Ou comment le oui minoritaire dans le pays l'emporte encore dans le texte socialiste.
Le projet socialiste sur lequel tous se sont mis d’accord - à l’exception de quelques abstentions- comme aux plus jours de la synthèse au congrès du Mans comprend une partie sur l’Europe.
Au lendemain du référendum, restait à savoir qui dans le texte, des partisans du OUI ou de ceux qui ont préconisé le vote NON, allait faire prévaloir son point de vue. Manifestement, le OUI l’aurait emporté dans le pays, le texte socialiste n’aurait pas été très différent.
Le texte
Faire réussir la France en Europe et dans le monde
La France a un rôle majeur à jouer dans le monde. Outre sa qualité de membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, elle dispose d’atouts importants économiques, culturels, militaires, ceux d’un pays moderne qui a su, déjà dans le passé, mener des adaptations majeures quand le monde changeait. Pour autant, aujourd’hui, l’influence de la France dans le monde régresse. La droite mène une politique confuse qui oscille d’une position à l’autre. Elle n’arrive pas non plus à convaincre en Europe. Ce constat constitue la toile de fond d’une politique qu’il faut repenser dans ses fondements pour retrouver une force d’entraînement dans un monde dangereux qui connaît d’importantes évolutions : l’émergence de grandes puissances politiques et économiques en Asie, avec la Chine et l’Inde, la nouvelle donne en Amérique Latine, l’enfoncement dans la crise de la plupart des pays africains, les conflits présents et à venir pour l’énergie, les menaces sérieuses sur les équilibres écologiques, l’existence d’un terrorisme mondial, les contradictions aiguës de l’hyper puissance américaine, la réalité d’une Europe, composée non plus de 6 ou de 12 États membres, mais de 25 et bientôt 30... Le réformisme doit aussi s’appliquer à la politique extérieure de la France. Nous avons besoin d’un nouveau cadre conceptuel. Il convient d’abandonner la nostalgie de la « Grande Nation », au profit d’une stratégie d’influence et de conviction.
Remarque :
Dés le début le ton est donné. On vante la France pour son histoire, la voie tracée au monde entier, son affirmation donc en tant que Nation éclairant les peuples pour aboutir quelques lignes plus loin à l’abandon pur et simple de la Nation au nom d’un réalisme qui mêle pour convaincre l’environnement international, les conflits, les USA, le passage d’une Europe de 6 à 12 puis de 25 à 30... Aucune analyse sérieuse de la situation internationale, rien là-dedans qui puisse dégager les lignes de force d’une véritable politique internationale, mais seulement un inventaire confus qui n’a pas d’autre but que de concilier dans le parti socialiste ceux qui il y a un an se sont retrouvés sur des positions pourtant radicalement opposées sur le traité constitutionnel. La dernière phrase donne le sens de toute cette partie : « Il convient d’abandonner la nostalgie de la « Grande Nation », au profit d’une stratégie d’influence et de conviction ». Par « Grande Nation » entendons Nation tout court. Reste alors à voir par quoi nos socialistes veulent remplacer le cadre issu de la révolution française.
Le texte
Chercher à définir de façon plus large la Nation, ce n’est pas dénier la force maintenue de l’idée nationale, c’est lui donner davantage de moyens d’action. Pour maîtriser les antagonismes de la planète et conjurer les dérives libérales de la mondialisation, la France doit jouer toute sa part pour faire exister une communauté internationale vivante, rassemblée le plus possible autour de valeurs partagées. Cette démarche que nous proposons au pays, demande des inflexions à ce qu’a été, jusqu’à présent, la politique française.
Remarque :
Aidons les socialistes qui demeurent là dans le flou artistique. On nous propose de dépasser le cadre de la Nation pour faire exister « une communauté internationale vivante rassemblée le plus possible autour de valeurs partagées ». Mais cela a existé, et pour quels résultats ? C’est précisément lorsque les amis des socialistes, les « partis frères » étaient majoritaires en Europe que l’élargissement s’est opéré et que les traités les plus réactionnaires ont été adoptés ! Si ce n’est à ce passé que nos socialistes veulent se référer, que signifie « la communauté internationale vivante... » ? Les peuples ? Mais quel cadre les peuples ont-ils d’autres que le cadre national pour exprimer leur souveraineté et faire peser leur volonté ? Nos socialistes utilisent les formules creuses pour poursuivre dans une voie qu’ils réaffirment plus loin.
Le texte
I- Faire de l’Europe un projet et non une contrainte L’Europe est aujourd’hui en panne.
Remarque :
Tout dépend de ce qu’on entend par là ! Panne de quoi ? Quand les députés européens (si on peut appeler cela du nom de députés) adoptent un rapport qui veut créer un marché commun avec les USA, il n’y a pas de panne, mais la poursuite d’une ligne qui est celle de l’agent buschiste Barroso, soumettre l’Europe entièrement aux ordres de l’impérialisme US. De même, lorsque les directives européennes continuent de s’appliquer au détriment des peuples, il n’y a pas plus de panne. Ce qui est en panne, c’est la légitimation d’une politique qui a été rejetée par le NON français le 29 mai 2005. C’était l’enjeu du référendum. Il fallait un OUI populaire pour autoriser toutes les mesures sans plus de discussion. La victoire du NON n’est pas synonyme de panne mais d’affirmation de la volonté populaire de voir stopper une politique toute tournée contre les peuples et leurs intérêts les plus immédiats.
Le texte
Le cours trop libéral imprimé à la construction européenne a obscurci pour les peuples européens le projet européen d’une intégration solidaire. Ses institutions ne sont pas adaptées à une Union à 25 États membres, bientôt à 30. Elle ne dispose pas d’un budget à hauteur de ses ambitions. Elle souffre d’un déficit démocratique.
Remarque :
Après la panne, nous voilà rendus au déficit démocratique. Ces arguments constituent une tarte à la crème que se refilent indistinctement tous les partisans défaits du OUI, de « droite » comme de « gauche ». Déficit démocratique ? Mais le point de départ de la démocratie, n’est-ce pas la consultation du peuple et le respect par les responsables de la position majoritaire une fois qu’elle a été dégagée ? Il ne tient qu’au PS d’exiger que soit enfin pris en compte les refus français et hollandais du TCE. Ce sont les dirigeants du PS qui, en plein accord avec Chirac, ont décidé de s’asseoir sur les résultats démocratiques du 29 mai !
Le texte
Et pourtant, l’Union Européenne demeure plus que jamais l’horizon de notre action, un outil majeur pour maîtriser notre avenir. L’Europe élargie, qui ne peut pas être le simple prolongement de la construction imaginée par les pères fondateurs après guerre, peut-être pour la France un multiplicateur d’influence à condition que notre pays adopte une démarche de conviction, de propositions, de partenariat.
Remarque :
Ce qui est là intéressant c’est le passage d’un paragraphe à l’autre de l’Europe à l’Union Européenne. L’escroquerie européiste repose en partie là-dessus. L’Europe est une réalité, des peuples, des nations, des formes politiques. L’Union européenne qu’on veut nous faire passer pour l’Europe est une construction faite de traités, d’institutions qui n’ont rien à voir avec les peuples, qui les rejette.
Le texte
Aussi, la construction d’une Europe à plusieurs dimensions est indispensable. Elle passe par des coopérations renforcées, dans de nombreux domaines qui évitent une conception figée autour d’un « noyau dur ». Le recours à des solutions à géométrie variable, selon les affinités, les complémentarités, la nature des projets paraît préférable.
Remarque :
Très juste mais cela appelle une question. Des coopérations, mais entre qui ? Encore faudrait-il prononcer le gros mot pour que cela ait un sens : entre les Nations souveraines. L’histoire de l’Europe montre d’ailleurs que chaque fois qu’elle a progressé, c’est ainsi que les choses se sont faites. Airbus est l’exemple souvent cité, mais très juste. L’Europe ne peut avancer que comme cadre de coopérations librement consenties entre nations souveraines. L’exact opposé de ce qui se produit quotidiennement, lorsque les directives de la commission sont imposées aux parlements nationaux qui entérinent sans rechigner. Il faut également souligner que les rédacteurs de ce projet ne sont pas à une contradiction prés. En effet, ils préconisent le « recours à des solutions à géométrie variable » au nom d’un parti qui a appelé à voter OUI à un traité constitutionnel qui interdisait explicitement les coopérations renforcées « à la carte », sauf dans quelques conditions qui, de fait, les rendaient impossibles.
Le texte
Pour les questions économiques et sociales, pour tout ce qui relève des politiques sociales, de l’harmonisation fiscale, de la convergence des politiques budgétaires, nous devons partir de la zone euro. Pour la politique de défense, avec l’installation d’une agence de l’armement, le triangle France-Allemagne-Grande-Bretagne peut être moteur, avec tous ceux qui le veulent. L’essentiel consiste à assurer une relance rapide, concrète et concertée de l’Union Européenne sur des sujets névralgiques pour son avenir : la recherche, la formation, l’énergie, le droit du travail...
Remarque :
Il serait simple de dire là « qu’il faut donc que les nations concernées à travers une série de sommets se mettent d’accord. Que la France le proposera et prendra les initiatives dans ce sens ». Mais c’est l’inverse. Tout est soumis à l’Union Européenne, c’est-à-dire que l’avenir est remis dans les mains d’institutions supranationales dont nul ne sait d’où viennent les membres qui les composent, qui sont non élues et non contrôlées... La messe est dite. Au fait, si le OUI avait gagné, en quoi ce texte aurait-il été différent ? De plus, là aussi, le TCE, qui est toujours inclus dans la constitution française suite à la révision de 2005, interdit l’harmonisation fiscale. Si on voulait parler sérieusement, il faudrait aussi proposer la fin des paradis fiscaux européens, Luxembourg, îles anglo-normandes qui ne sont pas membres de l’UE et autres inventions baroques à destination de l’oligarchie financière et des mafias.
Le texte
La crédibilité même de l‘Europe élargie exige une clarification et une définition de ses frontières. L’incertitude sur cette question déterminante ne peut pas durer. L’élargissement de l’Union doit dans un premier temps se limiter à l’examen des candidatures actuelles. Pour les pays dont la candidature est actée, nous devrons veiller au respect des critères exigés, qu’ils soient démocratiques, économiques ou sociaux.
Remarque :
La question de l’élargissement de l’Europe est récurrente. 25, 30 ou plus ? Comme garantie apparente contre un élargissement sans limite, on veut ici donner quelques critères « démocratiques, économiques ou sociaux ». A voir ce qui se passe dans certains des pays déjà membres, cela promet ! Et pourquoi ne pas mentionner comme premier critère l’avis des peuples eux-mêmes qui à chaque occasion - référendum, élections au parlement européen- ont pu indiquer à qui voulait bien les entendre ce qu’ils pensaient de cette construction supranationale. Mais de quoi se mêlent donc les peuples ?
Le texte
Dans le même esprit, nous devons donner une consistance beaucoup plus forte de notre politique de voisinage, en proposant un véritable partenariat stratégique aux États voisins. Une démarche clairement euro-méditerraéenne doit être conduite avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée. La France, par son histoire et sa géographie, est bien placée pour la défendre.
Remarque :
Outre le marché, c’est-à-dire la libéralisation sans limite des échanges qui fonde l’Union européenne, quelle différence avec les autres nations ? Pourquoi vouloir nous fondre en Europe et nous contenter d’un « partenariat stratégique » avec les états voisins ? Est-ce la notion d’Europe blanche et catholique qui domine ? à propos de stratégie justement, on remarquera qu’une politique étrangère commune n’existe pas. Certains pays de l’UE sont membres de l’OTAN, à des titres divers, d’autres ne le sont pas. La Pologne et quelques autres se conduisent comme des relais directs de la politique US, ne prenant de l’UE que les subventions. Quand on sait que le gouvernement polonais semble prêt à laisser implanter sur son territoire les installations US du nouveau projet de « défense stratégique » de Bush, un remake de la « guerre des étoiles » de Reagan, explicitement dirigé contre la Russie, on ne peut qu’être très inquiet. Mais visiblement, les rédacteurs de ce projet « socialiste » ne sont au courant de rien. Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, l’ignorance le dispute à l’incompétence et au mensonge organisé.
Le texte
Les socialistes français doivent proposer aux autres socialistes européens des objectifs clairs qui puissent influencer le socialisme européen tout entier et le programme du Parti Socialiste Européen.
Remarque :
Voir plus haut. Les socialistes européens ont déjà été majoritaires en Europe. Le résultat est là... Quand on sait comment les « socialistes européens » ont appuyé Villepin et le CPE, on voit tout de suite que « socialisme européen » n’est pas vraiment différent de la droite européenne avec laquelle ils ont coutume de se partager les postes au sein des institutions de l’union européenne.
Le texte
Nous mettrons en avant des propositions d’abord pour favoriser la croissance européenne, avec l’inscription de l’objectif du plein emploi dans les statuts de la Banque Centrale Européenne ; avec une politique de préparation de l’avenir pour accroître la part du PIB de l’Union Européenne consacrée à la recherche et au développement, pour développer les infrastructures de transport, pour donner une nouvelle dimension à l’effort européen en matière d’éducation et de formation ; avec une politique industrielle promouvant des pôles et des secteurs industriels européens compétitifs.
Remarque :
L’indépendance de la banque centrale, la non remise en question des traités dont celui de Maastricht sur cette question clôt la discussion avant de l’avoir ouverte. Dans le cadre institutionnel qu’il ne s’agirait pas de remettre en question, tout cela est de la logorrhée sans autre but que de noyer la réflexion à gauche dans un brouhaha de mots dénués de sens.
Le texte
? Nous devrons, ensuite, restaurer les outils de la solidarité en Europe, avec un budget européen plus important, la possibilité pour l’Union Européenne d’émettre des emprunts, une réforme de la Politique Agricole Commune et des politiques de solidarité territoriale. Nous devons également développer des mesures européennes en matière sociale en nous donnant l’objectif d’un Traité Social promouvant surtout les principes d’une « sécurité sociale professionnelle ».
Remarque :
La question de la « sécurité sociale professionnelle » prend là toute son importance. Il s’agit de montrer le lien avec toutes les directives européennes qui aboutissent à la remise en cause du droit du travail, de l’instruction, de la reconnaissance de la qualification, des métiers ! La « sécurité sociale professionnelle » est l’acceptation de la « flexibilité » et de la « séparabilité » comme le revendique la présidente du MEDEF Laurence Parisot, avec un filet de sécurité payé par les contribuables. C’est l’acceptation de voir substituée aux métiers basés sur la qualification « l’employabilité » et in fine le travail à la tâche. Dès lors que cette « sécurité sociale professionnelle » serait instituée, le code du travail volerait en éclat. Que la CGT de Le Duigou et Thibaud se soit ralliée à cette position n’est pas très étonnant. Une partie de la direction de la CGT (notamment Le Duigou) est pleinement intégrée, sur tous les plans, aux institutions de l’UE, et ce contre le sentiment de l’immense majorité des cadres et adhérents de la centrale.
Le texte
Les intérêts de l’Union dans une concurrence commerciale désormais mondiale, doivent être défendus pour établir des règles sociales et environnementales applicables aux produits importés -ce qui suppose un débat sur les règles de l’OMC- et pour affirmer le rôle de l’Union Européenne dans les institutions financières institutionnelles. Enfin, nous devons être à l’origine d’un projet fiscal fondé au départ sur la détermination de règles d’harmonisation entre les pays de la zone euro.
Remarque :
Voir ci-dessus. Cette prose n’est qu’une bouillie au demeurant interdite par les institutions respectées de l’Europe.
Le texte
Ces propositions de clarification et de relance de la construction européenne demandent naturellement que nous reprenions la question institutionnelle. Car, l’Europe élargie ne pourra demain décider de façon efficace et peser dans le monde qu’avec d’autres institutions que celles du Traité de Nice. Et, la marche vers une Europe sociale n’est pas dissociable de celle vers une Europe politique. La France détiendra la présidence de l’Union Européenne au second semestre 2008. Cela demande que le gouvernement issu des élections de 2007 puisse convaincre ses partenaires d’aller de l’avant. Nous refuserons une ratification du Traité Constitutionnel Européen tel qu’il a été » rejeté le 29 mai, même s’il est accompagné » d’un nouveau préambule.
Remarque :
L’objectif est donc clair. La soumission pour le social, le politique, et ce qui en découle aux institutions européennes. Concernant la dernière phrase, rien n’interdisait aux élus socialistes d’exiger un nouveau congrès pour retirer la révision de 2005...
Le texte
Nous proposerons l’élaboration d’un Traité constitutionnel qui organise efficacement les pouvoirs dans une Union Européenne plus démocratique. Nous proposerons d’aller dans le sens fédéraliste d’une véritable démocratie parlementaire européenne, avec un Parlement Européen exerçant les pleins pouvoirs législatifs et budgétaires, un Président de la Commission élu par le Parlement issu de la majorité politique issue des urnes, un Conseil Européen, avec à sa tête un Président de l’Europe.
Remarque :
Alors que précédemment on nous rassure sur la volonté de ne pas faire passer le traité rejeté le 29 mai, on nous matraque maintenant en annonçant l’élaboration d’un nouveau traité constitutionnel pour aller dans « le sens fédéraliste ». La messe est dite, contre le peuple, contre la souveraineté populaire exprimée le 29 mai. A nouveau, si le OUI avait gagné, quelle différence y aurait-il ? Juste l’économie d’une nouvelle rédaction. Les socialistes sont partisans d’une Europe supranationale, et ne se rendent même pas compte que les chimères fédéralistes sont mortes le 29 mai. Mais ils persévèrent... C’est précisément le fédéralisme qui est une impasse. Seul Hubert Védrine l’avait fait remarquer à quelques jours du congrès du Mans.
Le texte
Pour ce faire, beaucoup passera encore par l’entente entre la France et l’Allemagne. Mais ce n’est plus suffisant dans l’Europe élargie. La France doit avoir une présence plus forte dans les institutions européennes et nouer des partenariats avec les autres pays, question par question, sujet par sujet, en sachant prendre en compte aussi leurs points de vue.
Remarque :
Le seul moment où on fait appel aux États ou aux nations, c’est pour les instrumentaliser dans un combat pour leur propre destruction...
Le texte
II- Maîtriser la mondialisation
La mondialisation est un fait, et, en même temps, son cours actuel n’est pas une fatalité. Nous voulons maîtriser la mondialisation, à la différence de la droite qui prône une « adaptation » qui passe par la remise en cause de nos systèmes sociaux, juridiques, fiscaux. Fidèles à notre vocation internationaliste, nous combattons pour d’autres règles qui visent non pas au repli de chaque pays derrière ses frontières, mais au développement d’échanges équilibrés qu’ils soient politiques, économiques, culturels.
Remarque :
Comment avancer dans l’intention « internationaliste », prôner des « échanges équilibrés » dans la négation des nations en tant que telles ? Ce type de paragraphe est fait pour en donner à tout le monde et participe à la confusion générale. Mais surtout la « mondialisation » est un concept amorphe. Si on veut parler de « mondialisation », on pourrait parler de sa réalité : c’est la mondialisation financière, c’est-à-dire la mise en coupe réglée des États au profit du capital financier.
Le texte
Nous prenons trois grands engagements. ? Mettre en œuvre une réforme de la « gouvernance » mondiale.
Remarque :
Le vocabulaire n’est pas neutre. La gouvernance, c’est le mot à la mode de élites du capital financier, celui qui prétend faire disparaître la politique et la question du gouvernement des hommes derrière un système en marche automatique qu’il faut simplement réguler. L’origine du concept de « gouvernance » est à rechercher dans les travaux de l’OCDE. C’est ensuite Lamy (cet ami des puissants qui ne veut aucun bien aux travailleurs) qui s’était illustré en parlant du « saut technologique de gouvernance). Que le projet socialiste reprenne ce novlangue totalitaire en dit long sur le degré de corruption des esprits à la direction de ce parti.
Le texte
C’est un préalable. Si l’on veut changer les normes internationales, il faut réformer les organisations qui les émettent. Nous proposons la constitution d’une véritable « ONU économique ». C’est une revendication déjà portée par d’autres partis socialistes, des syndicats et des ONG pour qu’il existe un cadre où puisse se définir la hiérarchie des normes internationales. Ce Conseil Mondial, quel que soit son nom, devra se substituer au G8 dépourvu de légitimité et peu opérant.
Remarque :
Il faut dire qui composera cette ONU ? Qui y mandatera ses membres ? Quelle légitimité ? Et surtout quelle sera son orientation ? Il y a déjà une ONU économique : c’est l’OMC ! Et elle est même dirigée par un « socialiste » (sic), l’ineffable agent stipendié Lamy.
Le texte
Assurer le financement du développement. Nous aurons, pour la France, avec l’Europe évidemment et dans le cadre des institutions internationales, à reprendre une proposition d’annulation totale de la dette des pays les plus pauvres. Les conditions actuelles sont trop restrictives et imposent des mesures libérales contraires aux intérêts des peuples. Il faut que cette annulation puisse être mise au service du développement. Ce sont des critères de transparence, de lutte contre la corruption, du respect des Droits de l’Homme, de démocratie qu’il faut mettre en avant.
Remarque :
Alors les socialistes demanderaient-ils la fin du FMI ? Alors même que leurs amis du « socialisme européen » et eux-mêmes quand ils sont au pouvoir organisent la mise en coupe réglée des pays pauvres et leur soumission à tous les plans d’austérité qui affament les pauvres ?
Le texte
Il faut que cette annulation de la dette puisse être accompagnée d’autres politiques. C’est toute la question du budget de l’aide publique au développement. Nous devons donc prendre des engagements nets. L’aide publique au développement doit porter sur 0,7 % du PIB. Il faut en même temps réorienter cet effort pour privilégier l’éducation et la santé qui sont l’essentiel, en changer les modalités pour utiliser des formules multilatérales, et s’appuyer davantage sur les ONG. Il faut également trouver de nouvelles ressources au-delà de l’aide, pour financer les biens publics mondiaux. La première taxe sur les billets d’avion doit être généralisée et étendue à d’autres domaines. D’autres gisements fiscaux ou paradis fiscaux sont à rechercher, autour des idées d’une taxe sur le budget publicitaire des laboratoires pharmaceutiques, d’une taxation des émissions de carbone, de taxes de type « Tobin » sur les taxations financières de nature spéculative.
Remarque :
Il s’agit donc de généraliser et de développer ce qui est aujourd’hui en place en reprenant à son compte à la fois la taxe Tobin des alter mondialistes et celle des billets d’avion de Chirac. C’est d’ailleurs dans l’ensemble du Chirac ou du Villepin pur sucre. Rien sur l’impérialisme, les intérêts capitalistes des laboratoires dans le domaine de la santé par exemple, le pillage des ressources naturelles qui mettent à genoux les pays concernés, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes...
Le texte
Il faut enfin lutter efficacement contre les « paradis fiscaux ». C’est tout le système de blanchiment qui altère les règles du commerce international, de l’échange et du rapport entre les États, qui doit être mis en cause. Il faut lever le secret bancaire dans le cadre de coopérations financières internationales.
Remarque :
On pourrait même envisager la levée du secret bancaire de façon plus large... Mais comment faire quand par ailleurs on soutient à l’OMC et à l’UE la déréglementation (rappelons que ce sont les socialistes français avec Beregovoy qui ont totalement déréglementé les marchés financiers en France) ? Comment faire quand on s’acharne à priver les états-nations de tout moyen d’action sérieux contre les mafias et les lessiveuses genre « Clearstream » ?
Le texte
Promouvoir le développement durable. La France, et les pays européens, doivent proposer des politiques de lutte contre le réchauffement climatique, de protection de la biodiversité, des politiques énergétiques et des transports, d’accès à l’eau, dont les coûts ne reposent pas exclusivement sur les pays directement concernés, mais soient pris en charge par la collectivité internationale. Parmi les urgences, les socialistes militent pour la création d’un fond mondial de l’eau dont l’accès est si important dans nombre de pays, le renchérissement à l’échelle de la planète des coûts des transports les plus polluants pour financer les transports collectifs dans les pays émergents, la mise en œuvre vigilante des engagements du protocole de Kyoto avec une pénalisation des pays non signataires.
Remarque :
La France doit en effet proposer tout cela. Et pourrait même montrer l’exemple. Quelle politique incitative en France sur la question de la pollution ? Sur celle des carburants non polluants ? Sur l’eau et la nationalisation ? Etc....
Le texte
III- La France dans le monde
Une politique extérieure forte demande évidemment de prendre en compte les réalités, les intérêts et les oppositions politiques et culturelles. Pour autant, sans naïveté, elle doit être guidée par des principes, un souci éthique et une volonté démocratique. Le respect des Droits de l’Homme, le refus du terrorisme, le contrôle et la limitation de la prolifération nucléaire, la régulation des ventes d’armes, la préoccupation du développement de tous les pays sont au cœur de nos engagements.
Remarque :
Là aussi il faudrait montrer l’exemple. Une bonne chose qui serait sans doute embarrassante pour pas mal de monde serait avec la levée du secret bancaire la levée du secret défense. L’histoire des frégates par exemple sur nos échanges internationaux et le rayonnement de la France dans le monde y trouverait une place de choix.
Le texte
Cette approche aboutit également à militer pour un meilleur contrôle du Parlement sur la politique étrangère. Donnons une plus grande place pour le débat public au Parlement qui devra être saisi avant tout engagement de l’armée française. C’est une condition d’efficacité. La politique étrangère doit rompre avec la mise en scène du secret.
Remarque :
A cette occasion on découvre que le parlement français devrait pouvoir mieux débattre sur l’engagement de l’armée française. Mais pourquoi seulement débattre et pas décider ? A cette occasion la logique développée est celle du replâtrage sauvetage des institutions de la 5ème république et non du seul processus cohérent qui permettrait d’avancer, celui d’une constituante souveraine pour une république nouvelle.
Le texte
Plusieurs références ou attitudes de notre politique extérieure tendent aujourd’hui à être dépassées et doivent être redéfinies. Il nous faut affirmer la vocation européenne de notre diplomatie. Dans certains domaines, la politique européenne doit être le vecteur majeur de notre action. L’Europe ne peut plus être considérée comme une affaire extérieure, sauf à ne rien comprendre aux évolutions des deux dernières décennies ! Ainsi « la politique arabe de la France » doit être mieux orientée en relation avec notre action au sein de l’Union Européenne. Il en va de même pour notre politique africaine : l’invention d’une autre voie, rompant avec la « France-Afrique », fondée sur l’essor de la coopération économique, la présence accrue de l’Europe, le développement de la francophonie doit être à l’ordre du jour. Il ne s’agit pas d’abdiquer nos responsabilités, mais de leur donner une autre dimension, et finalement, plus d’efficacité.
Remarque :
Pour qui sait lire et dépasser les bonnes intentions ronflantes, ce paragraphe signifie qu’il faudrait soumettre la diplomatie française non à la place de la France en Europe, mais à l’union européenne, c’est-à-dire à la construction politique antidémocratique en cours. C’est la liquidation de notre indépendance au nom de l’Europe, et donc de la voie de la France à l’extérieur. Avec ce raisonnement, Chirac n’aurait rien dû dire sur la guerre en Irak, sinon se ranger derrière l’avis majoritaire en Europe et envoyer la troupe !
Le texte
Notre politique étrangère, si elle veut opter pour de vrais axes réformistes, doit privilégier trois horizons ; la politique d’aide au développement, avec la volonté d’y consacrer 0,7 % du PIB en privilégiant les pays les moins avancés, une attitude moins défensive dans le commerce avec les pays pauvres ; le renforcement de la dimension méditerranéenne ; une présence plus active à l’Est de l’Europe où la diplomatie de Jacques Chirac depuis 2002 nous a fait perdre beaucoup de temps et de terrain. Il convient sans tarder de s’engager dans des politiques d’alliances fortes et solides avec toutes ces Nations Européennes dont la proximité culturelle et souvent linguistique est réelle.
Remarque :
Comme là aussi il en faut pour tout le monde, peut-on lire dans ce texte, que « Il convient sans tarder de s’engager dans des politiques d’alliances fortes et solides avec toutes ces Nations Européennes dont la proximité culturelle et souvent linguistique est réelle ». Ce avec quoi on ne peut être que d’accord, en soulignant la contradiction avec les paragraphes qui précèdent.
Le texte
Nous devons refonder une relation transatlantique différente. La diplomatie française vis-à-vis des Etats-Unis d’Amérique doit pouvoir associer pragmatisme et principes. L’atlantisme à la britannique, celui dont a fait preuve jusqu’à l’absurde Tony Blair dans l’affaire irakienne, n’a pas de sens, mais l’anti-américanisme de principe, souvent rhétorique, est une impasse. La seule issue repose, en fait, sur une nouvelle relation avec les Etats-Unis, fondée sur le dialogue et la légitime confrontation des intérêts et des analyses. La France peut jouer un rôle-clé dans l’instauration de cette nouvelle relation entre l’Europe et les Etats-Unis. Les sujets et les conflits, où la recherche de solutions communes est possible et souvent nécessaire, ne manquent pas : Proche-Orient, Iran, défis énergétiques et environnementaux, réforme des institutions financières internationales etc... Il est vital pour la vie internationale que les Etats-Unis, trop sûrs de leur puissance et tentés par l’unilatéralisme, agissent comme un membre plein et entier de la communauté internationale et en respectant les principes et les règles.
Remarque :
La question qui évoque Blair et les Etats-Unis renvoient à la question de la guerre d’Irak. Lire dans ce contexte « mais l’anti-américanisme de principe, souvent rhétorique, est une impasse » peut faire redouter les véritables intentions des auteurs de ce texte. Auraient-ils tenu bon face à Bush, ou au contraire auraient-ils fait preuve de « mesure ». Il est fort à craindre qu’ils auraient été les supplétifs des aventures anglo-saxonnes...
Le texte
Face au désordre mondial, le multilatéralisme, en effet, demeure la seule réponse cohérente, dès lors que l’on prend la peine d’engager de vraies réformes des instances internationales en place. IV Pour une nouvelle politique de la défense Car les questions de défense et de sécurité doivent être traitées à la lumière de notre analyse de la situation internationale et de notre projet de politique extérieure. Aujourd’hui, le désordre mondial est marqué par de nouvelles menaces : le terrorisme, mais aussi les risques croissants de prolifération nucléaire. Celles-ci s’ajoutent aux risques plus traditionnels qui n’ont pas disparu, même si la construction Européenne et son élargissement nécessaire à l’Est contribuent puissamment aux conditions d’une paix durable sur notre continent.
Remarque :
C’est tout l’inverse qu’on peut craindre. La Yougoslavie est un exemple. La balkanisation de l’Europe et la négation des nations sont porteuses de violences, de troubles et de guerre.
Le texte
Dans ce contexte à la fois difficile et complexe, nous devons promouvoir une politique de défense, clairement assumée au service de la démocratie, des droits de l’Homme, de la paix, et conforme à nos principes internationalistes. Cette politique, qui ne se confond pas avec celle de la droite, doit poser trois priorités et choix majeurs. ? Nous devons d’abord affirmer que la politique de défense de la France passe par une inscription résolue dans une politique européenne de sécurité et de défense. D’où la nécessité d’une participation de la France au Conseil de Sécurité des Nations Unies, menée en étroite collaboration avec nos partenaires européens. Plus concrètement encore, la relance d’une politique de défense européenne exige, une solidarité sans faille des États membres, une communauté d’analyses et d’objectifs de défense et de sécurité, et des coopérations fortes, en termes d’équipements, de développement technologique et d’industries d’armement. Elle revient aussi à l’acceptation d’une certaine forme de normalisation de nos relations militaires avec les pays Africains, tenant compte de deux exigences : celle du partenariat européen, et de la volonté des peuples africains concernés.
Remarque :
Sont mélangées là les notions de coopération industrielle et technologique qui ne pourront être résolues que par des accords entre nations souveraines et une politique étrangère commune ce qui n’a strictement rien à voir. Oui à la première, indépendance sur la seconde.
Le texte
Nous devons ensuite, impulser un nouveau modèle d’armée, intégrant une reconfiguration de l’armée de terre, et une rationalisation des programmes d’investissements. Pour autant, évitons tout malentendu. Il n’est pas question de « désarmer », en une période où nos concitoyens, à juste titre, perçoivent le monde, comme plus dangereux et plus menaçant. La dissuasion nucléaire doit rester en vigueur. Elle doit nous permettre d’interdire toute agression sur nous-mêmes et nos partenaires de l’Union Européenne.
Remarque :
Encore une fois : quid de la politique étrangère ? Une politique militaire au service de quelle politique ? L’armée française est engagée sur de nombreux théâtres d’opération comme l’Afghanistan et l’Afrique. Voilà des questions précises que le projet évite soigneusement.
Le texte
Elle repose sur un mode d’emploi technologique et des procédures indépendantes.
Nous devons, enfin, promouvoir une démocratisation de l’outil militaire. De ce point de vue, il faut que l’armée soit pleinement dans une forme de normalité démocratique, au regard de la société qu’elle protège. La poursuite de la professionnalisation impose un lien fort entre l’armée et la Nation. Celui-ci pourrait se matérialiser par un volet « défense » du service civique pour tous les jeunes âgés de moins de 21 ans. Encore une fois, tout cela n’a aucun sens ! Comment décider d’une politique militaire de la France quand on est entièrement engagé comme le projet le répète dans la construction d’un fédéralisme européen. Si on veut une armée qui serve de supplétif aux opérations de maintien de « l’ordre » commandée par l’OTAN, c’est-à-dire les USA, il faut bien une armée professionnelle. Si on veut une armée du peuple, ou un peuple en arme, c’est qu’on a renoncé à toute intervention extérieure, que l’armée est uniquement défensive et n’existe qu’en vue de défendre la liberté de la nation et alors là ce n’est pas un vague « volet défense » du « service civique » qu’il faut demander mais un système de défense civile et d’armée populaire.
Dans le même ordre d’idée, il faut concevoir une profonde rénovation du statut des militaires, susceptible de les reconnaître à la fois comme professionnels responsables et comme citoyens. La généralisation de l’élection des membres des instances de représentation répondrait à cette volonté. La question de la suppression de l’interdiction d’adhérer à un parti politique mérite débat, dès lors que des règles strictes et spécifiques seraient posées, à l’instar de celles qui visent les hauts fonctionnaires.
Remarque :
Tant qu’on admet l’armée comme armée d’intervention pour la défense de l’ordre impérial, il est parfaitement démagogique de demander les droits politiques pour les militaires. Si l’armée est l’armée du peuple, alors la question ne se pose pas puisque le peuple dispose des droits politiques...
Le texte
Notre projet est construit autour de valeurs qui peuvent rassembler les Français, la citoyenneté, la laïcité, l’égalité. Il propose un nouveau modèle de développement solidaire, des politiques sociales qui partent des réalités vécues pour combattre les inégalités, un renouvellement profond de notre démocratie, une ambition pour la France en Europe et dans le monde. Face à une droite qui théorise la fin du pacte social républicain et qui la met en œuvre, nous proposons des voies nouvelles pour faire face aux défis du XXIème siècle. Nos propositions pour la décennie qui vient, s’inscrivent, à la fois, dans le court terme, avec les mesures qu’il faudra prendre dès 2007, afin de rendre l’espoir, et les réformes qu’il faudra mener sur plusieurs années. Nos propositions appellent une démarche renouvelée pour donner toute sa place au débat public, autour d’un Parlement renforcé, pour associer toutes les forces sociales à la délibération politique, pour permettre le contrôle et l’évaluation des décisions. La modernité aujourd’hui pour les socialistes, c’est tout simplement de porter l’exigence démocratique.
Remarque de fin :
Le propre de ce texte est d’apparaître comme la tentative de concilier l’inconciliable. Les tenants du OUI et ceux du NON dans le parti socialiste. En vérité c’est une ligne pro-OUI qui en définit l’orientation. Messieurs Moscovici (partisan d’un grand marché commun euro-américain) ou Lamy (directeur de l’OMC et membre de toutes sortes de lobbies américains) peuvent signer ce texte et le défendre, c’est tout dire. Il en ressort donc une orientation antidémocratique puisque niant le vote majoritaire des français. C’est un projet entièrement compatible avec la ligne Barroso ou celle de Barell, le président « socialiste » (sic) du « parlement » soi-disant européen. Bref, c’est un projet de droite. Ni plus ni moins.