Pierre Bergé est un homme d’affaires très importantes, socialiste à ses heures de bureau, homosexuel le reste du temps. Ou le contraire. Mais ce n’est guère un gentil homme, c’est le moins qu’on puisse juger après ses déclarations pour le moins vomitives sur le Téléthon qui, d’après-lui « parasite(rait) la générosité des Français ». Rien de moins.
Le tollé provoqué par cette affirmation lapidaire n’en finit pas de secouer le landernau humanitaire. D’habitude, ce sont les loups qui se déchirent entre eux. Là, ce serait plutôt les aigris de la charité qui sont rendus dingues par un argent qui, n’ayant pas d’odeur, émettrait tout de même pour eux des relents pour le moins nauséabonds.
On pense ce qu’on veut de l’action médiatique du Téléthon. Force est de constater qu’elle est d’une rare efficacitée : récolter 100 millions d’euros de dons n’est pas à la portée de la première association venue. Pas du Sidaction de Pierre Bergé, en tout cas, qui n’a récolté, lui, « que » 6,2 millions d’euros au printemps dernier avec des soutiens « people », rappelons-le quand même, tout aussi importants, voire peut-être même plus importants encore que ceux dont bénéficie le Téléthon.
Reste dans un cas comme dans un autre, et de même pour toutes les autres associations caritatives, étrangement absentes de la polémique ces derniers jours (notamment l’Association pour la recherche sur le cancer - ARC), que rien n’oblige les donateurs à verser le moindre centime à l’une plutôt qu’à l’autre.
C’est leur choix. Et même leur libre choix.
Choisir la destination d’un don est totalement libre de toute contrainte. Surtout politique et c’est sans doute ce qui motive le plus la rage de Pierre Bergé.
Si une association récupère ainsi plus de dix fois plus qu’une autre, il y a forcément une explication, au-delà de l’incontestable savoir-faire de Laurence Tiennot-Herment, présidente de l'Association française contre les myopathies (AFM) et de son équipe organisatrice du Téléthon.
Une explication qu’il est doute fort politiquement incorrecte de rappeler en ce début de XXIe siècle : la cause des myopathes interpelle sans commune mesure avec celle des malades du Sida.
Le sida frappe tout aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels, mais ce n’est pas la première évidence qui vient à l’esprit des gens.
La faute à qui ?
Depuis l’annonce des ravages de cette maladie voici une trentaine d’années déjà, certains représentants auto-proclamés de la communauté homosexuelle n’ont eu de cesse de monopoliser toutes les attentions médiatiques autour de celle-ci. Ils n’ont eu de cesse de persuader l’Opinion publique que le sida était « la » maladie des homosexuels. Et quasi-exclusivement la leur, malgré toutes les évidences contraires.
Pour quelles raisons ? N’étant plus victimes des lois homophobes abolies à juste titre par François Mitterrand, beaucoup tenaient à rester coûte que coûte des victimes. Statut privilégié s’il en est au sein d’une société dégoulinante de repentance institutionnalisée comme la société française de ce début de XXIe siècle.
Mais avec pour conséquences plus de dix fois moins de dons pour le Sidaction que pour le Téléthon.
Monsieur Bergé, grand donneur de leçon, en est sans doute un des premiers responsables. En a-t-il seulement conscience ?