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:::::::: textes idéologiques :: douguine ::

L’avenir de la Russie dépend de notre volonté

10/08/04 20.41 t.u.
Alexandre Dugin


Q : Quel sens cela a-t-il de créer un parti qui, selon vos paroles, ne participera pas activement au processus électoral ? Prévoyez-vous de prendre part aux élections pour la Douma, et si oui, dans un bloc avec quelles forces ? Qu’est-ce qui vous relie, vous, patriote de Russie, à Mr. Noukhaev, sponsor des gangsters tchétchènes ? Après le net virage pro-occidental de la politique présidentielle, votre activité – si l’on en croit les médias – est devenue proche de zéro. Demeurez-vous toujours un supporter de Putin, ou pensez-vous qu’il ne répondra pas à vos attentes géopolitiques ? Quelles qualités sont-elles nécessaires, à votre avis, pour une politique réussie au niveau fédéral ? Et pensez-vous posséder ces qualités ? (Anton, étudiant au MGIMO [Institut d’Etat de Moscou pour les Relations Internationales], Moscou)

AGD : La question de transformer le Mouvement EURASIA en parti EURASIA signifie déjà certains changements dans nos plans. Le processus de construction politique dans le cadre du Mouvement EURASIA a prouvé que le mouvement a des traits de masse et qu’il répond à un besoin réel. Pour parler honnêtement, sa dimension – particulièrement au niveau régional – est allée bien au-delà de nos attentes. De plus, nous sommes suffisamment déçus par les partis fédéraux. Par conséquent nous avons pris la décision de participer activement au processus électoral. Mais la forme de cette implication n’a pas encore été définitivement décidée. Je n’exclus pas une coalition avec d’autres forces centristes patriotiques. Les questions concrètes seront claires dans l’année, alors que le parti doit être déclaré officiellement, c’est une question complexe. Après sa déclaration, le paysage politique changera quelque peu. Ensuite des perspectives plus concrètes de coalitions et d’alliances seront visibles.

Nous sommes liés à Noukhaev par l’approche eurasiste concernant la solution du problème caucasien. Nous sommes convaincus que le problème tchétchène ne doit pas être résolu seulement par la force, mais aussi par une solution politique. Cette solution politique, d’une perspective purement théorique, peut être soit le nivellement complet des traits nationaux tchétchènes (c’est-à-dire un génocide direct), soit la séparation politique de la Tchétchénie (sur une base démocratique ou islamique-fondamentaliste), soit le projet eurasiste – qui suppose le rejet d’un Etat autonome par les Tchétchènes, en même temps que la préservation d’une autonomie ethno-culturelle brillamment exprimée fondée sur les valeurs de l’islam traditionnel et de la géopolitique eurasiste.

De notre point de vue, les deux premières solutions sont inacceptables. Il y a une troisième solution. Penchent pour cette solution, du coté russe, à la fois nous (EURASIA), et nos adhérents dans les structures d’autorité ; du coté tchétchène, pour cette troisième solution penchent Kadyrov (Tchétchénie du Nord) et Noukhaev (Tchétchénie du Sud). Il est donc absolument naturel que ayons un dialogue politique et idéologique actif avec eux. Dans le livre « Vedeno ou Washington ? », Noukhaev proposait un concept harmonique d’évolution eurasiste dans la région caucasienne. Nous ne connaissons rien de plus raisonnable et de plus réaliste (et en même temps idéaliste, au sens positif du mot) en Tchétchénie du Sud. Cela définit notre dialogue. C’est logique : les milieux russes pro-wahabites maintiennent des relations avec Khattab, avec le SPS [Soyuz Pravih Silyh; Union des Forces de Droite], avec l’atlantiste Maskhadov, les faucons du Ministère de la Défense penchent pour la première solution, alors que les eurasistes défendent le projet eurasiste. [voir le discours de H.A. Noukhaev, lors de la Conférence « Menace islamique ou menace envers l’Islam ? » et « Notre avenir dans notre passé lointain »]

Quant à notre activité, au contraire, elle s’accroît régulièrement. De nos jours la confusion est dominante dans les médias russes. Il se passe ici un processus tourmenté de changement de paradigme. Ils n’ont pas encore compris ce qui est politiquement correct et ce qui ne l’est pas. Je peux imaginer que beaucoup se sentent rassurés, supposant à tort que la claire position patriotique des eurasistes dévie quelque peu de la ligne officielle en politique étrangère. Presque chaque jour je donne des interviews, je participe assez souvent à l’enregistrement de programmes de télévision, mais de cette masse seuls de misérables fragments sont publiés. Ce n’est pas de la censure au vrai sens du mot, c’est la crainte de l’eurasisme comme prétendant sérieux au rôle d’idéologie nationale. Et il est aussi difficile de passer de la célébration stupide de l’Occident à la diffusion d’une information patriotique. Ainsi il arrive que dans les médias russes le pourcentage de patriotes soit inversement proportionnel au pourcentage parmi nos garçons combattant en Tchétchénie. Les avancées tactiques du Président en politique étrangère sont présentées par les médias comme la stratégie finale, non sujette à révision. Ils voudraient simplement considérer l’Occident comme quelque chose de bon. Mais cela n’arrivera pas, cela contredit les lois fondamentales de la géopolitique. Dès qu’il deviendra impossible de ne pas voir la véritable attitude des Etats-Unis envers la Russie, les thèmes eurasistes dans les médias deviendront extrêmement réels. C’est inévitable.

Nous restons des supporters de Putin. Nous considérons certainement que la politique étrangère après le 11 septembre aurait pu être plus adéquate, et nous sommes convaincus que la mode pro-occidentale dans notre société et dans notre élite politique est encore forte. Cela peut être déplaisant, mais une fois de plus je veux dire que les coups tactiques du Kremlin ne peuvent pas être considérés comme un rejet de la géopolitique eurasiste en tant que telle. C’est bien plus l’agonie dans les relations publiques de ces forces politiques pour lesquelles il n’y aura pas de place dans la nouvelle Russie eurasiste.

Je pense que la politique est la continuation de l’esprit. Si l’esprit est malsain, la politique aussi est malsaine, si l’esprit est pur, la politique aussi est pure. Nous avons une fausse image du politicien en tant qu’homme de spectacle, charlatan ou bureaucrate. En Russie il y a un gouffre entre la politique et les idées ; nos politiciens changent de philosophie comme on change de vêtements. C’est historiquement compréhensible, mais une telle approche est condamnée. Nous avons besoin d’une politique d’idées et des politiciens adéquats. Je suis sûr qu’une nouvelle sorte de gens doit entrer sur la scène politique. Ce n’est pas simple et il y a une énorme résistance due à l’inertie. C’est aussi une question de savoir-faire. J’ai donné un cours de « Philosophie de la politique », étant familiarisé avec le savoir-faire de ce processus. A vrai dire, je m’occupe de politique sous une forme ou sous une autre depuis le début des années 80 … c’est-à-dire que je suis l’un des plus anciens politiciens russes … Cependant c’est seulement maintenant que j’ai décidé de prendre une responsabilité personnelle. Je supposais auparavant que mon rôle se limitait à générer des idées politiques. Mais, comme on l’a vu, déjà dès la première étape ces idées ont été déformées jusqu’à être méconnaissables. Une expérience de vingt années dans la politique russe m’a finalement conduit à apparaître dans le rôle d’un leader avec l’appui de nombreux collaborateurs et de nombreux partisans convaincus qui m’ont donné leur confiance. Et il y en a environ un millier …

Q : Mr. Dugin, vous avez précédemment exprimé un certain enthousiasme pour l’orientation « eurasienne » du Kremlin du président Putin. Mais Moscou a été de plus en plus pro-occidental et pro-américain dernièrement. Comment expliquez-vous ce glissement ? Voyez-vous toujours le président Putin comme quelqu’un qui peut-être influencé par la pensée eurasiste ? Merci. (Wayne Allensworth, Fort Worth, Texas, US)

AGD : J’ai déjà répondu à cette question dans les observations précédentes. Je noterai seulement qu’entre les orientations politiques pro-américaine et pro-européenne il y a une différence essentielle. Une politique pro-européenne fait partie de la stratégie géopolitique eurasiste. L’Union Européenne a une culture commune avec les Etats-Unis, mais des préoccupations différentes. L’Europe a une culture différente (parfois antagoniste) vis-à-vis de la Russie mais des préoccupations similaires (particulièrement dans le secteur de l’énergie). L’union stratégique de la Russie avec l’Europe est importante à la fois pour l’Europe et la Russie, mais est inacceptable pour les Etats-Unis. Cette image composite définit le cadre de la stratégie géopolitique de Moscou. La pensée eurasiste est l’avenir de la Russie. D’après un sondage effectué par le VCIOM – que je cite souvent – 73 % des Russes considèrent la Russie comme une civilisation eurasienne-orthodoxe autonome. Putin est le président du peuple. Il ne peut pas ignorer un tel choix des Russes. Il doit assumer un lourd héritage, des cadres mal adaptés à l’exécution de la mission historique qui lui a été assignée. Mais tout cela peut être surmonté. Le président de la Russie-Eurasie ne peut être qu’eurasiste. C’est un postulat géopolitique. Mais, étant donné la difficile situation externe, nous devons difficilement nous attendre à une déclaration formelle. Et cela est également correct d’un point de vue tactique.

Q : Comment évaluez-vous l’inquiétude du gouvernement russe concernant l’évolution politique de la Géorgie ? (Beso, Tbilissi)

AGD : L’espace post-soviétique est l’espace des catastrophes. D’un point de vue géopolitique, ici tout est clair : l’affaiblissement du pôle stratégique eurasien – l’eurasisme – signifie automatiquement le renforcement de l’anneau (l’« anneau de l’anaconda ») stratégique atlantiste (américain). L’expansion de l’OTAN vers l’est, l’introduction de contingents américains dans les pays de la CEI – toutes sont des étapes d’une stratégie uniforme. Une stratégie dirigée contre la Russie-Eurasie. Ce n’est un secret pour personne. Et la Russie n’a pas de réponse directe. Comment ne pas se sentir inquiet concernant les prochains mouvements de ce python au sang froid ? Pourtant on ne peut pas mettre tout le blâme sur le seul Chevardnadze. Il a contribué à la victoire de l’atlantisme antérieurement aussi, en désorganisant l’URSS. Il continue à faire cela aujourd’hui. L’orientation politique de Chevardnadze n’a pas beaucoup changé depuis l’époque de la perestroïka. Ainsi le problème n’est pas nouveau. C’est une bonne chose qu’une telle inquiétude existe aujourd’hui.

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