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:::::::: histoire :: allemagne ::
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Les Socialistes quittent le NSDAP
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26/06/02 |
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8.06 t.u. |
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Otto Strasser |
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Lui : « Une fois encore, je vous offre un poste de chef de la presse nationale. Vous viendrez avec moi à Munich, où vous serez directement sous mon autorité. Vous pourrez mettre toute votre force de travail et votre intelligence, que j'estime, au service du mouvement ».
Je répondis que je ne pouvais accepter cette offre que si nous étions d'accord fondamentalement sur une volonté politique. J'ajoutai textuellement : « S'il s'avère ensuite que nos vues diffèrent, vous aurez l'impression que je vous ai trompé, et j'aurai moi-même le sentiment d'avoir été trahi. Le plus important me semblerait être que nous ayons une discussion de fond sur les objectifs politiques. Je serais prêt à me rendre à Munich pour quatre semaines et à aborder avec vous-même et éventuellement avec Rosenberg, dont je connais l'hostilité à mon égard, toutes les questions, et principalement les questions de politique étrangère et de socialisme car à mon sens, Rosenberg est plus éloigné que tout autre de mes conceptions ».
Là-dessus, Monsieur Hitler me dit que cette proposition venait trop tard, que je devais me décider maintenant, faute de quoi il devrait prendre dès lundi les mesures qui s'imposaient. C’est à dire qu’il serait déclaré que les Editions Combat portent atteinte aux intérêts du parti, qu’il interdirait à tous les membres du parti la diffusion et la propagation des journaux des Editions Combat, qu’il m'exclurait du parti, moi et les personnes qui m'entourent.
Je répondis que Monsieur Hitler avait effectivement la possibilité de prendre ces mesures, mais qu'il prouvait ainsi ce que je n'avais jamais jusqu'alors cru possible : son désaccord total avec notre volonté socialiste révolutionnaire, telle qu'elle s'exprima pendant cinq ans dans les Editions Combat, qui en fut l'objet et la caractéristique essentielle.
Je dis à peu près ceci : « Monsieur Hitler, j'ai l'impression que vous omettez de dire les vraies raisons qui vous poussent à anéantir les Editions Combat; l'enjeu véritable est ce socialisme révolutionnaire que nous prônons, vous souhaiteriez le sacrifier pour asseoir la légalité au parti et pouvoir coopérer avec les droites bourgeoises (Hugenberg, Stahlhelm, etc.) ».
Monsieur Hitler a très vivement rejeté cette opinion : « A l'inverse de gens tels que le riche comte Reventlow, je suis socialiste. J'ai commencé comme simple ouvrier, et aujourd'hui encore, je n'admets pas que mon chauffeur reçoive une autre nourriture que moi. Mais votre socialisme est du marxisme pur et simple. Voyez-vous, la grande masse des ouvriers réclame seulement du pain et des jeux. Elle n'est pas accessible aux idéaux et nous ne pouvons espérer la gagner. Nous nous attachons à cette frange qui est de la race des seigneurs, qui n'est pas mûre par une doctrine misérabiliste et sait qu'en vertu de son caractère propre, elle est appelée à régner, et à régner sans faiblesse sur la masse des êtres ».
Moi : « Monsieur Hitler, cette opinion m'accable. Je tiens pour erronée une vision fondée sur la race. A mon sens, la race est seulement la matière première initiale. Le peuple allemand par exemple s'est constitué à partir de quatre ou cinq races différentes. A cela sont venus s'ajouter des influences géopolitiques, climatiques, d'autres encore, la pression extérieure, la fusion intérieure à partir de laquelle s'est forgé ce que nous appelons un peuple. L'étape suivante est née d'un vécu commun et de la prise de conscience de ce vécu : cette forme supérieure qu'est la nation, née pour nous en août 1914. La vision raciale de Rosenberg que vous avez faite vôtre nie la grande tâche du national-socialisme, la constitution du peuple allemand en nation et conduit même à la dissolution de ce peuple. Elle nie donc ce qui est à mes yeux l'objectif et le sens de la révolution allemande à venir ».
Lui : « Vous êtes un libéral. Toute révolution est fondamentalement raciale. Il n'y a pas de révolution économique, politique ou sociale. Le combat oppose toujours une sous-couche racialement inférieure à une race supérieure régnante. Lorsque la race supérieure a oublié cette loi, elle perd la lutte. Toutes les révolutions de l'histoire mondiale, et je les ai étudiées avec beaucoup de soin, ne sont rien d'autre que des combats raciaux. Lisez donc le nouveau livre de Rosenberg (Hitler veut parler du Mythe du XX° siècle, NDT). Vous avez là toutes les réponses. Le livre à une dimension considérable, supérieure même aux Fondements du XIX° siècle de Chamberlain. Vos erreurs dans le domaine de la politique extérieure s'expliquent par votre méconnaissance des facteurs raciaux. Vous vous êtes par exemple enthousiasmé pour le mouvement indépendantiste hindou ... Sachez que les Anglo-saxons ont mission de gouverner les peuples qui leurs sont soumis, au nom précisément de leur supériorité. La race nordique est appelée à dominer le monde, et ce droit doit guider notre politique extérieure. C'est pourquoi nous ne pouvons envisager aucun rapprochement avec la Russie, qui est un corps slaves-tartare surmonté d'une tête juive. J'ai connu les slaves dans mon pays de naissance. A l'époque où sur ce corps slave régnait une tête germanique, l'entente était possible, Bismarck d'ailleurs esquissa ce rapprochement. Mais aujour'hui, ce serait un crime ».
Je rétorquais que la politique étrangère ne me paraissait pas pouvoir être dictée par semblables considérations. Il m'importe seulement de savoir si en matière de politique extérieure une population donnée sert l'Allemagne ou lui nuit. Dans le premier cas, je la tiens pour favorable, quand bien même j'aurais la plus vive antipathie pour ce peuple, dans le deuxième cas, je la tiens pour mauvaise, quelque soit ma sympathie personnelle pour le peuple en question. En la matière, je suis d'avis que le premier devoir de l'Allemagne au regard de l'étranger est l'abrogation du traité de Versailles. Si je passe en revue les puissances qui - pour des motifs purement égoïste, il s'entend - partagent cette même aspiration, je ne vois que l'Italie et la Russie. C'est pourquoi je suis favorable au rapprochement avec l'Italie, bien que les Italiens me soient antipathique, et, de même, une entente avec la Russie me paraît possible, au moins théoriquement. Le bolchévisme m'enthousiasme aussi peu que le fascisme, et la personnalité de Staline m'indiffère autant que celle de Mussolini, de Mac Donald ou de Poincaré. Je n'ai en vue que l'intérêt de l'Allemagne ».
Monsieur Hitler s'accorda avec moi sur la primauté de l'intérêt de l'Allemagne en matière de politique étrangère. A ses yeux, une entente avec l'Angleterre répond à cet impératif, le but est la domination nordique germanique sur l'Europe, et à travers l'Amérique nordique-germanique sur le monde.
Comme il se faisait tard - il était près de 4 heures -, je demandai de poursuivre notre conversation le lendemain, sur le terrai spécifique du socialisme. « Car, déclarai-je, la question de politique extérieure est pour l'heure purement théorique. Ni vous, ni moi, n'avons à prendre de décisions et je pourrais me satisfaire de cette formulation, que la politique étrangère n'obéit qu'à un objectif unique : le bien de l'Allemagne. La politique culturelle n'est pas très importante à mes yeux, elle me paraît en tous cas tout à fait secondaire au stade actuel. La question centrale et décisive à mes yeux est l'organisation économique et le socialisme, car c'est en cette matière que j'ai les plus grands doutes sur la politique du parti ».
Nous convînmes de reprendre notre conversation le lendemain matin, le jeudi 22 mai à 10h.
Nous soussignés déclarons que ce compte-rendu est fidèle au récit que Monsieur Le Dr Strasser nous a fait de son entretien pendant plusieurs heures, le soir du 21 mai.
Richard Shapke, Herbert Blank, Günther Kübler, Paul Brinkman.
Berlin, le 2 juin 1930
Le 22 mai.
Jeudi 22 mai, à 10h du matin, après un bref entretien avec mon frère Grégor, je me rendis à l'hôtel Sanssouci, ainsi que nous en avions convenu la veille avec Monsieur Hitler.
Comme nous avions esquissé la veille le plan de la conversation de ce jour, j'avais réfléchi à cinq points fondamentaux que j'avais transcrits, car je tenais à en faire le centre de notre entretien. Ces cinq points dont j'avais donné communication à mon frère au cours de notre brève rencontre étaient les suivants :
1. Nous voulons une révolution allemande qui aborde au fond tous les domaines et s'octroie tous les moyens.
2. Il découle de ce qui précède que nous nous opposons également au capitalisme bourgeois et au marxisme internationaliste.
3. A mes yeux, la propriété n'est pas inaliénable, nous voulons un socialisme allemand, et donc une participation de tous à la propriété, à la direction et aux gains de l'économie nationale.
4. Cette position révolutionnaire nous fait interdiction de participer à un gouvernement de coalition.
5. Cette attitude anticapitaliste et anti-impérialiste implique que nous n'envisagions pas de guerre d'intervention contre la Russie
Je rencontrai Monsieur Hitler au petit-déjeuner. A cette occasion, nous discutâmes seulement de questions générales, l'annonce de la dissolution du parlement saxon et les perspectives de l'élection prochaine. Après quoi nous nous rendîmes dans un salon de l'hôtel où je me trouvai en nombreuse compagnie. Monsieur Adolf Hitler, son secrétaire personnel, Monsieur Rudolf Hess, Monsieur Amann, directeur du Völkischer Beobachter, mon frère Grégor Strasser, Monsieur Hans Hinkel, associé de la Société d'Edition Combat et moi-même. Si je demandai à Monsieur Hitler que notre conversation se poursuive entre quatre yeux, c'est que je voulais connaître la véritable pensée d'Hitler, sans qu’il y ait d'autres personnes à prendre en considération. Proposition rejetée par Monsieur Hitler, pour qui les présents étaient directement intéressés au débat.
D'un autre côté, il ne m'était pas indifférent de débattre des questions fondamentales du socialisme devant un auditoire élargie, c'est pourquoi j'acceptai, tout en sachant que mes interlocuteurs étaient, de toute façon, acquis à Monsieur Hitler.
A la demande d'Hitler, je commençai à peu près en ces termes : « La discussion d'hier a montré que des points importants devaient être éclaircis. Il s'agit de savoir si comme moi vous êtes d'avis que la révolution à laquelle nous aspirons doit s'effectuer aux plan politique, économique et spirituel. Auquel cas elle implique que nous nous montrions inflexible et que nous combattions avec une ardeur égale la bourgeoisie capitaliste et le marxisme internationaliste, ce qui nous amène au point central de cet entretien. Notre propagande ne doit pas s'attacher à la seule lutte anti-marxiste, elle doit s'attaquer également au capitalisme et fonder un socialisme allemand.
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