L'article qui suit est publié dans un but uniquement informatif. Il est repris de l'intéressant forum JForum.

La jeunesse juive se positionne. Dans cette période pré-électorale, l’UEJF organise à Marseille un rassemblement contre le FN. Le message est clair : "le FN est un parti raciste, antisémite et négationniste" déclare Jonathan Ayoun de l’UEJF. Cependant, un rassemblement est-il le meilleur mode d’action contre le FN ?...

Les étudiants juifs mobilisent contre le FN

Parce que Marseille est l’une des villes « où il obtient ses meilleurs scores et se fait le plus menaçant », l’Union des étudiants juifs de France, l’avait choisie, jeudi soir, pour première étape d’un tour de France anti-Front national. Objectif : « Mobiliser un arc républicain contre les idées d’un parti qui n’a pas changé, seulement de prénom ». Elus politiques et responsables associatifs de droite et de gauche lui ont apporté en nombre soutiens et encouragements. Un tour de chauffe avant la venue de Marine Le Pen, lundi, dans la cité phocéenne.

L’Union des étudiants juifs de France réunit en ce long week-end du 11 novembre, à Marseille, sa convention nationale. Quatre jours à débattre sur le thème « Démocratie toujours » pour quelque deux cents jeunes venus de toute la France. Avec l’apport d’invités de divers horizons comme Michèle Teboul, la présidente du comité marseillais du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), invitée à ouvrir la convention, Charb, le directeur de la rédaction de Charlie hebdo, Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, l’architecte Roland Castro, l’écrivain Yann Moix.

Renforcer le travail d'explication

Entre deux séances de débats et avant une soirée dans une discothèque, l’UEJF a tenu meeting au théâtre Mazenod, à Noailles. « Il nous revient de mener le combat anti-FN, dit Jonathan Ayoun, son président, parce que la montée du FN libère une parole raciste et antisémite qui met en danger notre société. L’arc républicain que nous voulons lui opposer se fonde non sur un parti pris mais sur des valeurs. »

La député socialiste Sylvie Andrieux adhère à ce programme et invite à « renforcer le travail d’explication » sur la vraie nature du Front national, dont le développement « profite à plein de la crise économique et de la montée de la précarité ». Pour le maire de secteur socialiste Patrick Menucci, l’UEJF en lançant le mouvement, ici, à Marseille, fait « œuvre utile, car, dit-il, il y a une possibilité que cette ville bascule vers le FN. » Cet élu plaide pour une réaction en forme de réponse aux questions de vie quotidienne que posent les Marseillais. « Le meilleur rempart contre la gestion sans espoir du FN c’est de satisfaire les attentes de la population. »

Elu de droite au conseil municipal de Marseille, aux côtés de Jean-Claude Gaudin, le Dr Michel Bourgat connaît bien le Front national : il en a été souvent la cible et il compte un élu du FN dans sa propre famille. « Cela me vaut pas mal d’ennuis mais je ne me tairai pas et continuerai à dénoncer la démagogie et le populisme dogmatique de ce parti qui ne veut rien de bon à la démocratie. » Le Dr Bourgat appelle à se souvenir que Hitler est arrivé au pouvoir, en 1933, non sur un coup d’Etat mais en utilisant les ressources du système démocratique.

Dominique Sopo s’élève lui aussi contre l’idée que le FN a changé en adoptant Marine Le Pen comme chef. « Elle est l’héritière de papa, dit-il en, lustrant la formule dont il est très fier : « Marine, c’est lady Papa ». Rires assurés. Plus sérieusement, le patron de SOS Racisme invite à se méfier « de son discours sur la laïcité qui souille les mots de la République. »

L'arc républicain n'existe pas

Tout cela ne dit pas comment s’y prendre pour lutter concrètement contre le Front national. Julien Deboeuf, secrétaire national du Nouveau centre, en convient. Aussi propose-t-il de se rallier à l’idée d’une VIe république prônée par son parti. Marion Francillon, du syndicat UNEF Aix-Marseille demande, elle, aux étudiants de se mobiliser contre les groupuscules d’extrême-droite qui semblent se multiplier à l’université.

Pour Hagay Sobol, le président du Centre Fleg, la maison de la culture juive marseillaise, l’initiative de l’UEJF est généreuse et doit être encouragée « car c’est en occupant l’espace public que l’on fera reculer les extrémismes, le FN mais aussi les islamistes et tous les intégristes qui menacent la communauté nationale. »

Avis partagé par Nassurdine Haidari, élu socialiste à la mairie de secteur 1er/7e et chef de file d’un mouvement pour l’égalité. « Faire reculer le FN c’est d’abord faire reculer ses idées. Or, pour l’instant, l’arc républicain que vous appelez de vos vœux n’existe pas. S’il existait, M. Guéant, le ministre de l’Intérieur ne parlerait pas comme il le fait des roms et des comoriens. » Vision pessimiste ? Non, mais un appel angoissé au sursaut en faisant sienne la parole du pasteur Martin Luther King, qui servira de conclusion à ce meeting : « Nous sommes condamnés à vivre comme des frères, sinon nous finirons comme des idiots. »