoi ce que vous n'accepteriez pas de Cuba, celle-ci devrait-elle l'accepter de vous ? Ne fais pas au prochain ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît. Un bon conseil de diplomatie et de coexistence internationales.

Bref, il faudra bien que l'Union européenne cesse de vouloir donner des leçons si elle veut vraiment engager ce prétendu « dialogue » avec la Révolution cubaine. Pour l'instant, elle fait toujours mauvaise route. Et les diplomates européens continueront de se morfondre ferme dans leurs ambassades de La Havane. De toute façon, je n'ai pas l'impression qu'on les écoute beaucoup dans les ministères de tutelle respectifs, parce que, sinon, j'ai du mal à croire qu'ils soient si ineptes qu'ils vous aient informés, à en croire le premier paragraphe de vos « conclusions », que la maladie de Fidel allait changer les données et le vécu de la Révolution cubaine.

Des agences de presse parlent, au sujet de la Déclaration du MINREX cubain, de « gifle ». Avouons tout de même que vous ne l'avez pas volée. L'Union européenne (et son allié-suzerain d'outre-Atlantique avec) en recevrait un peu plus souvent de la part des petits de ce monde, elle ferait moins la faraude et porterait son « droit de regard » sur elle-même où il y a bien du linge sale à fouiller ! Au train où vont les choses en Amérique latine, du moins, vous risquez d'ailleurs d'avoir à vous frotter la joue plus souvent que de coutume.

Et quel bonheur à la dignité que de lire si fière prose !

Bien à vous, et au prochain camouflet.

Jacques-François Bonaldi (La Havane)
0
sujet activé par la rédaction :: 0 réponse[s]
depeches
abonnes
Niveau 1 :: Jeune dissidence
Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
 
 
© 2002–07 :: v2.0
dernieres actualité
Bretagne : laissez les raver :: 28/06/07
Marxisme et mouvance nationale :: 28/06/07
Le projet étasunien est-il passé au stade de « l’irakisation » de l’Orient arabe ? :: 28/06/07
L’obsession du complot islamique mondial :: 28/06/07
Afrique-USA : «L'Africom aura une structure et une mission exceptionnelles » :: 28/06/07