Un visiteur, étranger à nos mœurs et coutumes, mais parlant parfaitement nos langues européennes (l’anglais surtout), pourrait penser en consultant les médias qu’il existe une secte, celle du clergé catholique, composée pour l’essentiel de dangereux pédérastes.

En effet, depuis plusieurs années maintenant, dans la presse dite libérale, du New York Times au Washington Post … et leurs valets dans la presse française, des journalistes bien intentionnés dissertent les jours pairs, sur la malfaisance des guides spirituels de cette religion. Des USA à la Belgique, en passant par l’Irlande, le Portugal ou la France, il semble avéré que nombreux sont les prêtres ayant les penchants les plus contestables.

Heureusement les jours impairs, de grands intellectuels et pétitionnaires avancent nombres d’explications à ces maux : L’autorité excessivement centralisée d’un pape rétrograde et (horresco referens) anciennement membre des jeunesses hitlériennes, la condition atroce du célibat des prêtres, l’exclusion des femmes aux fonctions sacerdotales…Tous ces journalistes, rarement catholiques d’ailleurs, ont en fait en tête un remède efficace à cette crise dans l’Eglise : sa disparition pure et simple.
En France, dans le domaine artistique, il y a bien quelques comédiens qui essaient de remonter notre moral. Ils font preuve d’une imagination débordante. Après l’exposition il y a quelques mois d’un crucifix trempé dans un vase d’urine, l’immense artiste italien Roméo Castellucci, dans la pièce « Opéra théâtre », raconte l’histoire charmante d’un vieillard atteint d’une effroyable dysenterie ceci sous le portrait démesuré d’un Christ dominant la scène ! Le bon journaliste J.M. Gavalda précise benoîtement dans Midi-Libre que l’on ne sort pas indemne de ce spectacle qui ²bascule dans une dimension onirique². En fin d’année, de Toulouse à Paris, « Golgotha picnic », pièce subtile, nous contera la barbarie inhérente au message christique avec un Jésus portant le doux nom de ²el puto diablo² accompagné d’ un pianiste bedonnant et nu comme un ver, jouant sur scène les « Sept dernières paroles du Christ en croix » de Haydn . Le pianiste pourrait d’ailleurs être avantageusement remplacé par Miss Languedoc-Roussillon. Il y a parfois des fautes de goût.

J’ai écrit à tous ces fantastiques artistes pour leur suggérer un autre terrain d’étude totalement inexploré à ce jour : Celui des grand patriarches et prophètes de l’Ancien Testament comme Abraham ou Moïse et pourquoi pas une pièce intitulée « David, Bethsabée et Urie le méchant Hittite ». La réponse tarde.

Quittons le domaine du transcendant pour revenir à la politique terrestre. En Iran, pas grand-chose. La routine du sabotage des installations de recherche nucléaires par virus informatique, agrémentée par quelques assassinats ciblés de chercheurs iraniens. Les gens n’étant jamais reconnaissants de tout ce que l’on fait pour eux, il paraît que les scientifiques survivants sont furieux des meurtres de leurs collègues. C’est du moins ce que nous apprend M. Ray Takey, du Council of Foreign Relations, dans le Washington Post du 4 Août. En Egypte, tout comme en Tunisie, la Révolution s’est faite sans aide militaire étrangère. Il est vrai que ces deux pays étaient plutôt des amis de l’impérialisme et de plus, des villégiatures touristiques pour de nombreux ministres. Hosni Moubarak, non content de vendre du gaz aux Israéliens à un prix d’ami, avait même entrepris la construction d’une « barrière souterraine » en acier permettant l’inondation des tunnels situés à la frontière entre l’Egypte et Gaza. Pour la Libye, malgré les conseils de Bernard-Henri Levy à Nicolas Sarkozy et les frappes chirurgicales de l’OTAN, ça traîne. ( Je n’ai jamais très bien compris ce que « chirurgical », terme médical utilisé en principe pour le sauvetage des vies, venait faire ici). Kadhafi, personnage ubuesque, mais dont la position anti-impérialiste était suspecte, résiste. L’assassinat de quelques uns de ses fils et petits fils ne semble même pas l’avoir ébranlé. Quel toupet ! Je frémis à l’idée qu’il se mette en tête de bombarder un Elysée en pleine rénovation et tue des VIP dans ce palais. Il est vrai que les tyrans ça se croit tout permis. Attention à vos critiques, vous seriez catalogué « ami de Kadhafi » tout comme les opposants aux guerres d’Irak (plus d’un million de morts) étaient de fait des complices de Saddam Hussein. Jean-François Kahn, dans une tribune de Libération du 3 août, note que tous les médias officiels suivent avec servilité la ligne élyséenne. Il semble bien le seul journaliste à s’en apercevoir.

En France, nous avons le feuilleton DSK, prochains épisodes prévus fin août, puis septembre. Il y a aussi l’affaire Christine Lagarde, la cours de justice de la République ayant décidé d’ouvrir une enquête. C’est bien de savoir que le FMI est entre de si bonnes mains. Au fait, que reproche-t-on à Madame Lagarde à part un petit arrangement de 395 millions d’Euros de dommages et intérêts pour Bernard Tapie (Libération du 4 août). On ne sait pas très bien de quels dommages il s’agit, mais pour les intérêts c’est plus clair. Pour votre travail de vacances, vous convertirez 395 millions d’Euros en salaire annuel de smicard.

L’année 2012 est une année d’élection présidentielle. Il y aura probablement le duel habituel droite-gauche. J’avoue que je ne vois plus très bien la différence entre la droite et la gauche en France. D’un coté DSK, représentant il y a peu de temps de la classe ouvrière et qui à peine sorti de sa résidence surveillée à 35000 $ par mois s’offre un plat de pâtes aux truffes (pas des Panzanis) dont on nous dit qu’il a coûté plus de 500 Euros. De l’autre Sarkozy qui n’a pas d’argent pour le fonctionnement du Samu Social, mais trouve des millions d’Euros pour un embellissement somptueux de l’Elysée, remplir les poches de Tapie et bombarder des pays qui ne nous ont rien fait.
Enfin, si nous n’allions pas fêter bientôt la naissance d’un petit Sarkozy, on pourrait se sentir accablé et finir par croire qu’il y a quelque chose de pourri dans la République de France.