Mardi, on va voir ce qu’on va voir puisque du Gouvernement aux syndicats en passant par les étudiants, tout le monde est prêt à « négocier moi non plus ». On s’attend donc à une journée de plus où les feignants prendront ce prétexte pour ne pas travailler, la majorité des boutonneux pour sécher les cours, les députés pour évaluer leur avenir électoral, tel candidat à la Présidentielle pour faire trébucher son adversaire… et les casseurs pour casser !
Les autres, ceux de la France d’en bas, d’en haut et d’ailleurs, resteront chez eux à attendre que leurs impôts augmentent pour payer les dégâts de ce mois de CPE, signifiant pour beaucoup « Chienlit Premier Emploi ». La liberté n’a pas de prix… sauf pour les « cochons de contribuables », bien sûr !
À voir les déclarations des uns, les commentaires des autres, on a quand même l’impression que plus personne n’y croit, ni à ce qu’il dit, ni à ce qu’il fait. Le film est déjà passé tant de fois sur les écrans de l’actualité française. Les slogans sont éculés, les acteurs désabusés, les figurants poussifs, les décors poussiéreux, le scénario mille fois tourné avec des rebondissements prévisibles et une fin convenue. On se dit que les acteurs, parfois de grandes vedettes, ont « tourné ça » pour payer leurs retards d’impôts. Qu’ils n’y croient pas. S’ils y ont jamais cru…
On parle beaucoup de mai 68 ! C’est normal, c’est devenu la seule image d’Épinal de notre glorieux passé. Autrefois, on faisait rêver les enfants avec les exploits à la guerre de papa ou de grand-papa. Depuis trente ans, c’est avec le lancé de pavé de leurs aînés.
Fini le Rosbif brûleur de Sainte ou le Boche tortionnaire, l’ennemi, pour toute une partie de notre belle jeunesse, c’est le CRS-SS que leurs aînés ont allègrement caillassé dans la joie et la pseudo Révolution.
Les enfants veulent faire comme leurs parents, c’est bien normal. C’est leur choix et donc obligatoirement leur droit, du moins en sont-ils persuadés.
La seule réelle nouveauté en ces premières années du XXIe siècle, ce sont les casseurs. De plus en plus nombreux, de mieux en mieux organisés. C’est la seule perspective de distraction, certes morbide, du téléspectateur. Jusqu’où iront ces « éléments incontrôlés » ? Ils vont bien finir par se lasser de casser des voitures, de briser des vitrines et de voler des portables, notre époque est celle du zapping effréné.
Mardi, vont-ils passer au stade supérieur, soit à une mort d’homme ? Pas celle d’un pochtron, fut-il syndiqué, piétiné par une escouade de CRS auxquels cela n’a pas dû porter bonheur. Non, une vraie, une bien spectaculaire qui terrorisera le bourgeois comme aux temps de la Terreur, de la Commune… ou encore de mai 68 !
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