31/03/04 5.09 t.u. Christian Bouchet

Je n’ai pas voté dimanche passé. J’en avais aucune raison. Choisir entre un pourri de l’UMP et un pourri du PS n’était pas pour moi un acte politique.

Ce soir, je vais, par contre, faire un acte politique.

Je vais aller au cinéma... voir La Passion de Mel Gibson.

Et j’ai quelques raisons à cela que je vais exprimer en reprenant « leurs » propres termes :

1 - « La Passion du Christ est avant tout un film pornographique fait par un maboul, pour les mabouls. Gibson, grand malade devant l'Eternel, mais en qui l'Inquisition aurait très certainement reconnu l'un de ses fils, porte une bien lourde croix. Mieux vaut s'en détourner et le laisser à son hollywoodienne via dolorosa. » Élisabeth Schemla (Proche-Orient Info).

2 - « En accord avec mon équipe, j'ai refusé de le programmer dans mon réseau de salles. J'ai toujours lutté contre le fascisme, notamment à travers mon activité d'exploitant. Or La Passion est pour moi un film de propagande fasciste. » Marin Karmitz (Télérama).

3 - Le film « relève d'une variante chiite du christianisme» Patrick Sabatier (Libération).

4 - Il s’agit d’ « une suite de scènes totalement obscènes, Un ennemi du christianisme n'aurait pas fait pire que Mel Gibson avec son film » Paul Valadier, jésuite, (La Vie).

5 - « C’est le film le plus violemment antisémite réalisé depuis les films de propagande allemande de la Seconde Guerre mondiale » (New York Daily News).

6 - « L'Evangile selon Mel, 2H06 de tortures en gros plans est sans doute la plus dangereuse et la plus violente interprétation de la Passion du Christ jamais réalisée » , ( Nouvel Observateur).

7 - « Les juifs d'aujourd'hui pourront légitimement se sentir blessés par l'insistance du réalisateur à présenter les responsables du temple comme particulièrement machiavéliques » (La Vie).

8 - « Indépendamment de savoir si le film est intentionnellement antisémite, il pourrait être utilisé pour conforter des opinions antisémites. (...) Sa violence extrême justifie que le film soit interdit aux moins de 12 ans. » Conférence des évêques de France.

9 - Patrick, Gerard et Jean-Marc Benlolo, on intenté une action en référé contre le distributeur du film pour le faire interdire au motif qu’il constituait une « incitation à la haine raciale ».

10 - Etc., etc.

Quand on lit tout cela, on se dit que même si les Evangiles ne nous motivent que fort peu, aller au cinéma voir La Passion est bien un acte politique. Le jésuite Paul Valadier a écrit, qu’il était « atterré » par un film « obscène », « profondément antihumain et antichrétien ».

Ce qui est obscène, atterrant, profondément antihumain et antichrétien, à mes yeux, c’est le traitement de tout cela. La volonté d’une minorité de nous dicter nos conduites et nos croyances, de nous faire vivre que par elle et que pour elle, de s’arroger le droit de nous poursuivre dès que l’on sort des passages cloutés idéologiques qu’elle veut nous imposer.

Il n’y a face à tout cela qu’une conclusion : quels que soient nos choix religieux, nous devons tous allez voir La Passion, assister à ce film est un acte de résistance, une manière de dire merde à la nouvelle inquisition, aux ligues de vertu et tutti quanti...

Et, puisque le Diable porte pierre, Pat Buchanan a sans doute raison quand il écrit : « Avantage colatéral de tout ce bruit, c’est que les millions de gens qui vont voir le film comprennent que l’accusation d’antisémitisme est une arme qui ne sert qu’à effrayer, à imposer silence, à intimider, à ostraciser et à anathémiser ceux qu’elle vise. »

Christian Bouchet