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:::::::: textes idéologiques :: yockey ::
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Pensées 1950-1953
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24/08/04 |
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22.12 t.u. |
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Francis Parker Yockey |
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De même que l’homme avec un fort pôle féminin intérieur est plus masculin, la femme avec un fort pôle masculin intérieur est plus féminine. Le fait qu’aucun homme ne soit purement masculin, aucune femme purement féminine, est le principe de diffusion accompagnant le principe de polarité.
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On comprendra mieux tout cela si pendant un instant on garde à l’esprit que dans le monde physique il n’existe pas de « principe de polarité ». Cela est notre pensée, qui a deux pôles : la réceptivité passive, et l’imposition active de théories épanouies au monde physique (c’est-à-dire à notre image du monde physique). Dans le monde réel de la vie il n’y a jamais eu d’« évolution », mais dans l’esprit de tout vrai Anglais du XIXè siècle, il était évident que l’« évolution », graduelle, régulière, le développement parlementaire, gouvernait tout le monde de la vie.
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Quand la réceptivité passive domine notre pensée, nous parvenons à ce « respect mêlé de crainte » dont parlait Goethe. Quand la force gouverne notre pensée, nous développons un système, comme les philosophes, et les philosopheurs (Marx, Darwin, Freud & Co.). C’est grâce à la grande force de son pôle réceptif-passif que Goethe ne parvint jamais à aucun système. Au dernier moment dans chaque orgie de pensée, il réalisait soudain que c’était seulement son image qu’il était en train de former.
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La polarité est le seul principe qui décrit tout aussi bien – c’est-à-dire à notre satisfaction – le monde physique et le monde de la vie. Pourquoi cela ? Parce que le monde de la vie et le monde physique sont eux-mêmes polarisés. La vie égale l’esprit ; le monde physique égale la matière.
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Ceci est la dernière formule pour nous les derniers hommes, historiquement et sceptiquement orientés, concernant la relation entre l’esprit et la matière. Nous ne voyons plus un conflit comme le voyaient les siècles précédents. Nous voyons l’interaction de deux pôles, détruisant mutuellement, créant mutuellement. Cette remarque apparaît dans les pages des philosophes, comme la phrase de Spengler : « Celui qui sépare l’âme et le corps prouve qu’il n’a ni l’un ni l’autre ». A l’époque médiévale rien n’était plus évident que la disjonction absolue du corps et de l’âme, et la primauté absolue de l’âme. Pour nous, dans ma formule, l’âme et le corps sont identiques, l’âme est l’intérieur, le corps est l’extérieur. La vieillesse est le triomphe de l’extérieur sur l’intérieur, la victoire de la matière sur l’âme, cela étant un nouvel exemple de diffusion. La mort est la diffusion de la matière et de l’esprit, et si nous pouvons utiliser l’expression, la mort absolue serait l’extinction totale de la matière et de l’esprit.
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La vie (c’est-à-dire l’esprit) est une négation du monde – polarité – mais elle est en même temps liée au monde – tous les pôles sont liés à un autre. Le monde devient la vie et la vie devient lentement le monde – la vieillesse et la mort.
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La Vie et le Monde sont deux pôles, et ainsi tous deux servent une réalité plus large. Cette réalité inclusive est l’Etre. Ici nous ne pouvons rien obtenir de plus avec des mots, puisqu’à partir de maintenant toute la pensée est verbalement contradictoire, c’est-à-dire que si l’Etre est aussi polarisé son pôle opposé est le non-Etre, qui – la faiblesse des mots – doit donc exister. A partir de ce point, la pensée doit procéder sans mots, et nous ne sommes plus éloignés que d’une pensée ou deux de l’état de « respect mêlé de crainte ».
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La sortie hors de l’état de respect mêlé de crainte (maximum de réceptivité passive) produit immédiatement une activité pour soi-même – polarité encore.
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La matière et l’esprit surgissent ensemble (comme tous les pôles) et ils disparaîtront ensemble. La mythologie de toutes les cultures remplit son image de commencements et de fins (le mythe des origines le plus connu est la Genèse, le mythe de la fin le plus connu est le Götterdämmerung). Avant, et après, il n’y a rien. Avec l’idée du rien, la pensée arrive à une fin, puisqu’il n’y a rien avec quoi nous pourrions la polariser.
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Rappelons-nous toujours que ni la matière ni l’esprit n’existent, sauf en tant que concepts. Ce sont deux mots, deux idées, deux pensées – c’est-à-dire qu’ils sont deux émanations de l’esprit. Tout ce qui n’est pas esprit, est collectivement appelé « matière ». Des polarités possibles à l’intérieur du domaine de la « matière » n’existent pas pour nous (c’est-à-dire des polarités aussi fondamentales que celle de la matière-esprit).
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La culture en tant que jeu – cette pensée n’est pas précisément nouvelle, mais elle est immensément importante, et n’a pas été comprise dans sa signification fondamentale. Le « faisons comme si » de l’enfant est l’auto-affirmation du proto-humain ; de même avec les sauvages – eux aussi « font comme si » cette action était sacrée, amènera des conséquences favorables, alors qu’une autre action est mauvaise, amènera le désastre. Mais les enfants grandissant dans une atmosphère de culture sont déjà loin au-dessus des sauvages, car ils savent qu’ils jouent, alors que les sauvages – à l’exception des sorciers, des hommes-médecine, des proto-prêtres – croient vraiment en la collection de totems et de tabous qui constituent leur culture primitive.
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L’art dramatique est la simulation que les événements artificiellement arrangés sur la scène sont réels. Nous acceptons tous cette simulation, bien évidemment pendant la représentation, et même – la littérature et la conversation le montrent – dans une large mesure après celle-ci.
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La musique présuppose l’attitude : « Faisons comme si le monde des sons était ordonné, agréable et beau – comme ça ». Le monde intérieur des symboles est alors projeté dans les sons.
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La religion est la simulation : « Nous pouvons comprendre la totalité des choses si complètement que nous pouvons même placer avec une parfaite sécurité ce que nous ne pouvons pas comprendre dans un endroit ordonné, sous le nom de Mystère ». Toute religion peut faire en sorte que tout marche bien sans exception, parce la volonté-de-jouer (ici, la volonté-de-croire) est plus forte que toute simple arme intellectuelle – logique, contradiction, etc. – qui peut être utilisée contre elle. La philosophie est de la religion – sauf que le compartiment du « mystère » est plus petit, et progressivement moins respecté. La science est une simple organisation des faits jusqu’à ce que la volonté-de-jouer diminue jusqu’au point où elle devient une vision du monde, et alors elle est la simulation que la somme totale des choses n’est rien d’autre que les choses elle-mêmes.
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L’éthique est la simulation : « Nous pouvons être aussi parfaits que nos idées de perfection si nous observons simplement les règles appropriées ». Cela décrit les deux types d’éthique, celle visant à la bonté, et celle visant à la beauté.
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La peinture est l’expression du sentiment ludique : « Faisons comme si ces paysages, ces gens et ces choses ressemblaient vraiment à cela ».
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La mort de la culture est la mort de la volonté-de-jouer, et son atténuation dans des jeux toujours plus primitifs. La société du XVIIIè siècle se disait : faisons comme si nous étions des figures mécaniques, et créons nos codes, nos constructions, nos danses, nos vies intérieures en accord avec cela ». Le XXè siècle dit : « Faisons comme si nous étions des gangsters » – mais qu’est-ce que le gangster ? un individualiste brutal, un sauvage désocialisé, sans les tabous du sauvage. C’est-à-dire que pour l’homme ordinaire, jouer à être un sauvage n’est pas une simulation – le jeu est facile. Pratiquement le seul élément de jeu qui reste dans le code des gangsters est l’accent mis sur le courage chez le gangster idéal.
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