Concours de mini-miss pour un max de fric
Avant, on avait coutume d’entendre « Touche pas à mon enfant ! », mais c’était avant ! Maintenant, ce qui résonne du fond des terroirs au sommet des tours de nos mégapoles, c’est « Touche pas à ma mini-miss ! » avec menaces à l’appui…
« Faudra-t-il que les mini-miss retirent leur couronne pour les remplacer par des bonnets rouges ? », a ainsi proféré un « Collectif des mamans des mini-miss en colère ».
C’est qu’elles y tiennent, ces mamans-là, à exhiber la « chair de leur chair » dans des concours spécialisés « âge tendre ». Mais d’autres dames ne l’entendent pas ainsi et s’opposent à ces exhibitions infantiles au nom de la lutte contre « l’hypersexualisation » des enfants et « leur exploitation à des fins mercantiles. »
Le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem veut en effet interdire ces concours aux moins de 13 ans et les « encadrer » de 13 à 18, alors que Chantal Jouanno a présenté au Sénat, en septembre dernier, un amendement prévoyant de ne les autoriser qu’à partir de 16 ans minimum et de punir les contrevenants de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende : « Ne laissons pas nos filles croire, dès le plus jeune âge, qu’elles ne valent que par leur apparence. Ne laissons pas l’intérêt commercial l’emporter sur l’intérêt social », a expliqué la sénatrice centriste.
La France n’est pas les États-Unis, riposte Michel Le Parmentier, fondateur du concours des « mini-miss » (marque déposée il y a 25 ans), où « les fillettes miss sont totalement relookées en adultes avec du maquillage, des talons hauts, des tenues sexy et elles gagnent beaucoup d’argent. Chez nous, les enfants ne gagnent rien, elles défilent en robes longues de princesse et ne sont pas maquillées. C’est un jeu qui les amuse et stimule leur confiance. »
Si les fillettes ne gagnent rien, ce n’est pas le cas des organisateurs. Michel Le Parmentier laisse d’ailleurs entendre, selon lexpress.fr, « qu’il compte sur la réglementation à venir “pour vendre des produits dérivés” ». Gonflé, de vouloir s’enrichir en utilisant ainsi des petites filles au prétexte que la morale est sauve puisque celles-ci ne touchent pas un fifrelin…
De leur côté, les obsédés de la parité font remarquer qu’en plus il n’existe pas de concours de « mini-boy » en culottes courtes. D’autres esprits chagrins ricanent, de leur côté, en rappelant que le mot « miss », selon le wiktionary.org, diminutif de « mistress », a été « utilisé à partir de 1645 pour désigner une concubine ou une prostituée », ayant seulement pris « le sens de “titre pour une jeune femme” ou “fille célibataire” à partir de 1666 ».
Trop jeunes encore (hélas ?) pour les concours de tee-shirts mouillés au camping de Pétasses-les-Flots, puis, l’ambition venant, aux estrades de Miss-péquenots, nos chères demoiselles vont-elles être contraintes, sous peu, de ruminer plusieurs années durant cette bien cruelle phrase de l’écrivain Daniel Pennac : « Regarde-toi un peu. Tu n’as pas honte d’être si jeune ? À ton âge ! »