La politique adoptée par Barack Obama au Proche-Orient, depuis son accession à la présidence, agace pour le moins – le mot est faible – une partie de l’establishment sioniste.
Si aucune rupture inéluctable n’est encore survenue, certains analystes pensent que la situation peut notablement s’aggraver et conduire à un dangereux isolement d’Israël sur la scène internationale. Cela n’est pas sans susciter une inquiétude vive dans l’état-major de Tsahal où des officiers généraux, particulièrement influents, défendent en conséquence la nécessité d’agir en vue d’une alliance alternative avec la Russie.
Leur meilleur allié dans cette affaire est le très contesté ministre des Affaires étrangères d’origine russe Avigdor Liberman dont la stratégie est transparente : construire une alliance profonde avec son pays natal et dans la foulée faire passer l’alliance USA-Israël au second rang. En cela, il est aidé par un phénomène démographico-sociologique particulier : le million de juifs russes qui a émigré en Israël dans les années 1990 détient de plus en plus de responsabilités gouvernementales et se trouve au cœur de l’appareil d’État. Un nombre important d’entre eux ont gardé des liens familiaux ou affectifs avec la Russie et se sentent mille fois plus proche d’elle que des USA, ils sont donc extrêmement favorables à la mise en œuvre d’une coopération politique, technologique et militaire solide entre leur pays de naissance et leur pays d’élection.
Ce n’est donc pas du tout par hasard que Shimon Péres s’est rendu la semaine passée à Moscou. Ce n’est pas non plus par hasard qu’il y a abordé des sujets auxquels les américains ont toujours été très hostiles (achat d’armement, transfert de technologie et de savoir-faire israélien vers la Russie dans des domaines sensibles : drones, avionique, nanotechnologie, nucléaire, etc.)
Si des accords venaient à être conclus, toute la région y gagnerait sans aucun doute en stabilité car les bonnes relations qu’entretiendrait alors Moscou avec la Syrie, l’Iran et … Israël, seraient de nature à modifier notablement la donne au Proche-Orient.
C’est ce que craint, bien sûr, plus que tout au monde le Département d’État. Et c’est, vraisemblablement, ce qui explique que la police israélienne ait très récemment clos une enquête qui durait depuis trois ans et recommandé l'inculpation d’Avigdor Lieberman pour fraude, obstruction à la justice, harcèlement et blanchiment d'argent… Car il n’y a pas, en effet, qu’en Europe que le parti américain compte des auxiliaires zélés.