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Mardi, 20 Octobre 2009
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Veillée d’armes pour les Janissaires du sarkozysme
Roland Machefer
Tribune libre
Veillée d’armes pour les Janissaires du sarkozysme
Après la Bourgogne en 2007, au Palais des Congrès de Beaune, le week-end dernier ce fut au tour de la Provence, au Palais des Princes d’Orange, d’accueillir la Convention du mouvement identitaire. Et cette fois-ci, c’est un signe fort en direction d’une certaine droite extrême qui a été adressé à l’ensemble des nationaux et nationalistes : choisir la ville d’Orange, par l’engagement passé et présent de son premier magistrat, n’était pas anodin ; à quelques mois des élections régionales et à l’heure où la stratégie de l’édile du Haut-Vaucluse s’intègre parfaitement avec celle choisie par l’UMP en PACA pour reconquérir le Conseil régional en mars prochain. La recomposition d’une droite extrême, entièrement compatible avec le maintien au pouvoir d’un conservatisme droitiste, atlantiste, antinational et antisocial, est sur le point de s’achever ; avec pour objectif faire barrage au FN lors des prochaines élections régionales.

Dans les Balkans, sous le joug ottoman, les meilleurs auxiliaires de La Porte se recrutaient au sein des populations autochtones chrétiennes, afin de former un corps d’élite, celui des Janissaires. Formés à Istanbul, ils eurent pour tâche de seconder et d’administrer l’ottomanisation des contrées de l’Europe du Sud-Est pendant près de quatre siècles. Aujourd’hui, en France, l’Empire ottoman c’est l’idéologie sarkozyste, le Sultan est à l’Elysée et ses nouveaux Janissaires se recrutent au sein de la mouvance « nationale et identitaire ».

Depuis quelques semaines, cette convention identitaire avait fait l’objet d’une attention toute particulière de la part d’observateurs de la Mouvance nationale/nationaliste. Ainsi, de Jérôme Bourbon à Christian Bouchet, en passant par Pierre Vial (dans un de ses rares instants de lucidité), chacun s’accordait à souligner l’apparition d’une certaine forme de malaise autour de cette manifestation, tant dans le choix de ses intervenants que dans le but à peine caché des identitaires : servir les intérêts du pouvoir en place.

Une situation qui n’est pas sans rappeler celle des années 70-80 et les choix adoptés par la formation concurrence du FN d’alors, le Parti des forces nouvelles (PFN). A l’époque, un antagonisme fondamental existait alors entre le parti de Jean-Marie Le Pen et le PFN d’Alain Robert. Début 1978, dans la Revue Internationale des Problèmes du Nationalisme (janv.-fév. 1978, n°1-2, p. 19), François Duprat expliquait que si le FN refusait déjà clairement de se désister systématiquement pour la majorité (alors giscardienne), renvoyée dos à dos avec la gauche, le PFN, quant à lui, prônait le désistement systématique pour la majorité en privilégiant sa « droite ». Pour le PFN, continuait Duprat, le « régime » n’existe pas, il y a simplement des forces libérales et des « forces de droite » au sein du pouvoir et il faut appuyer les forces de droite en combattant les libéraux. Pour le FN, en revanche, le « régime » est une réalité très concrète et tous ceux qui le servent sont des ennemis de notre cause.

Rien d’étonnant alors que les militants anti-FN du PFN aient été mis à contribution pour les campagnes présidentielles de Giscard en 1974 et 1981, aient empêché Le Pen de se présenter à la Présidentielle de 81, tout en se prévalant d’être des anticommunistes farouches alors que Valery Giscard d’Estaing fut le premier chef d’Etat français à aller à Moscou déposer une gerbe au pied du Mausolée de Lénine, sur la Place rouge ; sans parler de la loi Veil et autres saloperies antinationales comme le « regroupement familial » !

Au lendemain de cette convention d’Orange qui a réuni quelque 500 personnes, la situation est étrangement comparable aujourd’hui : la mouvance identitaire, mais aussi les dissidents carlistes et autres NDP de Spieler et Hélie (deux ex-PFN, comme par hasard) ayant pris de fait la place de feu le Parti des forces nouvelles (disparu avec le giscardisme). Force est de constater que leurs rapports avec le sarkozysme s’apparente à la relation qu’entretenait le giscardisme avec cette droite extrême anti-Le Pen.

« Nous ne sommes pas nationalistes »

Notons que Jacques Bompard, le maire d’Orange, avait fait mine de prendre une certaine distance avec cette réunion publique, en tenant à faire savoir que « la mairie d’Orange n’a pas mis un théâtre « à la disposition de la Convention identitaire » des 17 et 18 octobre. La Ville d’Orange aurait loué ce théâtre selon les tarifs en vigueur, s’appliquant à toute personne ou groupe louant la salle ». Admettons ! Il n’en demeure pas moins que l’entourage de l’édile orangeois, l’entourage très proche même, était directement partie prenante, voir organisateur, de cette manifestation publique très marquée politiquement. N’a-t-on pas aperçu dernièrement, à l’occasion d’un reportage sur l’édition régionale du 19/20 de France 3, André-Yves Beck, maire adjoint de Bollène, cadre du Bloc identitaire, partie prenante dans la mise en oeuvre de cette convention, assistant avec application son bon maître Jacques Bompard filmé en plein travail derrière son bureau municipal ?

Aussi, c’est vers une respectabilité politique que Bompard et ses amis identitaires cheminent désormais. En témoigne l’activisme acharné du maire d’Orange depuis 2004 contre son ancien parti, sésame de sarkompatibilité potentielle pour cet édile local, mais aussi les efforts entretenus en direction de la « communauté » musulmane d’Orange et, maintenant son projet de Ligue du Sud. Et nombre de cadres identitaires n’y sont pas allés par quatre chemins pour multiplier les signes en direction du pouvoir en place et d’un certain lobby qui entend faire la pluie et le beau temps dans notre pays. Ainsi, Fabrice Robert, président du Bloc identitaire, oubliant un instant son passé de bassiste du groupe de rock skinhead « Fraction hexagone » , de même que son interpellation par la police pour avoir prétendument barbouillé des slogans négationnistes devant des lycées niçois : «Faurisson a raison, chambres à gaz = bidon », a tout de même osé sortir : « Nous ne sommes pas nationalistes. Le nationalisme a été un drame pour l'Europe. Nous sommes populistes. Ce que nous reproche l'extrême droite, c'est d'avoir rompu avec l'antisémitisme et l'antisionisme ». Fini la défense de la nation, une, grande et indivisible, vive le plus petit dénominateur commun, vive le localisme, vive le confétisme !

Cette pathologique quête de respectabilité ne les a pas empêchés de tenter de manipuler certains invités comme le Suisse jurassien Dominique Baettig, élu de l’UDC, qui a claqué la porte de la convention avant la fin. Baettig reconnaît depuis que les organisateurs lui auraient « forcé la main tout le temps, il s'agissait de cautionner la Ligue du Sud, et je suis parti lorsque j'ai entendu des propos outranciers sur les Noirs et les Maures ». Et l’élu suisse de convenir d’un évident « contrôle sioniste » qui prévalait lors de ce rassemblement très particulier. Jamais le Bloc(h) n’aura autant mérité le « h » dont l’affublent à juste titre certains observateurs avertis…

Le saint Graal des zID : la respectabilité sarkompatible !

C’est surtout au lendemain du 11 septembre 2001, que cette prise de conscience philosioniste s’est progressivement enkystée au sein de la frange d’Unité radicale qui deviendra par la suite la mouvance identitaire, non sans causer quelques remous au sein de ce microcosme. En témoigne le texte vengeur d’Anne Kling publié le 5 juillet 2007 sur son blog : « J’ai appris que certains qui se prétendent identitaires avaient craint de me recevoir pour présenter mon livre La France LICRAtisée. Bon. Ils auraient estimé que le bouquin n’était pas bon et n’attirerait personne, j’aurais admis. Après tout, c’était leur droit. Mais la raison est tout autre, et pour tout dire, elle m’inquiète beaucoup. En gros, c’est : « on a de bons rapports avec la communauté juive, on ne veut pas d’histoires, etc, etc. » Vous avez compris, pas la peine de vous faire un dessin. Ne pas faire 3% aux élections et déjà s’engager dans une démarche de pseudo respectabilité, je trouve ça navrant. Et surtout inquiétant pour l’avenir. C’est quand même trop facile de confondre causes et conséquences. De taper sans arrêt sur les immigrés et de faire volontairement le black out sur ceux qui leur ont ouvert les portes. Parce qu’ils sont forts, puissants et qu’on préfère ne pas leur chercher noise. Parce qu’ils font peur, en un mot comme en cent ». Et de qualifier les ID d’idiots utiles, insulte suprême ! Réponse immédiate de Fabrice Robert, par courriel en date du 5 juillet 2007 à 23h03 et 09’’ : « Ne plus parler d'Anne Kling sur Novo jusqu'à nouvel ordre ! ».

Fin 2002, les futurs identitaires avaient d’ores et déjà tracé le cheminement qui allait les porter doucement vers cette sacro-sainte quête d’honorabilité : dans leur célèbre éditorial mis en ligne sur le site www.unite-radicale.com au lendemain de l’affaire de faux attentats contre Jacques Chirac, président de la République, le 14 juillet 2002, dans un contexte de forte poussée du FN au sein de l’opinion publique de notre pays, ils n’y allaient pas par quatre chemins. Dans leur « Lettre ouverte à Maxime Brunerie », sous l’intitulé « Merci Maxime ! », Guillaume Luyt et Fabrice Robert, les deux principaux responsables de ce qui deviendra la mouvance identitaire, mettaient les choses au point sur nombre d’errances inhérentes à la marginalisation politique : « Aujourd'hui, grâce à ton coup de folie, Maxime, nous avons l'occasion historique de faire, une bonne fois pour toutes, le ménage dans nos rangs et d'en écarter tous les mythomanes nostalgiques et autres agents provocateurs qui s'y infiltraient régulièrement. Ayant affronté, à visage découvert, les conséquences hystériques de ton acte insensé, nous avons en plus la légitimité pour en finir avec tous ces imbéciles ». Et de lancer en guise de bonne résolution à prendre : « Pour nous, le défi est clair : rompre définitivement avec les combats perdus du XXème siècle et nous engager résolument dans ceux, décisifs, du XXIème siècle ».

Mis à part les habituels « identitaires » des quatre coins d’Europe occidentale, séparatistes alsaciens et catalans, et autres représentants de la Lega Nord (qui ont sans doute dû expliquer à un auditoire attentif combien il est bon de régulariser quelque 400 000 immigrés clandestins qui ne manqueront pas de venir en France bien vite, tout en crachant sur les symboles de l’unité nationale italienne, après avoir approuvé le Traité de Lisbonne et l’engagement atlantiste de Berlusconi), on pouvait s’attendre à un panel d’invités sans fard et sans surprise, un peu à l’image d’Yves-Marie Laulan, l’ancien responsable des Affaires économiques de l’OTAN.

Pas du tout : nous nous étions lourdement trompés !

Ainsi, parmi les revues présentes, il y avait le journal espagnol Idendidad, dont tout le monde connaît le passé de son principal animateur, Ernesto Milà Rodriguez, ancien de la CEDADE, fondateur du Parti espagnol national socialiste (PENS), piste espagnole dans l'attentat de la rue des Rosiers, cité dans d’obscures histoires d’attentats antigauchistes dans les territoires basques Iparralde et Hegoalde dans les années 1970, spécialiste des rapports entre le national-socialisme et … l’occultisme, etc.

Force est de constater que cette quête ne sera pas chose aisée pour nos confétistes en herbe : en témoignent les divers couacs qui ont agrémentés cette assemblée de « militants » qui se la joue bien propres sur eux. Comme la bimbeloterie exposée sur le stand de Richard Roudier, le président du Comité d'entraide aux prisonniers européens (CEPE), grand pourfendeur d’antisémitisme, mais vendant des cartes postales à l'effigie, entre autres, du maréchal Pétain, de Saint-Loup, ou de Robert Brasillach... Officiellement, la direction du Bloc ne se serait aperçue de la présence de tout ceci qu'après la convention, et aurait décidé que le CEPE ne serait plus un « mouvement associé ». Selon Le Monde, la double appartenance au Bloc et au CEPE serait interdite et Roudier en quitterait la présidence. Sans oublier la fameuse librairie du Paillon à Nice, « bédide gommerze » de l’identitaire Benoît Loeuillet, dont une partie du chiffre d’affaires est réalisé sur la vente d’ouvrages de Léon Degrelle, sur les Waffen-SS et autres « volontaires européens », tout cela est bien loin d’être gagné… Devront-ils virer tout ce petit monde ? D’autant que certains, pour complaire, vont sans doute même devoir changer les prénoms de leurs progénitures : que pourrait bien penser le fameux lobby d’un papa qui serait fier d’avoir donné à sa fille les trois prénoms Europe, France et Blanche ? Quelle réaction pourraient avoir les zélotes de la Ligue de défense juive qui, il n’y a pas si longtemps, avait pris langue avec Richard Roudier au Château d’Isis (1) par l’intermédiaire de Daniel Bensoussan, fils d’un dirigeant du CRIF ? Une LDJ particulièrement vigilante, ces dernières années, sur les fréquentations des identitaires et qui, parfois, n’hésite pas à les gronder…

Mais, peut-être que tout ceci ne fait pas partie de ce que Luyt et Robert définissaient, en leur infinie sagesse, comme étant des « mythomanes nostalgiques et autres agents provocateurs »… Certes ! De surcroît, on nous rétorquera sans doute que ce « ménage » est en cours… Un peu comme à l’été dernier, lorsque la mouvance identitaire élargie s’était empressée d’effacer sur Internet, à la manière de Big Brother et avec une élégance sans pareil, toute trace de Laurent Leclercq, auteur présumé d’un dramatique coup de poignard homicide dans le dos d’un adhérent de Terre et Peuple lors du Solstice d’été de la bannière d’Ile de France de ce groupe identitaire. Quelques semaines plus tôt, ce même Leclercq était pourtant cité comme un exemple militant sur nombre de sites et blogs « identitaires » ou se définissant comme tels…

Quant à « en finir avec le rôle de supplétifs auquel les partis électoralistes avaient pris l'habitude de [les] cantonner », intention qui figure clairement dans ce texte signé par Robert et Luyt fin 2002, au regard des événements qui ont actuellement court dans la Principauté d’Orange (constitution de la très sarkompatible Ligue bomparde avec l’accord tacite de l’UMP), force est de constater que cela reste un simple vœu pieu, et pour un sacré bout de temps encore.



notes

1 - Selon Jean-Yves Camus, un premier contact aurait eu lieu en 2005 d’après une confidence qu’Eliahou Nataf de la LDJ lui aurait faite à Paris en novembre 2007 (voir http://tempspresents.files.wordpress.com/2009/09/jean-yves-camus-strategies-contre-lextreme-droite-france.pdf page 15, note 30).

Photo : Guillaume Luyt et Fabrice Robert, quand ils n'étaient pas encore sarkocompatibles...
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