
Le parti américain
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13/09/04 |
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9.13 t.u. |
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Christian Bouchet |
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Il y a eu, en une semaine, dans la Fédération de Russie, autant de victimes du terrorisme qu’il y en avait eu à New York, lors du fameux 11 septembre.
Or, le traitement tout à fait différent de l’information et la réaction toute aussi différente de nos élites face aux événements, n’ont guère été relevés. Pourtant, ils sont éminemment significatifs d’un état d’esprit. Le définir est simple, c’est celui du colonisé, vaste catégorie ou l’on classera, selon le mépris que l’on a pour eux, en collaborateurs volontaires et dévoués ou en idiots utiles, les journaleux de la quasi totalité des médias et les hommes politiques libéraux de la droite ou de la gauche.
Il y a trois ans, nous étions tous des Américains. Nous devions visionner le drame en boucle sur nos chaînes TV, nous devions nous sentir solidaires avec les victimes, nous devions symboliquement porter le deuil. Il y a trois ans, une nouvelle ère commençait, nous disait-on.
En ce mois de septembre 2004, le terrorisme a frappé en Russie. Attentats à la bombe dans le métro, explosion en vol d’avions de ligne, prise d’otage puis massacre dans une école.
Mais où sont nos hommes politiques qui hier se précipitaient à New York ?, où sont les émissions spéciales de la télévision ? quand ferons nous une minute de silence dans nos écoles et nos entreprises ?, etc.
J’aurais apprécié qu’un homme politique d’envergure nationale ou qu’un journaliste connu, nous dise que nous étions tous des russes dans ces moments tragiques. Il n’en a rien été bien sûr et tout au contraire, c’est la Russie et le président Poutine que l’on a accusé.
Bien sûr si tout cela s’est produit, c’est, nous dit-on, à cause de la politique que mène Moscou, c’est à cause de la répression que ses troupes mèneraient dans le Caucase, etc.
Or, si il y a eu le 11/09, n’était-ce pas aussi « à cause » de « quelque chose » ? Et ce « quelque chose » qui l’a reproché alors à George Bush ?
Ce « quelque chose » qui a occasionné le 11/09, George Bush et ses prédécesseurs en étaient bien, de surcroît, les seuls responsables. Alors que ce que l’on reproche au président Poutine, il n’en est que la victime. Qui à suscité les indépendantisme au Caucase pour affaiblir la Russie et l’Eurasie ? qui accorde l’asile politique à leurs dirigeants, y compris à ceux qui mènent des actions terroristes ? qui leur apporte un soutien discret par « services » interposés ? Poser ces questions revient à y répondre et à expliquer la différence de traitement des événements par le parti américain en Europe.
Le 11/09 portait un coup à l’Empire du mal, septembre 2004 lui est objectivement favorable...
Christian Bouchet
PS : Le journaliste flamand Désiré Bollekens-Dumortiez, dans sa « Réponse au Soir à propos de la tragédie d’Ossétie » diffusée sur le net, dénonce avec justesse la symétrie des fausses fenêtres que l’on peut trouver dans les médias et qui s’énonce ainsi : «Il y a une inacceptable ambiguïté à dénoncer l’aventurisme de l’Amérique de Bush en Irak, en laissant quartier libre à la Russie de Poutine, que ce soit en Tchétchénie ou dans le Caucase. » Or, remarque Désiré Bollekens-Dumortiez « si l’invasion de l’Irak par Bush est une aberration, c’est parce que l’Amérique, selon la terminologie géopolitique d’un Karl Hausofer ou selon la terminologie juridique d’un Carl On Schmitt, est là bas une « puissance étrangère à l’espace » (...) La Russie, elle, ne l’est pas dans le Caucase, a fortiori sur son flanc nord, où se trouve la Tchétchénie».
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