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Vendredi, 16 Décembre 2011
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Jean-Yves Le Gallou et les concours
Ckaude Bourrinet
Politique
Jean-Yves Le Gallou et les concours
La dernière intervention de Jean-Yves Le Gallou sur Polémia, datée du 14 Décembre 2011, sous le titre « La disparition de la culture générale des concours : nouvelle négation de l’identité française » (http://www.polemia.com/article.php?id=4392), me semble représentative de la vision néoconservatrice qui s’impose dans le mouvement national. Constatant que certains concours, comme celui de journalisme, depuis quelques années, comme celui, maintenant, d’entrée en Sciences politiques, comme probablement aussi tous ceux qui ouvriront la porte de l’administration, sont ou seront exempts de l’épreuve de culture générale, Jean-Yves Le Gallou en donne la cause, en explique la raison, qui s’inscrit dans le mouvement de fond de la destruction de l’identité française.

Il voit donc deux motifs principaux à cette exécration d’un patrimoine culturel, qui a pourtant fait ce que nous sommes : « Le désastre de l’éducation nationale d’une part, le caractère jugé « discriminant » de la culture générale qui éliminerait les « pépites » de nos banlieues. »

Et il ajoute : « Ce dernier point est particulièrement troublant. »

J’avoue que la remarque qui précède m’a particulièrement embarrassé. J’y vois deux erreurs de perspective. D’abord une survalorisation de la préoccupation « communautariste » par un Etat qui, concédons-le, est devenu, nolens volens, l’ennemi de son propre peuple ; ensuite, la sous-valorisation de l’effondrement culturel autochtone, qui a transformé en quelques lustres un peuple, sans qu’on eût besoin pour cela d’un changement de sang et de gènes.

Jean-Yves Le Gallou perçoit donc, dans ces révisions de concours, une sorte de plan machiavélique, qu’il synthétise en affirmant : « Ce n’est pas la minorité d’origine étrangère qui se rapproche de la majorité française mais la majorité française qui s’adapte aux exigences et/ ou aux faiblesses de la minorité d’origine étrangère. »
Ce n’est évidemment pas faux. La discrimination positive à Sciences Po. a, sous l’impulsion du sinistre Richard Descoings, permis à une minorité de « jeunes » des banlieues d’entrer dans le saint des saints de la pensée politiquement correcte. On sait que cet essai ne fut pas un coup de maître, et que les heureux pistonnés ont échoué, dans leur ensemble, à poursuivre avec succès jusqu’au bout.

Cependant, il serait exagéré de penser qu’une telle manœuvre visât à faire entrer en masse des « allogènes » plus que réticents à la tradition française, à sa langue, à ses œuvres, à son passé. D’abord parce qu’il n’est pas fatal que tous les membres issus de l’immigration, ressentent ce mépris, cette répulsion pour une culture jugée aliénante. Il est nécessaire, pour le moins, d'effectuer une distinction entre une masse effectivement hermétique à notre patrimoine culturel, au sens fort du terme, et ceux, peut-être minoritaires, qui adhèrent totalement ou partiellement à ses éléments les plus forts.

En outre, si rejet de l'excellence intellectuelle et artistique il existe, il est indispensable de le penser dans sa plus vaste occurrence. Or, il faut bien admettre que si ce sentiment se manifeste de plus en plus, il est partagé par beaucoup de monde, par nos élites de souche, mais aussi par notre bon peuple français, du moins « une partie de la population française », que, pourtant, Jean-Yves Le Gallou voit recouvrer ses racines, lorsqu'il fait l'effort de transmettre « à ses enfants la culture traditionnelle en marge de l’éducation nationale : à travers des écoles libres ou indépendantes, des manuels alternatifs, des rites anciens, des fêtes enracinées, le scoutisme traditionnel ou la fréquentation des hauts lieux. »

Je me permets d’être très sceptique en ce qui concerne les vertus réelles de ces SIGNES identitaires qu’on affiche avec ostentation pour se donner une nature propre que l’on tend à perdre, et dont parfois l’on n’a plus l’idée même de ce qu’elle était. Pour avoir côtoyé des scouts « enracinés », et un certain nombre de militants nationaux, pour avoir constaté combien le désert avait gagné, y compris dans des cercles qui cultivent la résistance, sans avoir claire conscience qu’elle est aussi une différence authentique (au sens évolien), et donc un arrachement aux influences de la sous culture américaine, j'ai vite pris mon parti de cette « contre-culture » censée s’opposer aux forces destructrices du système marchand mondialisé, réduites d’ailleurs à la pression migratoire.

Jean-Yves Le Gallou présente le problème en drainant beaucoup de présupposés, qui sont des pétitions de principe dont les conclusions sont attendues, pourtant fragiles si on les met sous un autre éclairage. Par exemple, il assimile la culture nationale, française, à l'existence d'une « race », d'un sang. Je ne désire pas débattre sur un sujet fortement problématique ; toutefois, l'argumentation est rabattue sur une dimension biologique, charnelle. Le peuple français et son histoire se réduisent donc au destin, à la trajectoire historique d'une communauté, dont la culture serait la trace, qui, seule, subsiste à l'état de résidu, de fossile, qu'on est justement en train de réduire en poussière dans les officines de l'Education nationale : « Que restait-il donc pour définir l’identité française ? La culture et la langue françaises. Voici qu’on raye méthodiquement leur maîtrise de la sélection des élites françaises. »
Ce n'est pas faux, bien entendu, comme il est assuré que nos « élites » ont choisi de noyer les Français de souche dans un melting pot mondialisé, par idéologie universaliste, ou, plus prosaïquement, parce que les résistances au nouvel ordre mondial en sont singulièrement affaiblies. Mais il serait aventureux d'évaluer le rapport de forces, comme un affrontement, un choc explicite entre deux options civilisationnelles, avec d'une part une communauté soucieuse de ses racines, sachant quelles elles sont, et d'autre part des communautés préoccupées de trouver une place au soleil, quitte à faire place nette et à ruiner la maison où l'on s'est faufilé et installé définitivement.
Je partirais d'une hypothèse différente : les choses étant ce qu'elles sont, c'est-à-dire, depuis un siècle ou deux, voire plus, une lente et inexorable déperdition de mémoire, d'inscription organique dans une tradition et un enracinement qui trouvent leur substance dans un passé outrepassant la simple histoire nationale, si tant est que celle-ci ait pu apparaître comme telle au fil de cette évolution qui a donné, in fine, la France, il n'est pas invraisemblable de poser comme principe que population indigène et population allogène, en gros, en sont arrivées au même point d'aliénation et de dépossession d'elles-mêmes, sans qu'on dût en rejeter la faute sur la seconde.

Bien sûr, l'islam peut être considéré, encore pour quelque temps, comme un ciment pour une grande partie des immigrés, de la même façon que le catholicisme, il y a cinquante ans, se présentait comme le socle identitaire, de type sociologique, pour une majorité du peuple français. Mais il faut méconnaître la force corrosive de l'acide consumériste pour considérer que cet état va demeurer, ou même, se renforcer.

Contrairement donc au diagnostic d'Yves Le Gallou, qui valorise la question identitaire par rapport au facteur éducatif, je suggère plutôt le contraire. Le plus désespérant, le plus troublant est que le peuple français ne le soit plus du tout, identitaire, ou identique à ce qu’il fut, à ce qu’il devrait être, sauf si l'on considère que manger du saucisson et boire du vin en regardant un feuilleton américain suffit pour le rester.
Or, il s'en faut de beaucoup que le Français d'aujourd'hui parvienne à une petite idée de ce qu'était la France il y a seulement cinquante ans, avec sa morale répressive, son urbanité, son respect des convenances. Les élèves de ce temps possédaient encore le sentiment, qui a disparu complètement dans les écoles, de ce qu’était un dilemme cornélien, ou l’égotisme stendhalien, sinon l’évocation d’une grandeur si parfaitement illustrée par Charlemagne, Saint Louis, Bayard, Louis XIV, Napoléon et d’autres. On savait encore qui était le prince de Condé, Villars…. Et de même si l'on remonte un peu plus loin que tel personnage de l’épopée nationale, si l’on évoque l’intelligence des hiérarchies, de l'autorité savante et politique, voire sociale, l'appréhension, même affective et diffuse, d'un destin autre que l'accroissement de puissance matérielle ou de jouissance, nous rencontrons un vide abyssal, et cela ne peut pas être autrement que ce n’est. La conscience d'une verticalité des conditions s'est perdue avec celle d'un devenir métaphysique, d'une destinée eschatologique, religieuse, et de la connaissance d'une nature humaine qui dépasse, de loin, la dimension biologique et clanique de l'individu. L’imagination même d’une autre humanité, d’un être différencié, de caractère, se référent à des valeurs absolues, pouvant se sacrifier pour elle, et sentant, pensant, étant autrement que ce que la société de masse, uniforme et égalitaire lui offre comme modèle, ce conformisme grégaire qui a nom modernité, avec son mythe du progrès et son hybris fondé sur le ressentiment, lui est interdite, parce que sa structure mentale, son horizon, sa grille interprétative le lui interdisent. Ce serait demander à un poisson d’avoir la vision des sommets himalayens.

Et cela, rien ne peut le bouleverser.

L'erreur de M. Le Gallou est donc de prendre un naufrage généralisé pour un putsch commis dans la salle de commandement du navire. C'est tout l'équipage et les voyageurs qui sont en péril de noyade, y compris ceux de troisième classe, qu’on veut accuser d’avoir trop lesté le bateau. Il est évident que seuls quelques privilégiés occuperont les canots pour se sauver vers le grand large du nomadisme.
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