Quatre décennies après les événements de Mai 68, les contradictions vont bon train chez nombre de protagonistes d’alors en général… et certaines femmes en particulier.
À l’époque, souvenez-vous, nombre de demoiselles, fleurant bon la vingtaine de printemps, braillaient dans les défilés tout aussi fort que les mâles – parfois les tétons à l’air ce qui est toujours distrayants – pour réclamer leurs droits, tous leurs droits, rien que leurs droits et plus que leurs droits encore, notamment celui de faire de leur corps ce que bon leur semblait.
D’émeutes estudiantines sur fond de libération sexuelle en campagne politique pour le droit à l’avortement, il n’y avait qu’un demi pas rapidement franchi par certains et tout s’enchaîna avec une implacable logique jusqu’au vote de la loi Veil légalisant l’avortement en 1975.
Et tous ceux qui rechignent depuis lors à s’extasier haut et fort sur cette formidable évolution des mentalités, ce progrès inestimable de l’humanité citoyenne, passent pour d’abominables rétrogrades, de monstrueux conservateurs, voire comme les talibans d’idéologies extrêmement nauséabondes.
Mais il y a aujourd’hui celles et ceux qui reprennent à leur compte les revendications concernant le corps de la femme pour réclamer non pas l’élimination d’enfants non désirés, mais au contraire la naissance d’enfants extrêmement attendus. Ce sont les partisans de la légalisation en France – comme c’est déjà le cas dans d’autres pays – de la gestation pour autrui (GPA).
En clair, le recours à des mères porteuses par des couples infertiles afin que ceux-ci « retrouvent l’espoir de devenir parents »… et tous ceux qui s’avisent aujourd’hui de considérer cette légalisation comme « une formidable évolution des mentalités, un progrès inestimable de l’humanité citoyenne » se voient à leur tour brocardés comme « d’abominables rétrogrades, de monstrueux conservateurs, etc. », les invectives, parfaitement interchangeables, sont exactement interchangées.
Le Sénat s’apprêterait à rendre un rapport favorable à cette légalisation, notamment après qu’en octobre 2007, la justice française ait reconnu que les Mennesson – un couple qui, en 2000, avait eu des jumelles grâce à une mère porteuse de Californie (la méthode y est légale) – étaient bien les “parents” des petites ».
« On ne peut pas laisser des femmes françaises en difficulté pour porter des enfants, par exemple celles qui n’ont pas d’utérus, partir à l’étranger pour un tourisme procréatif. Ce n’est pas satisfaisant (…) D’autant que quand “les parents intentionnels” reviennent, leurs enfants sont “dans le flou juridique” », affirme Michèle André, sénatrice socialiste de Puy-de-Dôme, qui préside le groupe de travail.
Ce serait en effet le moins que notre pays puisse faire pour ces Français véritablement « sans papiers », lui qui se montre habituellement si attentionné pour tous les « faux papiers » manifestant et revendiquant désormais au vu et au su de tous.
Autrefois, dans les temps obscures de notre pays, une fille qui se faisait avorter était considéré pour le moins comme une putain – forcément – et celles ou ceux qui pratiquaient l’intervention – les « faiseuses d’anges » – comme d’ignobles criminels.
Aujourd’hui, les mères porteuses sont tout autant considérées comme des putains – elles vendent leurs corps – et celles ou ceux qui ont recours à leurs services – les commanditaires – comme des salauds de riche qui achètent un enfant, tout comme ils achèteraient un jambon à l’étal de leur boucher.
Ce qui revient à constater que dans le pays des Droits de l’homme dont notre pays se targue d’être le berceau – il est acceptable, voire hautement recommandable, de considérer dans un cas le fétus comme quantité négligeable et donc jetable… et dans un autre comme un être humain non monnayable.
Décision sur laquelle la Cour de cassation rendra un arrêt fin juin.