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Recep Tayyip Erdogan, le Haider du Bosphore

11/11/02 7.58 t.u.
Christian Bouchet

Le succès d’un parti musulman aux élections législatives en Turquie (34,2% des voix et 363 élus sur les 550 sièges du Parlement) a ravivé bien des fantasmes.

Dans Le Parisien du mardi 05 novembre 2002, sous la plume de Dominique de Montvalon on a pu lire ces réflexions bien peu démocratiques : « Quand les résultats tombent tard dimanche, c'est le choc, presque la consternation. De Berlin à Paris, de Londres à Washington, on discute, on calcule, on se concerte. Quelques-uns se font les avocats d'une ligne dure. C'est la ligne réaliste qui prévaut : la Turquie est mise sous surveillance ». 0n peut se demander au nom de quoi les capitales occidentales auraient vocation a porter un jugement sur les libres votes d’un peuple... Mais on sait, au moins depuis les succès du FPO en Autriche, que cela devient une habitude. Il faut, au nom d’une curieuse conception de la démocratie, mettre « sous surveillance » les nations qui « votent mal ». Quant à Patrick Devedjian, il a estimé que « la Turquie est désormais un pays islamiste ou proclamé en tant que tel » et que « la religion ne peut être la boussole de l’Etat, encore moins de la démocratie » tandis que Max Gallo, a joué à la bonne conscience et au donneur de leçon, disant tout haut ce qu’une grande partie de notre intelligentsia pense : « D'une façon générale, les responsables internationaux devront examiner avec beaucoup de soin les premières mesures que prendra le nouveau gouvernement et veiller à ce qu'elles ne remettent pas en cause les principes essentiels des droits de l'homme. Franchement, je ne suis pas optimiste. » Pour notre ministre en charge de la répression démocratique et pour notre grand démocrate, proche de Jean-Pierre Chevènement, tous les votes ne se valent donc pas... Vous me direz qu’on le savait bien en France depuis longtemps et a fortiori depuis le 21 avril.

Je pourrais continuer ma chronique en mettant bout à bout de telles déclarations « démocratiques ». Mais tel n’est pas mon propos.

Il me semble plus intéressant de relever que comme en Autriche le néo-nazisme n’avait pas triomphé avec Haider, en Turquie ce n’est pas le moins du monde l’islamisme radical qui vient de connaître une victoire dans les urnes, mais bien plutôt une version de ce que les spécialistes nomment le « post-islamisme » et dont les partis qui l’incarnent correspondraient plus ou moins, en Europe, à des partis conservateurs.

S’il y a bien un islamisme en Turquie, celui-ci est groupusculaire (mouvements Hizballâh et Ibda, revues Hareket et Girisim) et sans influence sur le réel. Le Parti de la justice et du développement, dont les béotiens découvrent soudain l’existence, existe sous des appellations changeantes depuis 1970. Il a déjà connu de beaux succès électoraux (12% des voix en 1972, 21,4% en 1995) et il a même déjà accédé au pouvoir en juin 1996, son leader de l’époque, Necmettin Erbakan, devenant premier ministre !

Fut-ce alors l’enfer intégriste ? Pas le moins du monde et Necmettin Erbakan respecta la constitution, ainsi que ses engagements internationaux, signa un accord de coopération militaire avec Israël et poursuivit l’intégration de son pays dans l’ensemble européen. Ses contacts avec l’Iran et avec la Libye, inquiétèrent les USA, mais Erbakan leur permit d’utiliser le sol turque pour mener des actions en Irak... Sans doute pour satisfaire sa base, le Parti de la prospérité soutint par contre des projets, plus symboliques que réels, comme l’édification d’une mosquée sur la place Taksim (au centre des quartiers moderne), la réaffectation au culte musulman de la basilique Sainte Sophie, les journées de soutien à l’intifâdah organisées par certaines mairies, les manifestations en faveur de l’enseignement religieux, etc. Et c’est là la caractéristique du « post-islamisme », dans un pays évolué comme la Turquie, l’accession des « islamistes » au pouvoir ne change en réalité rien à la situation du pays et tout se joue sur le plan symbolique.

Mais bien sûr pour que les USA restent les gendarmes du monde, il faut que nous ayons peur, il faut que nous bénéficiions de la protection du grand frère américains contre les méchants islamistes, comme nous bénéficiions hier de sa protection contre les méchants communistes.

Quant au problème de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, on ne peut que se satisfaire de la position de Giscard d’Estaing dont il importe de rappeler en substance les propos. Il a constaté avec justesse que « ceux qui ont le plus poussé à l'élargissement en direction de la Turquie sont les adversaires de l'Union européenne » en faisant ainsi allusion à la Grande-Bretagne, « pour dire « on va rendre le système fragile, et donc on ira vers une espèce de zone de libre-échange commune à l'Europe et au Proche-Orient ». Ils se sont dit « avec un tel système, on est tranquilles, parce que l'intégration s'arrête ». (...) De surcroît, le lendemain du jour où on ouvrira des négociations avec la Turquie, vous aurez une demande marocaine [d'adhésion à l'Union], le roi du Maroc l'a dit depuis longtemps ». Dès lors que l'on « sort du continent », note Giscard d'Estaing, « pourquoi sortir du continent à l'est et ne pas sortir à l'ouest ? ».

Pour notre ex-président ce serait : « la fin de l'Union européenne ! On ne peut pas discuter, comme nous le faisons, de la législation interne de l'Union, sur des points extrêmement sensibles de la vie quotidienne uniquement européens, et dire que certaines discussions seraient étendues à des pays qui, pour des raisons tout à fait estimables, ont une autre culture, une autre approche, un autre mode de vie. »

Qu’il faille que la Turquie, musulmane ou laïque, soit l’alliée de l’Europe, qu’il soit souhaitable que l’écharpe des peuples touraniens collabore plutôt avec la CEI qu’avec les USA, cela n’enlève rien à un fait l’Europe et l’Eurasie ont des frontières qui ne sont pas extensibles à l’infini.

Ne cédons donc pas aux fantasmes anti-islamistes, mais dans le même temps restons ferme sur l’essentiel : L’Europe aux Européens.

Christian Bouchet

 
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