Arcelor : un démantèlement annoncé sous l’égide de l’Union européenne
Comment sauver Arcelor du démantèlement et de nouveaux licenciements ? De tous cotés, on pousse des cris d’orfraie à l’annonce de l’OPA de Mittal sur Arcelor. Oubliant au passage de rappeler qu’Arcelor est né -- sur la base de la privatisation-liquidation de la sidérurgie, avec à la clé des milliers de suppression d’emplois -- de la fusion de ce qui restait encore de la sidérurgie en France, en Espagne, en Allemagne et au Luxembourg. On a même parlé de “ patriotisme économique “, sans bien évidemment parler de “renationalisation “ d’Arcelor, qui est pourtant le seul moyen d’empêcher le démantèlement d’Arcelor.
Le journal patronal Les Échos ( 29 mai ) s’étonne que certains se félicitent de l’alliance annoncée avec un oligarque russe pour s’opposer à l’OPA de Mittal . Le groupe russe Severstal est détenu à près de 90 % par Alexei Morchadov.
Qui est Morchadov ? “ Ses parents, employés du combinat métallurgique, s’étaient installés à Tcherepovets dans les années 1960. Une fois recruté au sein de l’entreprise, Alexei s’attire les faveurs du “ directeur rouge “ de l’entreprise, Iouri Lipoukhine, qui le nomme à 27 ans, chef du département économique et financier. C’est ensuite le processus de privatisation des années 1990 qui lui est confié.
Il rachète progressivement les parts détenues par les ouvriers, ce qui lui permet de pousser M. Lipoukhine vers la sortie (...). Certains salariés gardent l’amertune d’avoir vendu pour une bouchée de pain leur action à un moment où les salaires ne tombaient plus et l’inflation battait des records...” ( Le Monde, 27 mai ).
En effet, le rachat des “ actions populaires “ étant devenu un métier lucratif contre un saucisson ou une bouteille de vodka, des hommes de main raflent les “ actions “ des salariés. Les Échos, pudiquement, considèrent qu’il ( Marchadov ) n’est pas “ un parangon de transparence “.
A la question de La Tribune le 30 mai : “ Combien vous a coûté Severstal ? “, Morchadov a répondu : “ Ce serait une longue histoire si je devais vous raconter le déroulement des privatisations en Russie. “
Dans le cadre de la fusion avec Arcelor, il possédera à lui tout seul 40% de nouvelle société. Il demande d’ailleurs à avoir 45%.
L’Union européenne interdit toute “ renationalisation “ des entreprises, mais ne voit aucun inconvénient à livrer Arcelor à ce que la presse dénomme un “ oligarque russe “ pour désigner ces fractions nomenklaturistes maffieuses. Ces “ oligarques “ sont ceux-là mêmes qui, pour leur “ business “, ont ouvert toutes grandes les portes de l’économie russe aux fonds de pension américains, dont ils sont les exécutants.