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Jeudi, 23 Avril 2009
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Exposition en temps de nihilisme
Claude Bourrinet
Tribune libre
Exposition en temps de nihilisme
L’Antiquité ne s’est jamais présentée aux yeux des Historiens et de ceux qui s’en sont inspirés, Républicains, Empereurs et artistes, et d’autres, comme une période particulièrement tendre. On y a même cherché, quand il le fallait, cette fameuse « vertus », autrement dit l’énergie, le caractère, la dureté guerrière, le courage, sans lesquels on ne peut ériger une société digne de ce nom.

Les Athéniens, bien que démocrates, n’étaient pas avares de cruauté, comme ils le montrèrent lors de la guerre du Péloponnèse, dans l’île de Mélos, où ils massacrèrent tous les mâles et réduisirent en esclavage les autres, sous le prétexte que la petit cité voulait user de sa liberté en désirant rester neutre dans le conflit qui opposait la cité d’Athéna à celle des Lacédémoniens.

Comme partout à cette époque, et depuis toujours, on y pratiquait l’esclavage et seuls les citoyens hommes (peu nombreux) décidaient du sort de la communauté. C’étaient leurs mœurs, et ils nous ont donné Platon, Aristote, Périclès, le Parthénon, et toutes ces belles choses qui restent des références pour notre vieille Europe.

Nous, qui avons inventé l’égalité arithmétique, la société de masse, Star Académy et Bernard Henri Lévy, avons poussé le sens humain jusqu’à les imposer à ceux qui n’ont pas le goût d’apprécier ces dons du génie humain. C’est ce qu’on appelle le droit d’ingérence, lequel devient convaincant lorsque des missiles viennent en étayer le fondement. Mais nous tuons avec le cœur à la bouche, en aimant ceux que l’on va sauver à l’insu de leur plein grès, tandis que les farouches Achéens (ou Romains, etc.), envoyaient leurs ennemis ad patres sans aucun état d’âme, poussant le vice jusqu’à prétendre que la guerre appartenait à l’état de nature.

Néanmoins, ils manifestaient d’étranges comportements. Ainsi, à la bataille navale des îles Arginuses, en 406, la flotte athénienne détruisit-elle celle de Spartes, poursuivant les navires en fuite, mais oubliant de récupérer les cadavres qui flottaient. Six des huit stratèges qui commandaient les forces attiques (les deux autres ayant fui), à leur retour, furent jugés et exécutés. Certes, il était sans doute question dans l’affaire d’un règlement de compte politique, mais les lois existaient bien, qui punissaient de mort ceux qui s’étaient rendus coupables de sacrilège. Or, c’est était bien un, aux yeux des Grecs, de ne pas ménager des funérailles aux défunts. Les cérémonies funéraires sont en propre ce qui différencie l’homme de l’animal. C’est là tout l’enjeu de la pièce de Sophocle, Antigone, dont l’héroïne éponyme invoque le « Nomos », c’est-à-dire la loi divine édictée de tout temps par les dieux.

Dernièrement, une exposition de cadavres savamment éviscérés, dépecés, innervés, conservés par un traitement spécial (une imprégnation polymérique), offre, à ceux qui veulent débourser 15 euros, les moyens de satisfaire des tendances qu’on peut deviner assez morbides. Il est vrai que les reportages, certaines publicités, les films qui ne nous cachent rien, l’obsession concentrationnaire, nous ont habitués à la fréquentation virtuelle et imagée des trépassés. Ces icônes médiatisés qu’on inflige à nos regards quotidiennement ont toute la brutalité sournoise d’un monde hypocrite, qui les brandit en cachant son instinct de mort, qu’il ne saurait voir.

En revanche, si la mort était la compagne effrayante mais naturelle de nos ancêtres, au point qu’on allait, sous l’Ancien Régime, pique-niquer au cimetière des Innocents, et que l’on ne mourait jamais seul, elle était enveloppée de toute la chaleur humaine et communautaire dont était capable une société croyante et solidaire.

La manière dont ces corps, qu’on nous dit être ceux de condamnés à mort, sont exposés, inspire le dégoût. Non parce que ce sont des morts, mais parce qu’ils sont exhibés dans ce milieu aseptisé d’un musée moderne, dans des poses souvent grotesques (l’un fait de la bicyclette), et qu’on va se rincer l’œil, comme devant des vitrines où des prostituées révèlent leurs charmes. L’esthétique bien léchée de ces « bodies » mués en objets de délectation, fait penser à l’ostentation nauséeuse de nos besoins physiologiques et de nos pauvres rêves dans les publicités télévisuelles. C’est la même adhésion sans distance au réel cru et brutal, démagogique et cynique, qui nous contraint à l’accepter comme tel, sans le truchement salvateur de l’œuvre d’art, qui peut montrer la souffrance, la misère, la mort, mais avec ce travail de l’intelligence sur la matière, qui non seulement distancie la réalité mortifère, mais la transmue en beauté, et finalement en joie (de comprendre, de reconnaître l’art du maître, de revenir au monde transformé par la catharsis). En revanche, ce qu’on recherche dans l’exposition « Our Body, à corps ouverts », c’est la sidération, avec ce zeste de j’m’enfoutisme spécifiquement postmoderne de ceux qui sont revenus de tout.

C’est d’ailleurs là le plus révoltant. Il n’est pas surprenant de constater, chez ceux qui ont été interrogés par les médias, leur apparente désinvolture. Comme disait Hölderlin, la plus grande déréliction, c’est l’absence de déréliction. Ce qui choque le plus, en l’occurrence, c’est l’absence d’indignation.

Tant le nihilisme a émoussé les réflexes proprement humains…
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