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6 juin 2004 : Les mots et les actes : Occupation, résistance, libération, terreur…
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02/06/04 |
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11.36 t.u. |
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Jacques Marlaud |
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Notes
*1 Dans une analyse sans concessions (" To Tell the truth ", nytimes.com/2004/05/28), Paul Krugman se demande comment on a pu prendre si longtemps l’actuel président des États-Unis pour un homme droit et sincère alors qu’il était dès le départ un politicien retors, refusant de reconnaître ses erreurs et enclin à mener son monde en bateau. Il donne trois raisons : 1) un patriotisme dévoyé induit par le choc du 11 septembre ;
2) " la tyrannie de l’objectivité " qui poussait les critiques du président à tout faire pour ne pas sembler se ranger du côté de ceux qui lui vouaient une "haine irrationnelle"; 3) l’intimidation : après le 11 septembre tous ceux qui osaient penser ou dire quoi que ce soit de négatif à propos du président s’exposaient à recevoir une avalanche de lettres insultantes. Deux jours plus tôt, le New York Times du 26 mai 2004 s’excusait formellement auprès de ses lecteurs du manque de rigueur et de vérification dans une série de reportages, notamment à propos des armes de
destruction massive censées être en possession de l’Irak juste avant l’invasion anglo-américaine.
*2 En s’inspirant de Kerényi et Eliade, Kurt Hübner explique que " les pseudomythes politiques sont certes structurés comme des mythes mais qu’ils ne naissent pas spontanément, ni ne se développent historiquement, c’est-à-dire qu’ils sont créés en vue d’atteindre certains buts […] Un mythe véritable à l’origine [peut] lui aussi devenir un pseudomythe, notamment lorsqu’il n’est plus vécu, mais doit être maintenu par la violence ou artificiellement réintroduit. " (" Mythe et politique. Contribution au concept philosophique de nation ", Krisis, numéro 8, avril 1991).
*3 L’ancien fonctionnaire du département d’État américain, William Blum, auteur de la retentissante critique de la politique étrangère étatsunienne sous le titre de L’État voyou, L’Aventurine, Paris, 2002, vient de publier un deuxième ouvrage qui recense avec une grande précision pas moins de cinquante- cinq opérations militaires illégales des États-Unis, ouvertes ou couvertes, à travers le monde entre 1945 et 2003 : Les guerres scélérates, Parangon, Paris, 2004. Sur le même thème de la recherche systématique et la provocation des conflits par la puissance américaine, on consultera avec profit l’ouvrage de Noam Chomsky : De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, Paris, 2001.
*4 Maximilien de Robespierre, 3/02/1794, cité par Jacques Cellard, Ah ! ça ira, ça ira… Ces mots que nous devons à la Révolution, Balland, Paris, 1989.
*5 Notamment dans le Deutéronome (VII-6, VII-16, XX-17).
*6 Thèse défendue, entre autres, par Robert Jaulin, L’univers des totalitarismes, Loris Talmart, Paris, 1995. Sur ce même sujet, également, Jacques Marlaud, " Choc des civilisations ou résistance à la civilisation terroriste ? " in Interpellations. Questionnements métapolitiques, Dualpha, Paris, 2004.
*7 Entre autres, Stéphane Courtois (et al.), Le livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Robert Laffont, Paris, 1997 ; Joël Kotek et Pierre Rigoulot, Le siècle des camps, J.C. Lattès, Paris, 2000 ; Pin Yathay, L’utopie meurtrière. Un rescapé du génocide cambodgien témoigne, Editions Complexe, Paris, 1989 ; Christopher Hitchens, Les crimes de Monsieur Kissinger, Saint-Simon, Paris, 2001 ; William Blum, Les guerres scélérates, op. cit.
*8 cf. Richard Labévière, Les dollars de la terreur. Les États-Unis et les islamistes, Grasset, Paris, 1999. Également : Michel Chossudovsky, Guerre et Mondialisation. À qui profite le 11 septembre ?, Le Serpent à Plumes, Paris, 2002.
*9 Mona Chollet, " Rafah : comment rendre un peuple fou ", www.peripheries.net, 26 mai 2004.
*10 Dans une critique sans concession de la revue Cités d’Yves Charles Zarka, consacrée au danger du communautarisme islamique en France et exhibant la caricature grossière d’un musulman sur sa couverture, le journaliste du Monde Diplomatique Alain Gresh écrit : " L’homme au nez crochu, au regard torve, n’a pas la Torah dans la main, mais le Coran. Il est musulman et tourne le dos à la République. Qu’une revue puisse mettre une telle illustration en " une ", que des libraires l’affichent, en dit long sur le climat actuel en France." (" Les nouveaux habits du racisme ", diffusion Internet, 29/05/04). Dans le même esprit de phobie anti-islamique, la manchette du Figaro du 28/05/04 attirait l’attention sur " l’inquiétant prosélytisme des associations islamiques ", en se fondant sur l’étude d’un Institut des Hautes Études de Sécurité Intérieure (IHESI) qui ne relevait, à la lecture, aucune tendance spécifique à la violence ou au terrorisme, mais fustigeait la tendance au " repli communautaire " des jeunes musulmans. Comme si cette quête d’une identité ethnique et religieuse dans notre société déracinée, ne concernait que cette communauté-là ! Comme si la République devait, à ce moment précis des guerres qui font rage au Moyen-Orient, se sentir menacée de ce côté- là ! Façon subtile, croit-on, d’aligner les Français sur la propagande anti-terroriste de Bush et consorts ?
*11 Henri Korn, dans un article intitulé " Trop commode alibi ? " (Le Monde, 29/05/04), abordait avec courage le fond de la question concernant l’instrumentalisation constante d’un antisémitisme largement surévalué en Europe comme aux États-Unis : " Peut-être serait-il temps d’abandonner l’amalgame entre Israël et un peuple idéalisé, fils du Livre, du Talmud et des Lumières. Il nous empêche de penser en termes politiques ce qui se passe aujourd’hui au Proche-Orient. Il est impératif désormais, pour la survie de la démocratie en Europe, aux États-Unis aussi bien qu’en Israël, que chacun d’entre nous prenne ses distances avec une logique qui inverse la charge de la preuve et qui est assortie d’un chantage. Tous deux nous paralysent. La logique nouvelle est terrifiante, elle postule qu’il appartient à la victime de prouver son innocence alors même qu’elle a été abattue sans autre forme de procès : " Nous l’avons tué, c’était donc un terroriste. "
Le chantage consiste à menacer de dénoncer comme un antisémite, alors qu’il s’agit d’un choix politique, toute personne qui conteste cette logique perverse et ses conséquences. "
*12 Jules Monnerot, Sociologie de la révolution, Fayard, 1969.
*13 Spiegel special, NR.1/2003, " Als Feuer vom Himmel fiel. Der Bombenkrieg gegen die Deutschen. "
*14 Une base américaine gigantesque, nommée Bondsteel, avec une piste pour avions gros porteurs et une véritable ville intérieure, a été construite illégalement sur un territoire arraché aux Serbes au Kosovo. Des contingents étatsuniens se sont établis en Hongrie, en Tchéquie, en Slovaquie, en Georgie. Le FBI forme la police polonaise à ses méthodes de combat contre le terrorisme. Plus que la valeur militaire de ces établissements, c’est leur signification politique dont il faut tenir compte à la lueur des intentions affichées à Washington d’empêcher l’Europe réunifiée de se doter d’un système de défense indépendant, et de diviser les Européens entre eux pour éviter toute coalition anti-américaine.
*15 Robert Kagan, Le revers de la puissance. Les États-Unis en quête de légitimité, Plon, Paris, 2004.
CRÉM (Cercle de Recherches et d’Études Métapolitiques)
Jacques Marlaud
Maître de conférences,
1er juin 2004
Université Jean Moulin / Lyon III
(Faculté des Lettres et Civilisations)
7 rue Chevreul
69362 LYON cedex 07
[email protected]
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