Il y a tout autant de fuite en avant en politique qu’il peut y en avoir dans l’escroquerie. La seule différence est que la première s’effectue bruyamment sur la place publique alors que la seconde s’efforce en générale d’être la plus discrète possible.
Voilà plusieurs mois qu’une crise financière et économique d’importance frappe la planète. Partout, les dettes s’accumulent, le chômage explose et l’inquiétude croît, aggravée encore par l’annonce de certains chiffres comme ceux concernant les États-Unis : le déficit fédéral y dépasse les 1 000 milliards de dollars et 48 des 50 États américains cumulent un trou de 166 milliards. La Californie, pour ne citer qu’elle, est au bord de la cessation de paiements ; pourtant gouverné par le très conservateur gouverneur républicain Arnold Schwarzenegger, cet État en est réduit à émettre des « des titres de reconnaissances de dettes » pour payer les fournisseurs et verser les prestations à ses citoyens. Il imagine même légaliser la marijuana et la taxer pour combler en partie le déficit budgétaire.
Mais, dans le même temps, la star de la Pop Michael Jackson décède et « dès l’annonce de la mort du chanteur, constate le philosophe Alain de Benoist(1), toutes les chaînes de télévision du monde, ou peu s’en faut, se sont transformées en “Jackson channels” – “breaking news” oblige. Certaines d’elles, depuis, ne diffusent plus que des clips de l’inventeur du Moonwalk (…) La distraction, c’est cela. La distraction au sens pascalien : ce qui distrait en détournant du reste. Ce qui fait tout disparaître sous l’agitation des paillettes, du bruit, des lumières multicolores et des clips. Le “diversity management” que seuls de pervers blasphémateurs peuvent vouloir troubler. »
Par ailleurs, en France, le nombre de dépôts de bilan de société en 2009 « devrait croître de 25 % et franchir le niveau historique de la dernière récession de 1993 pour atteindre 73 000 », apprend-on sur le site www.lexpansion.com. Mais cela n’empêche pas de s’amuser. Au contraire.
Comme en temps de guerre, les salles de spectacle ne désemplissent pas… et débordent même en plein air, puisque ce 14 juillet, près de 700 000 personne ont assisté à un concert de Johnny Hallyday, « … suivi d’un feu d’artifice pour les 120 ans de la Tour Eiffel, selon la préfecture de police. Il s’agit d’une “affluence record” (…) Le ministère de la Culture a indiqué que le coût final de ce grand concert, institué en 2007 pour la fête nationale par le président Nicolas Sarkozy, n’était pas arrêté, sans démentir le premier chiffre de 1,9 million d’euros paru dans certains médias » (www.liberation.fr).
Cela ne date pas d’aujourd’hui : « panem et circenses » (du pain et des jeux), c’est ainsi qu’on amusait jadis le bon peuple à Rome. À ses frais, tant qu’à faire !
(1) À lire sur le site www.alaindebenoist.com ou sur voxnr.com… et dans le numéro 17 de Flash.
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