La mort de Françoise Giroud
 |
02/02/03 |
 |
14.28 t.u. |
 |
Roland Gaucher |
|
Lectures PI, non conformistes... Ah ! Quel déluge d’émotions ! Quelle avalanche d’éloges ! L’Express lui consacre une bonne trentaine de pages. Le Monde la qualifie de journaliste « absolue ». Dans le même quotidien, l’inénarrable Poirot-Delpech y va de sa larme. Serge July dans Libération lui dit merci. Etc., etc. Pas un mot de rappel sur une période dont on ne cesse de parler pour certains (type Brasillach) : l’occupation.
Un seul journaliste, à ma connaissance, a fait exception : il se nomme Jean Roberto, dans national Hebdo du 23 janvier. Il y rappelle un article du Crapouillot (1992) où il fut révélé, sans démenti ni poursuite judiciaire, que la chère Françoise, dans sa jeunesse, avait, sous l’occupation allemande, collaboré à une publication (Le Pont) consacrée aux travailleurs français en Allemagne. Il est vrai que, par la suite, elle fut internée à Fresnes, en mars 1944, mais qu’elle en sortit, avant la Libération.
Suite à quelles protections ? Allez savoir ! mais soyez certains que si cette aventure avait été vécue par Jean-Marie Le Pen, on n’arrêterait pas d’en parler.
Confrères et compères.
A ce propos, un livre vient de paraître, d’un journaliste, Daniel Carton : Bien entendu c’est off !, ce que les journalistes politiques ne racontent jamais (1). Off = confidentiel. Une de ces confidences a été faite par un homme politique dans un avion qui le ramenait de La réunion : un certain Jospin. Il y donnait son point de vue sans fard sur Chirac. Il est stupéfiant que le propos ait été rapporté en le citant. Ca ne se fait pas !
Dans l’ouvrage, l’auteur, qui a été journaliste à La Voix du Nord, à La Croix, puis au Monde, insiste sur la connivence entre deux milieux : celui des hommes politiques et des journalistes. Non seulement ils se rencontrent souvent, ce qui est naturel, mais ils se tutoient pour faire des révélations « off ». A la télévision, à la radio, le vouvoiement redevient de rigueur.
Le livre a naturellement été étouffé par la plupart des journaux de la grande presse, à commencer par Le Monde, comme le souligne Marianne (22 janvier).
Ceci dit, l’ouvrage, écrit d’une plume alerte, nous laisse assez largement sur notre faim.
Censeurs.
A l’aspect trop souvent flou du livre précédent, on pourra opposer l’ouvrage d’Emmanuel Duverger et Robert Ménard : La Censure des Bien-Pensants, Liberté d’expression, l’exception française (2). Il regorge de faits précis concernant principalement le fonctionnement de la Justice ou la censure de la presse concernant l’interdiction des propos racistes, antisémites ou négationnistes... « ils (les Bien-Pensants) ne tolèrent pas davantage que certaines informations soient dévoilées ».
Les auteurs - dont on pourra contester le jugement sur tels ou tels faits, ont en particulier , le courage de dénoncer le scandale de la loi Gayssot sur les recherches d’hommes comme Faurisson ou Plantin pour une exacte évaluation de la Shoah, ou concernant les menaces qui pèsent sur l’internet.
Soulignons-le, les auteurs n’appartiennent pas à l’abominable « extrême-droite ».
Robert Ménard, journaliste, est le fondateur de Reporters sans frontières.
Emmanuelle Duverger est juriste et responsable de la Justice internationale à la fédération internationale de la Ligue des droits de l’Homme.
Roland Gaucher
Notes : 1 - Albin Michel, 15 euros. 2 - Albin Michel, 15 euros.
|