Il serait bigrement intéressant de se pencher sur les programmes de toutes les chaînes de télévision (nationales, câblées ou diffusés par satellite) depuis l’avènement du gouvernement Busch II. Ces dernières semaines plus particulièrement, les intoxiqués du petit écran, le plus grand parti politique de France, qui pourraient ressentir quelque symptôme d’une indigestion de shoah, n’ont qu’à changer de chaîne (ou « zapper », ce qui est aujourd’hui sémantiquement plus correct) pour se retrouver plongés au cœur d’une menace terroriste planétaire. D’un côté les affreux terros islamistes (parfois épaulés par d’inquiétantes organisations aussi secrètes que nazillonnes, dirigées par d’anciens SS qui ont décidément la vie bien longue), de l’autre les barbouzes au grand cœur d’Oncle Sam.

Certaines de ces productions ont le mérite du polar bien const ruit et d’une mise en scène élaborée. Mais une intrigue bien menée est souvent subtile. Trop subtile. Quand bien même la morale de l’histoire est systématiquement sauve, le spectateur risquerait de se poser des questions : point trop n’en faut ! Les films de bonne facture sont donc noyés dans une masse de pellicule plus accessible aux spectateurs assidus des jeux télévisés aux heures de grande diffusion. On y retrouve alors un Président américain noir (préparons le futur) dont la philosophie ancestrale teintée d’un américanisme débridé fait apparaître un homme nouveau : le « Sage Technologique », phare d’une civilisation naissante. Bien sûr, on patauge là en pleine série C, ou D si cela existe, digne de nos feuilletons policiers made in France où l’intrigue est révélée dans le titre même de l’épisode, les dialogues relégués à leur plus simple expression pour les rendre intelligibles aux spectateurs qui avalent leur succulente « soupe de Grand-mère aux parfums chimiques naturels et conservateurs biologiquement corrects ».

Désormais, face aux méchants islamistes et nazillons de tout poil, on sait à quoi s’en tenir ! Le moment venu, il suffira aux médias autorisés de déclancher un message codé qui réveillera le subliminal de leurs vomissements quotidiens, pour que nos concitoyens sachent bien, sans hésiter, pour qui il leur faudra voter.

Luc Sommeyre