La mobilisation est vraiment du dernier chic en France. Le présentateur Gérard Holz s’est d’ailleurs taillé un franc succès avec ses « Mobilisez-vous ! » ; lui, il fait dans le sport, mais d’autres, dans la grande cause humanitaire, pourquoi pas !
Tout est bon pour dégouliner de bons sentiments : de la chasse au bébé phoque au Groenland à la guerre civile au Darfour, des bastonnades de moinillons au Tibet à la répression des démocrates subventionnés par l’Oncle Sam en Birmanie…
Six ans durant, la flamme olympique de la grande pleurnicherie tous azimuts a brûlée en Amérique du Sud, tenue haut et fort par dame Betancourt, mère de famille divorcée à Paris, candidate écologiste à Bogota, prisonnière médiatisée au fin fond des forêts ces dernières années.
On avait finit sinon par l’aimer, du moins par s’y habituer « au son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu’il chantait les pleurs d’Ingrid aux abois,
Ou le brâme du guérillero que l’écho faible accueillait,
Et que le vent des médias portait de journaux en télés. »
Ça n’a pas été rien, le calvaire de la Belle… Il nous fut relatée six ans durant avec force détails : attachée à un arbre avec des chaînes, les pieds nus pour pas s’cavaler, humiliée vingt-cinq heures sur vingt-quatre – quand on soutien, on compte pas ! –, déprimée la pauvre Dame (on le serait à moins !), puis malade, puis agonisante, puis sans doute morte, puis pas encore morte, mais prête à y passer, re-défuntée, re-ressuscitée – plus forte en cela que Jésus Christ himself –… et enfin libérée, les joues gonflées de bonheur, les yeux pétillants de gourmande reconnaissance, la voix brisée de remerciements pour tout le monde, de l’ex-abominable salaud de chef d’État colombien Uribe à son ex-grand petit ami Dominique de Villepinte, en passant par Chirac, Sarkozy, le pape et les si dynamiques services secrets israéliens. En a-t-elle oublié ? Sûrement, c’est que la liste des mobilisés pour la sainte parmi les saintes des victimes médiatiques, est si grande… Elle doit même peut-être continuer à s’agrandir à l’heure qu’il est avec ceux qui sont partis en vacances sans se douter, les inconscients ! du moment historique qu’ils ont ratés… Même Patrick Poivre d’Arvor n’a été viré de TF1 qu’après coup, c’est dire !
Une autre malheureuse occupe désormais les accros de la mobilisation. Certes, elle n’a pas la pointure de Sainte Betancourt, c’est une comédienne de second plan, starlette d’un cinéma politique italien passé de mode… Elle est moins photogénique et a presque le nom d’une chanson des Charlots – rappelez-vous, eux c’était « Pétronille, tu sens la menthe », un grand moment de bonheur musical en 1972 – elle, c’est Pétrella, Marina de son petit nom et c’est la poudre qu’elle sent. Enfin, sentait… Pasionaria gauchiste revendiquée, ancienne membre des Brigades rouges de la belle Époque des années de plomb, elle fut tueuse de flic à ses heures et réfugiée politique en France depuis que la cour d’assises de Rome l’a condamnée – on se demande bien pourquoi ! – le 6 mars 1992 à la réclusion à perpétuité pour « homicide sur agent de la force publique, tentative de séquestration et d’homicide, séquestration d’un magistrat, vol avec arme et attentats. »
Et toute les pros de l’indignation sur commande de repartir en campagne contre la décision du gouvernement français de la rendre à la Justice italienne.
Toute la panoplie habituelle de la brave fille repentie, qui a refait sa vie, qui ne demande plus rien à personne et qu’on va arracher à sa famille éplorée est ressortie pour l’occasion. À l’ère de l’informatique, le « copié-collé » est roi !
Et bien sûr, mais on s’en serait douté, comme Ingrid, Marina aussi est mourante… comme l’est aussi son ex-camarade de lutte finale Cesare Battisti, incarcéré au Brésil depuis 15 mois. Lui aussi est dans un « état psychologique et physique très inquiétant ». Le climat français ne vaut décidément pas mieux que le colombien ou le brésilien !
Et les guerriers de la gauche extrême ont le moral bien fragile !
Petite précision tout de même : Pétronille se meurt, Pétronille va mourir, mais c’est parce qu’elle se laisse mourir, ce qui revient au même, on ne va pas finasser. Et puis, nos zozos de la mobilisation font avec ce qu’ils ont, déjà bien beaux qu’ils s’en occupent en plein mois de juillet !
Espérons pour eux qu’une solution intervienne d’ici août, parce que, faut pas pousser, tout le monde a droit à des vacances, les charlots comme les autres !