18/03/04 10.44 t.u. Christian Bouchet

Quand on prend du recul pour réfléchir aux attentats de Madrid, il y a bien des éléments étranges dans la revendication islamiste de l’action. Parmi celles-ci, il est pour le moins surprenant que des individus capables d’une telle technicité meurtrière soient aussi nuls pour tout le reste et laissent tant d’indices conduisant à eux, cela alors qu’ils ont été capables de monter toute l’opération dans la plus parfaite clandestinité. Comme dans le même temps, divers médias révèlent, presque anecdotiquement, que des membres de l’entourage de Ben Laden et des cadres de premier plan de al-Qaïda étaient des agents de la CIA, on ne peut que s’interroger : comment se fait-il que personne ne savait ? A moins que l’on ait su et qu’on ait laissé faire.

Ce massacre a en effet un avantage immense, il renforce les tenants de la thèse du « choc des civilisations ». Comme il est accompagné de menaces, vraisemblablement aussi fantaisistes que largement médiatisées, il permet de répandre la peur dans la population du monde occidental et de faire admettre aux européens qu’il y a bien deux mondes : le leur et le nôtre.

Voilà ce qu’il en est de l’ambiance internationale.

Mais le « sens de l’histoire » a parfois des hoquets et les élections espagnoles nous en offrent un bon exemple. Le peuple espagnol n’a pas été convaincu du tout que le malheur qui le frappait était du au « choc des civilisations », bien au contraire, il y a vu un effet collatéral d’une participation à une guerre qu’il refusait majoritairement. Il souffrait, la chose est entendue, mais il souffrait de faits de guerre parce que son gouvernement avait fait un mauvais choix, parce qu’il l’avait entraîné dans une guerre qu’il ne voulait pas.

La sanction des urnes a été au rendez-vous et le peuple s’est montré beaucoup plus mur et responsable qu’on ne le subodorait. Il a sanctionné les véritables coupables. Une fois de plus le diable porte pierre et le changement de gouvernement en Espagne ne peux être que bénéfique pour l’Europe et pour la paix dans le monde.

Les enjeux de dimanche, en France, ne sont pas les mêmes. Mais à lire les gazettes, on sent poindre chez les journaleux du système une angoisse, celle du « mauvais » vote, celle que le peuple fasse comme en Espagne : qu’il s’exprime démocratiquement...

Je n’ai guère de conseils à donner, mais je crois qu’il est nécessaire d’aller voter ce dimanche. Cela ne renversera pas le système, cela ne changera sans doute pas grand chose au désordre établi, mais cela peut contribuer à gripper un peu plus la situation, a révéler le fossé qui s’élargit entre le peuple et ses dirigeants, à créer une situation similaire au 21 avril..

Alors aidons la « montée aux extrêmes » et votons, selon les régions et selon les choix personnels, pour le FN ou pour l’alliance LO-LCR, en tous les cas votons contre le système.

Christian Bouchet