Quand j'entends le mot "culture" , je sors mon hamburger
Mario Resca , ex-patron de McDonald's Italie, vient d'être nommé à la tête des musées nationaux et sites archéologiques de la Péninsule.
Il avoue "ne pas être un expert du monde des arts".
Adoptant la langue de bois du « modernisme » mondialiste, il affirme vouloir « dépoussiérer les musées du pays » et promouvoir la « marque Italie ». Il compte aussi encourager le partenariat avec des entreprises et des institutions étrangères, notamment américaines, dans le but "de développer l'échange et le prêt d'oeuvres afin d'augmenter les revenus des établissements italiens".
La gauche proteste, évidemment, avec véhémence, oubliant qu’elle a contribué à l’avènement d’une industrie culturelle dont Mario Resca ne fait que poursuivre la logique, mais sur un mode libéral.
La culture étatisée se voulait un élitisme pour tous : elle n’a abouti qu’à une usine à gaz dont seuls les petits malins, les propagandistes, les copains et les coquins, les fumistes, les nullités et les fonctionnaires des arts peuvent comprendre les arcanes. Nous sommes entraînés, avec la masse, dans des expositions temporaires et médiatisées, aux longues queues et à la contemplation du dos et des crânes de nos concitoyens, ce qui, à vrai dire, ne nous change guère de l’univers des « fast food ». De même, qui n’a pas admiré les théories blasées des publics captifs en tout genre, allant pérégriner dans les lieux « évènementiels », découvrant avec perplexité les inventions géniales de nos installateurs et autres conceptualistes ? Les chiffres occultent la réalité plus sordide d’une société consumériste de moins en moins sensible aux créations profondes, et de moins en moins éduquée à la délectation artistique. Le nombre d’entrées aux musées et autres « espaces » culturels, dont les statistiques sont aussi pertinentes que l’étaient celles de l’industrie soviétique, est inversement proportionnel à ce qui reste de happy few dans une société abêtie par la télévision et cyniquement mercantile.
Mario Resca en tire les conséquences : les nations européennes sont des entreprises dont le patrimoine est le capital qu’ont légué les ancêtres. Il faut le faire fructifier, d’autant plus que l’art contemporain nous a habitué à une connivence intime entre la création et le monde de l’argent.
On peut dire par là que Berlusconi achève le processus d’annihilation de l’identité italienne, donc, en grande partie, européenne.
Mais l’Italie ne nous a-t-elle pas habitué, depuis des siècles, des millénaires, à se situer à l’avant-garde des évolutions artistiques ?