Le Front après le premier tour
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24/03/04 |
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10.29 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Si l’on se réfère aux médias, le lendemain du premier tour, la Droite a pris une claque, la gauche progresse et le Front national se maintient, ou se consolide.
Se maintenir, ou se consolider, les deux mots peuvent être interprétés. Se maintenir peut être l’amorce d’un prochain recul, se consolider peut être le point de départ d’un nouveau bond en avant.
Il est difficile, pour l’instant, de se prononcer à ce sujet. L’absence de Le Pen lui-même dans la compétition étant de nature à modifier le jugement. On peut simplement noter que s’il avait été en mesure de conserver la tête de liste en PACA, il aurait franchi sans problème la barre des 25 % puisque son remplaçant, le très modeste Macary a obtenu, sans peine, 23 %.
Reste qu’après ce premier tour, on peut se poser des questions sur les personnalités qui montent à l’intérieur du FN.
Bruno Gollnisch, incontestablement, a obtenu un excellent résultat avec 19 %. Il n’en reste pas moins qu’il semble coupé de la classe ouvrière, dont le Front national rassemble à présent nombre d’électeurs, ce qui est particulièrement sensible dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie. Dans Le Figaro du 22 mars, Olivier Pognon note que « en Picardie, avec plus de 23 % des voix, la liste de Michel Guiniot dépasse de trois points le résultat de Jean-Marie Le Pen du 21 avril 2002, et de cinq points celui du FN aux régionales de 1998 ». Il souligne également le très bon score de Carl Lang dans le Nord-Pas-de-Calais.
Ce sont là des départements où le Front a réussi à rallier une large partie de la classe ouvrière, c’est-à-dire à en déposséder le Parti communiste.
On peut noter aussi un excellent résultat en Alsace, pour Patrick Binder, avec 18,5 % des voix, ceci bien que Spieler, dissident du Front, récolte de son côté 9,42 %.
Le résultat est, en revanche, un peu décevant pour Marine Le Pen, pourtant toujours excellente lors de ses passages à la TV. Elle n’obtient que 12 % des suffrages, beaucoup d’électeurs traditionnels du FN ayant semble-t-il voté pour Santini.
Les résultats du second tour ne devraient pas changer beaucoup de choses à ces rapports de force.
Ce qui est plus important, à mon sens, dans les années qui viennent, tourne autour de deux questions :
1 - Qui succédera à Le Pen ? Les dirigeants du FN assureront sans doute que la question ne se pose pas, mais en fait elle est déjà d’actualité. Pour ma part, je citerai trois noms : Marine, Bruno Gollnisch et Carl Lang.
2 - Il est d’autre part incontestable que des courants divers se manifestent à l’intérieur du FN : un courant uniquement lepeniste, autour de Marine ; un courant catho-tradi, autour de Bernard Antony, qui n’était pas candidat aux élections mais qui est toujours au Front ; un courant réactionnaire autour de Bruno Gollnisch, qui a d’ailleurs publié un livre sous ce titre éloquent et consternant : La Réaction, c’est la vie. Enfin, les échecs répétés de la dissidence mégretiste peuvent inciter ses membres à rejoindre les rangs du Front.
Toutes ces perpectives sont à suivre.
Roland Gaucher
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