Le Front après les régionales
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06/05/04 |
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8.40 t.u. |
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Roland Gaucher |
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Après les résultats controversés du Front national aux régionales, il me paraît indispensable de faire le point sur cette formation.
Examen tout à fait provisoire. Disons que le Front national marque le pas. Ce qui peut déboucher sur un recul. Mais tout aussi bien être une pause avant un nouvel essor. Il est beaucoup trop tôt pour en juger. Les Européennes sont trop proches pour nous fournir des éléments valables d’appréciation, d’autant que le mode de scrutin sera bien différent.
Une réponse valable ne nous sera donnée que pour les Présidentielles, c’est-à-dire en 2007. D’ici là, nombre d’événements peuvent intervenir, y compris des troubles profonds concernant la paix civile.
En tout cas, la situation du Front, même s’il ne progresse pas n’a rien de comparable à celle de la majorité UMP/UDF qui, après sa déroute aux Régionales, nous offre de façon presque quotidienne le spectacle hilarant d’un bordel gigantesque. Ni avec les ambitions ridicules des « souverainistes » qui, de Pasqua à de Villiers, se disputent un minable gâteau.
Reste qu’une analyse des forces et des faiblesses du Front me semble indispensable.
Faiblesse : l’échec de Marine Le Pen en Ile-de-France, alors que sa prestation médiatique avait été excellente.
La raison principale ; à mes yeux, est liée à une transformation de la population dans cette région. Nombre d’ouvriers et de chômeurs ont été contraints depuis quelques années d’évacuer la capitale et ses abords et de chercher ailleurs un toit ou un travail, voire les deux. Ils ont été remplacés par des étrangers ou des « bobos ». Le Front a perdu de la sorte sa principale force électorale : les suffrages populaires.
Il est vraisemblable aussi qu’un autre facteur a joué : le machisme. Il est assez répandu dans les milieux dit « d’extrême-droite », et certainement encouragé par nombre de cadres du Front, que ce soit ceux qui suivent Gollnisch ou les adeptes de Bernard Antony - ces derniers pour des motifs religieux.
Il faut rappeler ici que, lors du renouvellement du Comité central, Marine n’est arrivée qu’en 34° position, ce qui implique une forte mobilisation de certains cadres contre elles. Pour qu’elle entre au Bureau politique, il aura fallu l’intervention de papa.
J’en profite pour souligner ici que du temps où j’étais membre du Front, le Comité central ne servait qu’à trois choses :
1 - Savoir qui, au sein du Comité, y demeurerait et qui serait évincé ;
2 - Savoir qui, parmi les réélus, montait ou descendait ;
3 - Savoir quels étaient les nouveaux élus.
En dehors de quoi, le comité central ne servait pratiquement à rien. Sauf à permettre à certains de ses membres de bomber le torse dans leurs fédérations.
Je doute que les choses aient beaucoup changé.
Cela dit, d’excellents scores ont été enregistrés, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie, en Basse-Normandie, en Lorraine (grâce aux milieux populaires), en Alsace, en Franche-Comté ... En Rhône-Alpes, Bruno Gollnisch a obtenu 19 % au premier tour.
Un cas particulier : la PACA. La tête de liste qui remplaçait Le Pen était peu connue. Le score obtenu n’en a pas moins été de 23 %. On se dit qu’avec Jean-Marie Le Pen, la barre des 23 % aurait été largement franchie.
La droite gouvernementale immonde a profité d’une faille sur le plan fiscal pour empêcher le président du Front de maintenir sa candidature. Mais quand on a affaire à cette Droite, on se doit de n’offrir aucune brèche. Cette légèreté, pour un enjeu aussi important, est tout simplement consternante.
Roland Gaucher
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