
L'armée irakienne et les milices kurdes, aidées par des raids aériens américains, ont repris lundi 18 aôut, après deux jours d'intenses combats, le contrôle du barrage de Mossoul, dont les djihadistes de l'Etat islamique s'étaient emparés début août. Une victoire saluée par le président Barack Obama en personne, tant ce site est capital en Irak.
Une infrastructure symbolique
Le barrage, construit en 1980 et inauguré en 1986, était un projet prestigieux porté par Saddam Hussein. L'édifice, baptisé à l'origine « barrage Saddam », mesure 113 mètres de haut et s'étend sur 3,4 kilomètres de long, sur le fleuve Tigre.
C'est le quatrième plus grand au Moyen-Orient, selon une étude d'investissement présentée en 2010 à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Indispensable pour l'eau et l'électricité
Cette infrastructure est essentielle aux besoins de tout le nord du pays. La centrale hydroélectrique fournit jusqu'à 1 000 MW d'électricité, et approvisionne 675 000 foyers irakiens.
Le barrage retient 12 milliards de mètres cubes d'eau, indispensables à la consommation d'un million d'habitants mais aussi à l'irrigation des cultures de la province de Ninive. La question du contrôle du fleuve Tigre est cruciale dans la région.
Un colosse fragile et dangereux
Le barrage a été construit sur des fondations peu solides, et il est victime de l'érosion. En 2007, un rapport d'ingénieurs de l'armée américaine l'avait qualifié de « barrage le plus dangereux du monde » et avait dénoncé le gaspillage d'une enveloppe de 27 millions de dollars versée pour un projet de reconstruction. Ces critiques avaient été balayées à l'époque par les autorités irakiennes.
En se rompant, le barrage déverserait une vague qui pourrait atteindre 20 mètres de haut sur les régions en aval – dont la ville de Mossoul. En faisant exploser sa structure, les djihadistes de l'Etat islamique auraient pu entraîner la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Au cœur d'une région en plein chaos
La reprise du barrage de Mossoul dans le nord d'Irak est le revers le plus important infligé au djihadistes depuis que ce groupe ultraradical a lancé le 9 juin une offensive fulgurante qui lui a permis de s'emparer de larges pans du territoire irakien.
Pour justifier la trentaine de raids aériens menés au cours du week-end, Barack Obama avait fait valoir que « la perte du barrage de Mossoul pourrait menacer la vie d'un grand nombre de civils, mettre en danger le personnel américain et les installations des Etats-Unis, y compris l'ambassade à Bagdad ».
Les responsables irakiens, qui poursuivent leur contre-offensive, ont annoncé que le prochain objectif était désormais de reprendre la ville de Mossoul, la plus importante cité du nord de l'Irak.