Décidément, Sakozy élu, autres temps, autres mœurs… Était-il envisageable, ces vingt dernières années, qu’un rapport du Haut Conseil de l’Éducation apprenne aux citoyens français que 40 % de leurs chères têtes plus ou moins blondes soient vouées à l’échec scolaire après l’école primaire ? Assurément non, le politiquement correct veillait et on badinait encore moins avec les résultats du « Mammouth »(1) qu’avec sa propension à la paresse.

Ce dont tous les parents attentifs à la scolarité des enfants pouvaient aisément savoir, le dernier rapport en date du HCE le martèle clairement : « Si 60 % des élèves en sortent plutôt bien formés, c'est loin d'être le cas des 40 % restants, voués à un échec quasi certain lors de leurs futures études ! Pire, l'école primaire semblerait s'être “résignée” à cet échec, alors même qu'elle sait détecter leurs problèmes très précocement ». (Le Figaro, 25 août 2007).

Le rapport du HCE est édifiant.

« Dans les détails, dévoilés par l'agence AEF, écrit Marie-Estelle Pech, le rapport livre l'analyse des professeurs de sixième qui recueillent les élèves aux acquis fragiles. Ces derniers “lisent trop lentement parce qu'ils déchiffrent mal”, ou bien déchiffrent mais ne comprennent “que très partiellement ce qu'ils lisent, faute des connaissances linguistiques et culturelles suffisantes”. Ils seront condamnés “à une scolarité difficile au collège et à une poursuite d'études incertaine au-delà”. La minorité qui rencontre des difficultés sévères ou très sévères est constituée, dans le meilleur des cas, “d'élèves qui déchiffrent, mais ne sont pas capables de comprendre l'ensemble du sens du texte qui leur est soumis”. Dans le pire des cas, ils ne savent même pas déchiffrer. “Ces lacunes rendent impossibles aussi bien un réel parcours scolaire de collège qu'une formation qualifiante”. »

Évidemment, les syndicats d’enseignants ne sont pas de cet avis et le SNUIPP (syndicat majoritaire chez les enseignants du primaire) l’a immédiatement fait savoir, jugeant ce rapport « peu scientifique », « noircissant le tableau » et amalgamant les écoliers « qui ont de vraies difficultés » et ceux « qui sont en train de consolider leurs acquis ».
Tout dépend, pourrait-on leur rétorquer, le temps que ces derniers mettront à « consolider leurs acquis », si tant est qu’ils y parviennent, et depuis combien de temps – d’années ? – ceux-ci auraient du l’être.

Enfin, rendons toutefois justice à Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUIPP d’avoir réagit aussi rapidement, prouvant par là même que tous les syndicalistes ne sont pas en vacances au mois d’août. Le mauvais temps, peut-être… ou plus certainement la défense de leurs privilèges. Ce sont là des « acquis » qu’un fonctionnaire ou un syndicaliste acquiert sans difficulté en temps et en heure, quels qu’aient pû être ses résultats scolaires dans le Primaire.